Fin 2025, on a vu remonter des rumeurs qui ont le parfum des gros soirs à Hollywood : le rachat Warner se retrouve au centre d’une bataille de reprise, avec d’un côté un consortium mené par Paramount-Skydance (et Larry Ellison en soutien), et de l’autre Netflix qui aurait aussi lorgné sur l’ensemble. Et si vous êtes du genre à aimer posséder vos films plutôt que de prier pour qu’ils restent au catalogue, la vraie question n’est pas seulement qui met le plus gros chèque sur la table… mais qui respecte encore la salle et qui ne considère pas le disque comme un fossile.
Paramount-Skydance : le modèle studio, encore branché sur la salle et le disque
Ce qui frappe dans l’approche Paramount-Skydance, c’est cette volonté affichée de rester sur un modèle de studio classique, avec la salle comme vitrine et le support physique comme prolongation naturelle. Dans sa lettre d’intention, David Ellison (Skydance) aurait promis plus de 30 longs métrages par an au cinéma. C’est un chiffre qui a le mérite d’être clair : on parle d’un volume pensé pour alimenter des sorties en salle, pas juste pour remplir une page d’accueil.
Et derrière, il y a la question de la fenêtre d’exploitation. Là où Netflix pousserait une exclusivité en salle réduite à 17 jours, Ellison insiste sur des fenêtres plus longues, censées mieux respecter le public qui se déplace encore. Dit comme ça, on a presque l’impression d’entendre un joueur rétro défendre la cartouche contre le tout démat : ce n’est pas juste de la nostalgie, c’est une façon de préserver un rituel et une expérience.
Autre point qui pèse lourd pour les collectionneurs : des analyses soulignent que Paramount resterait attachée aux sorties physiques Blu-ray et UHD, et que ces ventes compteraient encore dans la valorisation du catalogue. On parle aussi d’un investissement continu dans la restauration et la préservation, avec des structures comme Paramount Home Entertainment et un partenariat de duplication via SDS. Bref, une stratégie plus hybride : streaming, salle, et disque, sans tout sacrifier au numérique, ce qui change sensiblement la lecture possible du rachat Warner.
Netflix : priorité au streaming, et le disque en accessoire très optionnel
Aux US, Netflix a autorisé la commercialisation de certaines séries au format 4K ou encore Blu Ray. C’est le cas pour (l’excellente série Castlevania).
En face, Netflix incarne l’autre philosophie : celle où le film existe surtout pour nourrir l’abonnement. Des critiques rappellent que la plateforme sort rarement ses productions en DVD ou Blu-ray, et qu’elle privilégie une exploitation centrée sur le streaming. Le réalisateur Mike Flanagan a même expliqué, en substance, que Netflix ne s’intéressait pas vraiment aux sorties physiques, sauf exception, puisque son modèle repose d’abord sur l’abonnement.
Et là, on touche un point sensible : si vous aimez les éditions solides, les boîtiers, les steelbooks, ou juste le fait de pouvoir relancer un film sans dépendre d’un menu qui change, cette logique est forcément moins rassurante. Des analyses vont plus loin en notant que Netflix n’aurait pas de programme équivalent de restauration et préservation des anciens films, et qu’en cas de rachat Warner, la tentation serait de privilégier une exploitation en streaming, potentiellement plus limitée dans le temps.
La revue Jacobin évoque même un risque très concret : la disparition d’éditions physiques de classiques et une menace sur l’activité liée à Studio Distribution Services (Warner–Universal), si les titres deviennent, dans la logique Netflix, des lignes de catalogue plutôt que des objets à éditer.
Quel avenir pour le format physique ? Une meilleure garantie ? Vraiment ?
Soyons lucides : le marché du disque décline depuis des années, et même le propriétaire le plus favorable ne va pas renverser la table à lui tout seul. Mais entre les deux scénarios, la différence est nette. Sur la base des déclarations rapportées et des analyses citées, un rachat Warner par Paramount-Skydance semble plus favorable au format physique qu’une acquisition par Netflix.
Dans l’option Paramount, on peut raisonnablement imaginer une continuité pour des labels et habitudes côté Warner, avec davantage de chances de voir survivre Warner Archive, les éditions collector, et des sorties restaurées en Blu-ray/UHD. Dans l’option Netflix, le risque serait plutôt une accélération de l’abandon, parce que le disque n’apporte pas la même valeur dans un modèle pensé autour du streaming.
Au final, si vous collectionnez, vous avez sûrement déjà vécu ce mini-drame moderne : un film dispo un jour, disparu le lendemain, et vous voilà à fouiller vos étagères comme on chercherait une vieille sauvegarde sur carte mémoire. Dans ce contexte, entre Paramount-Skydance et Netflix, le camp qui a l’air le moins pressé d’enterrer le support physique, c’est clairement Paramount. Et rien que pour ça, la perspective d’un rachat Warner a un goût un peu moins abstrait qu’un simple jeu d’actionnaires.



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