La première fois que j’ai lancé Shadow of Memories (aussi connu sous le nom Shadow of Destiny dans d’autres contrées), j’ai su que j’étais face à quelque chose de vraiment unique. Pas un jeu qui vous balance des combats toutes les deux secondes ou qui vous gave de loot aléatoire. Non. Un jeu qui ose poser une question simple, mais obsédante : et si vous pouviez empêcher votre propre mort ? Oui, oui, rien que ça. Bienvenue dans un ovni vidéoludique de Konami sorti sur PS2 en 2001, où vous mourrez dans les cinq premières minutes… pour mieux commencer votre aventure.
Un concept (trop ?) en avance sur son temps
À l’époque, je ne connaissais aucun autre jeu qui proposait ce type de boucle temporelle. Shadow of Memories, c’est l’histoire d’Eike Kusch, un homme ordinaire assassiné dans une ruelle sombre, ramené à la vie par un être mystérieux (le Homunculus) qui lui offre une chance de modifier le passé à l’aide d’un appareil de voyage temporel. Le but ? Empêcher sa propre mort. Mais évidemment, comme dans tout bon récit temporel, chaque action a des répercussions. Et les paradoxes temporels vous explosent à la figure comme un piège dans Dark Souls.
Le gameplay repose intégralement sur la narration et l’exploration. Pas de baston, pas de sort de feu ou de double saut ici. On passe d’une époque à l’autre (de l’époque médiévale à la période moderne) pour tenter de comprendre les causes de sa mort… et les empêcher. Le tout avec une structure non linéaire à fins multiples, qui demande de vraiment réfléchir. Autant dire que si vous aimez les histoires alambiquées et les choix qui comptent, vous êtes servis.
Une ambiance à nulle autre pareille
Ce qui rend Shadow of Memories si marquant, c’est aussi son atmosphère étrange et mélancolique. L’ambiance sonore est discrète, presque fantomatique, renforçant l’impression d’être en sursis à chaque instant. Les décors, bien que techniquement modestes pour l’époque, dégagent une vraie identité, avec ce petit air européen désuet qui donne à la ville de Lebensbaum des allures de carte postale figée dans le temps.
Mention spéciale au Homunculus, doublé dans la version anglaise par une voix aussi inquiétante qu’envoûtante. Un personnage à la fois guide et manipulateur, qui aurait tout à fait sa place dans une production Silent Hill. On sent d’ailleurs que le jeu est le fruit de cette époque bénie où Konami osait l’originalité : souvenez-vous, c’est aussi eux qui ont pondu Suikoden, Silent Hill et Zone of the Enders. Une époque révolue.
Un remake ? Mais mille fois oui !
Pourquoi mérite-t-il un remake ? Déjà parce que le concept est toujours aussi fort, voire plus pertinent aujourd’hui. Entre Life is Strange, Twelve Minutes ou encore Outer Wilds, les mécaniques temporelles ont le vent en poupe. Mais Shadow of Memories le faisait il y a plus de 20 ans, avec une élégance et une sobriété qu’on ne retrouve plus guère aujourd’hui.
Ensuite, parce que techniquement, le jeu accuse sérieusement son âge (il était déjà descendu sur ce point à l’époque). Un remake permettrait de moderniser les déplacements (aaah ces rotations dignes d’un tank dans Resident Evil 1…), d’affiner la mise en scène et de retravailler certaines expressions faciales à la limite du malaise. Mais surtout, de rendre justice à cette histoire incroyable en la rendant accessible à une nouvelle génération de joueurs.
Un remake pourrait même aller plus loin en ajoutant de nouvelles fins, ou des ramifications inédites à certains choix clés. Avec la bonne équipe aux commandes (coucou Bluepoint ou ceux derrière Silent Hill 2 Remake), on pourrait avoir une vraie relecture moderne, sans trahir l’esprit de l’œuvre originale.
En attendant, Shadow of Memories reste ce genre de jeu dont on se souvient longtemps après y avoir joué. Comme un rêve étrange dont vous ne parvenez pas à vous défaire. Et qui vous pousse, une fois encore, à tenter de changer le cours du destin.



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