En 2001, Silent Hill 2 avait marqué au fer rouge toute personne l’ayant arpenté. Avec le poids des années, de la nostalgie et de son indéniable statut de jeu culte, son remake était une entreprise risquée. Bloober Team relève ce défi titanesque de la meilleure des manières, et parvient même à apporter sa pierre à l’édifice. Cette nouvelle refonte d’un chef d’œuvre de son temps enfante d’un nouveau titre culte, qui fera lui aussi date pour la nouvelle génération de joueurs et joueuses. Incontournable pour tout amateur de récit fantastique, et ce dans tous les sens du terme. Test réalisé sur PS5 depuis une version fournie par l’éditeur.
Test Silent Hill 2 : “Je t’attends”
Quelle émotion que de retrouver l’un des plans les plus iconiques du JV.
Le prologue conserve sa puissance, avec ses plans iconiques, sa musique mélancolique et son point de départ aussi déstabilisant qu’instantanément accrocheur. Non, ce terme est trop faible. Nous, joueurs, tout comme James Sunderland, nous voilà également piégés dans Silent Hill.
James a tout du type ordinaire. Sauf que le voici dans des toilettes publiques immondes, à se passer de l’eau sur le visage comme pour se remettre les idées en place. Il en a besoin le pauvre : il a reçu une lettre de Mary, sa femme adorée, morte il y a trois ans. Celle-ci lui demande de la rejoindre à Silent Hill et de conclure sa lettre par un “je t’attends” irrésistible. Dès ces premières minutes, c’est fichu, nous voilà aspiré par ce drame qui va conditionner toute l’aventure, et Mary qui va occuper toutes les pensées de James. Et les nôtres, désormais.
Des reliquats non réutilisés de 2001 servent de clins d’œil, avec un sentiment de déjà-vu perturbant pour James
James est un type ordinaire, mais surtout brisé. Souvent à moitié voûté, n’élevant jamais la voix, lent… on le sent au bout du rouleau. Avec sa coiffure, on dirait une sorte de Leon Kennedy. À l’instar du boy scout de Resident Evil, James n’est ni rapide, ni un guerrier et cela se ressent (j’y reviendrai plus tard quand j’aborderai les combats).
Ce remake de Silent Hill 2 met un uppercut dès la sortie des toilettes. Contempler cette esplanade mythique remise au goût du jour provoque à la fois un premier décrochage de mâchoire ainsi qu’un doux sourire, remerciant secrètement Bloober Team. Et ce n’est pas terminé, loin de là.
Test Silent Hill 2 : un brouillard « omnipressant »
Le brume dans toute sa splendeur
La ville de Silent Hill, archétype de la bourgade américaine apparemment sans histoire, revêt toujours son intense et insondable brume iconique. En 2024, il n’est bien sûr plus question de limitations techniques pour cacher une distance d’affichage restreinte. Aujourd’hui, ce brouillard est un pur effet stylistique qui nimbe les lieux, et pas de manière romantique. On n’ y voit pas à cinq mètres devant soi. Résultat : l’exploration de la ville en devient inconfortable, l’ambiance malsaine à souhait et la tension, omniprésente.
Le brouillard cache bien des mystères et des créatures perturbantes
L’exploration est inconfortable, mais ce n’est pas un reproche. On est à Silent Hill, pas au Club Med. Si on veut être dans nos chaussons, ce n’est pas la bonne adresse. D’une manière générale, ce n’est pas avec ce jeu qu’on va se sentir bien, ce n’est pas un expérience “feel good”. Les thématiques abordées à travers les quelques personnages rencontrés sont extrêmement dures. Et terriblement actuelles encore en 2024. Preuve que la Silent Hill 2 de 2001 était très moderne et qu’il le reste encore aujourd’hui via cette nouvelle version.
Les intérieurs sont réussi… mais rendent pénibles les combats.
Car déambuler dans la ville n’a plus rien à voir avec l’original. Les lieux sont magnifiquement sales et surtout il y a bien plus à explorer. J’ai pris un malin plaisir à m’approprier les lieux et j’ai pourtant cette vilaine sensation d’en avoir raté un nombre invraisemblable. Vivement le prochain run !
Il arrive souvent de prendre quelques instants pour profiter de certains panoramas.
