Éditions Collector trop cher : nostalgie premium ou business malin ?

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Il y a encore dix ans, sortir le portefeuille pour une édition collector, c’était comme tomber par hasard sur un exemplaire physique de Bloodborne en version GOTY à prix raisonnable : un petit plaisir, un moment spécial, pas forcément ruineux mais tellement gratifiant. Pour une centaine d’euros, vous repartiez avec un jeu en boîte, un petit artbook, une OST à glisser dans la bagnole, et parfois même une figurine que vous exposiez fièrement à côté de vos souvenirs d’enfance de l’ère SNES / Megadrive. Mais aujourd’hui, les éditions collector trop cher flirtent joyeusement avec la barre des 250 voire 400 €, à l’image de ce Dragon Quest VII Reimagined Collector’s Edition annoncé à 259,99 €. Alors forcément, la question est posée : que s’est-il passé ?

 

Éditions Collector trop cher : c’est un objet de luxe

dragon quest reimagined collector sans jeu slider

 

Premier choc frontal avec la réalité : l’époque du collector sympa qu’on trouvait à la Fnac ou chez Micromania est morte et enterrée. Aujourd’hui, l’édition collector est devenue un produit de prestige. Et qui dit prestige dit stratégie marketing de l’exclusivité. Fini les grandes distributions, maintenant on passe directement par le Square Enix Store, le Bandai Namco Store, et autres joyeusetés aux frais de port pas toujours amicaux. En dehors de quelques exceptions, les plus beaux collectors sont donc désormais des propriétés « privées » des éditeurs via leur services respectifs.

Mais ce n’est pas tout. Le collector n’est plus un gentil bonus pour fêter la sortie d’un jeu. C’est désormais une pièce de collection en édition limitée (bien souvent, on parle ici de vraies éditions collectors), destinée à un public ultra ciblé : les fans hardcore, les amoureux transis d’une licence, ceux qui ont grandi avec Street Fighter Turbo, Aladdin, Earthworm Jim et j’en passe, et qui sont prêts à aligner les billets pour une réplique du slime de Dragon Quest ou une lame miniature façon Monster Hunter.

 

Des coûts de production en mode +500 % IRL

SLIDER final fantasy 7 rebirth ps5 standard deluxe collector v2

 

Deuxième claque : la logistique et la production, c’est devenu un cauchemar. On n’est plus dans les années 2000 les amis, maintenant c’est +2 en galère pour chaque item du coffret. Les matériaux pour fabriquer une figurine ? Plus chers. La résine, le plastique, le tissu ? Tout a explosé. Même les cartons d’emballage ont pris la confiance. Ajoutez à ça les coûts logistiques (transport, stockage, douanes) qui se sont emballés comme le boss final dans Elden Ring Shadow of The Erdtree, et vous comprenez pourquoi l’édition collector à 99 € ou 120 € maximum n’existe plus que dans vos souvenirs.

Et le pire dans tout ça ? Ces collectors sont produits en petite quantité. Ce qui signifie que le coût unitaire grimpe en flèche. Un artbook fabriqué pour 100 000 exemplaires coûte évidemment moins cher que le même produit imprimé à seulement 10 000. Résultat : chaque pièce devient une denrée rare, et donc… plus chère.

Seulement, parfois, les éditeurs calculent mal leur coût avec des éditions « ambitieuses » comme celle d’Elden Ring NightReign toujours trouvable après plusieurs mois et même passée en promotion. On voit donc que la stratégie est loin d’être parfaite et qu’en ciblant les produits avec les alertes  (Android / iPhone), il demeure possible d’obtenir certains collectors à des prix raisonnables par la suite.

 

L’effet génération Megadrive / SNES : vous êtes devenus riches (ou presque)

SLIDER elden ring shadow of the erdtree collector PS5

 

Autre facteur non négligeable : les fans ont vieilli. Fini le temps où vous posiez des « RTT d’école » pour jouer à Sonic 2 ou Zelda A Link to the Past. Vous êtes grands maintenant, vous avez un salaire, des responsabilités, un chat, peut-être même une étagère dédiée aux jeux From Software 👀. Bref, vous avez du pouvoir d’achat.

Et les éditeurs l’ont bien compris. Ils ne s’adressent plus à des ados en quête de frissons, mais à des adultes nostalgiques, attachés émotionnellement à des licences cultes. Vous pensez vraiment qu’ils ignorent que vous avez passé 150 heures à errer dans Bloodborne ou que vous avez souffert de joie sur Elden Ring à l’ère de la récolte massive de data ? Bien sûr que non. Ils savent que vous êtes prêts à claquer 300 € pour une édition collector qui évoque ces souvenirs manette en main.

C’est exactement pour ça que ces objets ne sont plus juste des coffrets, mais des symboles. Des trophées émotionnels. Des reliques à exposer dans votre gaming room à côté de votre peluche Metroid ou de votre manette Saturn. Et ça, ça n’a pas de prix. Enfin si. Environ 300 balles en moyenne désormais.

 

Un phénomène durable : préparez vos portefeuilles pour le NG+

SLIDER 007 First Light Collector PC

 

La vraie question, c’est : est-ce que ça va redescendre ? Spoiler alert : non. Les chiffres de vente des collectors ont l’air de bien se porter, en tout cas à de ce que nous pouvons constater à notre petit niveau et sur le nombre de références en rupture vs celles toujours en stock. . Et à chaque nouvelle annonce. Les éditeurs ont trouvé une formule gagnante, et ils ne vont pas la lâcher de sitôt semble-t-il. Ce qui est regrettable mais qui confirme bien un changement de position à ce niveau.

Ce repositionnement fait même partie d’une stratégie globale : la diversification des revenus. À côté des jeux vendus 80 €, des DLC à 20 € et des microtransactions à la pelle, les collectors apportent une marge colossale. Peu d’exemplaires, beaucoup de profits. Et tant que les fans suivront, il n’y aura aucune raison pour que cela s’arrête.

Produire plus pourrait permettre d’engranger plus de profits mais il faut que le côté collector demeure afin que la formule « marche ». Une approche souvent critiquée (à juste titre) mais sur laquelle les éditeurs ont encore du mal à « évaluer » la portée.

Oui, les éditions collector trop cher sont implémentées dans le paysage vidéoludique. Elles ne sont plus là pour faire plaisir à tout le monde. À la fois produits de luxe, objets de culte et souvenirs d’enfance magnifiés, elles incarnent cette étrange époque où le jeu vidéo s’est mué en art de vivre… à condition d’avoir un portefeuille bien accroché.

 

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