Attention, Silent Hill 2 n’est pas pour autant un survival horror en monde ouvert. De grandes zones sont à explorer mais impossible de retourner dans les premiers quartiers traversés. Pas grave, tant la générosité du contenu force le respect. La durée de vie s’en retrouve renforcée, j’ai mis 13 heures à boucler ma première escapade à Silent Hill. Avec ses huit fins possibles et le new game +, la rejouabilité est assurée !
Test Silent Hill 2 : pas vraiment un tête de porte bonheur
Pyramide Head est toujours là, toujours aussi impressionnant et intimidant.
L’exploration est ici gratifiante et agréable, et notamment rendue possible par la géniale utilisation de la carte qui se met à jour dès qu’une route ou une porte sont barrées. Mieux, James annote les informations cruciales dessus au fur et à mesure. Pas besoin d’aller dans un menu qui casse l’ambiance et le rythme pour savoir où on en est. Que c’est agréable ! Ici, tout se fait in-game, avec le risque de se faire attaquer par les créatures qui hantent les lieux. L’immersion à son paroxysme.
Avec Silent Hill, la terreur psychologique et les émotions ressenties prévalent et rendent unique cette licence. Cela concerne également les énigmes, nombreuses et assez ardues. Elles demandent logique et observation… dans un environnement hautement hostile et inhospitalier, hanté par des créatures cauchemardesques.
Les infirmières sont parmi les ennemis les plus réussis.
Avec leurs formes grotesques et leurs postures entre la danse et la désarticulation, les ennemis provoquent le malaise. Ils sont eux aussi iconiques, à défaut d’être variés. C’est un des rares points négatifs. On croise irrémédiablement les mêmes créatures du début à la fin. Il n’y a guère que les boss qui rompent la monotonie, dont le fameux pyramide Head (lui ça fait plaisir de le revoir en forme).
Test Silent Hill 2 : vol au dessus d’une harmonie de coucou
Le travail sur les lumières laisse bouche bée.
Pour combattre tout ce beau monde, James dispose d’armes au corps à corps et d’armes à feu. Pour ces dernières, la remise au goût du jour est parfaite. Rien à dire, cela fonctionne parfaitement. Par contre, avec son bâton, James est bien mollasson et peu inspiré. Il donne de grands coups, esquive et c’est bien tout. Pourquoi ne pas en profiter pour implémenter un système de parade ? Cela serait bien utile dans les couloirs ou tout autre tout petit espace dans lesquels les combats sont ainsi pénibles et hautement répétitifs.
Même le moindre des débarras prend des allures cauchemardesques à Silent Hill.
Niveau point négatif, on peut aussi souligner les tâches rouges apparaissant aux bords de l’écran en cas de blessures. Elles sont affreuses et plutôt dispensables. Le sang maculant la veste de James indique déjà bien assez son état de santé.
Retourner dans Silent Hill 2 plus de 20 après fait chavirer même le plus blasé des gamers…
Là où je n’ai rien à redire, c’est sur la partie sonore. La radio continue de crépiter pour signaler un ennemi, dans le silence sépulcral de la ville. Les dialogues en VOSTFR claquent et eux aussi ont conservé leur musicalité d’antan. Quant aux compositions de la bande originale, remaniées pour la plupart, elles instillent ce qu’il faut, toujours à point nommé pour piquer au vif et nous faire chavirer d’émotion.
Test Silent Hill 2 : conclusion
Ce remake de Silent Hill 2 fera date tout comme son aîné, tout en étant plus généreux en terme d’exploration, et en conservant sa puissance de terreur psychologique. Entre sa B.O. de légende et sa refonte technique saisissante, l’immersion est totale. Accompagner James Sunderland, dans son deuil impossible et indépassable à travers Silent Hill fait partie de ces épreuves, de ces expériences qui bouleversent les joueurs. Avec ses thématiques dures, son récit souvent terrible et parfois touchant, on passe par toutes les émotions. Pour pinailler, on pourrait arguer que les combats sont simplistes, que les bords rouges en cas de blessures sont pénibles et que le bestiaire est trop limité. Mais hormis cela, le titre a tout du chef d’oeuvre. Il y a un avant et un après Silent Hill 2.
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