Dans la lignée du premier opus, tout en se délestant de l’omniprésence des puzzles, Hellblade 2 propose une aventure tragique, splendide et unique. La puissance de son récit, de ses personnages, sa mise en scène et sa réalisation en font un titre incontournable sur Xbox Series. Une aventure à dévorer comme un film durant 15 heures (en prenant tout son temps) émouvantes, éprouvantes et sanglantes. Définitivement destiné à un public averti, le jeu ne laisse pas indifférent. Dans le genre « aventure solo narrative », difficile de lui reprocher quoique ce soit. Pour tout le reste, on pointera du doigt l’absence de version boîte à ce jour. Un manque de reconnaissance évident pour tous les amoureux du jeu vidéo depuis des années, et qui voudraient bien ajouter à leur collection « réelle » une telle œuvre. Incompréhensible. Test Hellblade 2 réalisé à partir d’une version éditeur.
Test Hellblade 2 : une expérience cinématographique
Les plans d’anthologie se succèdent pour une mise en scène d’enfer ! Du In-game.
Senua est folle. Folle de rage. Mais pas seulement. Après un premier épisode sous le signe du deuil et de l’acceptation, Senua a néanmoins conservé ses voix avec qui elle a appris à “cohabiter”. Mais l’heure n’est plus au sacrifice (sous-titre de l’opus de 2017), le temps est venu, si ce n’est de la vengeance, de libérer son peuple des esclavagistes venus les enlever.
Les premiers instants en Islande donnent le ton
Son plan est également insensé : se laisser capturer et emmener en Islande, où se trouve la colonie des pillards. Hélas, une tempête fait sombrer le navire et Senua manque de se noyer. Sur le rivage, point de princesse Zelda pour la recueillir, seulement ses voix qui commencent leur travail de harcèlement.
L’immersion est telle qu’on peut presque sentir la pluie battre sur soi
Ce départ fracassant fait écho, sous forme de négatif, à l’arrivée paisible sur une eau lisse comme un miroir lors de la première aventure de Senua. Cette dernière arrivait alors en Enfer dans un calme inquiétant… Dans Hellblade 2, elle rejoint l’Islande, un autre enfer, de manière fracassante et estomaquante.
La mort est omniprésente… le doute également
Pour les nouveaux venus dans cet univers, une vidéo récapitulative très bien faite des événements de Hellblade: Senua’s Sacrifice sert de prologue. Ensuite, l’aventure se présente sous forme de film/jeu vidéo se déroulant sur six chapitres. En mode normal, j’ai terminé l’épopée islandaise de Senua en 15 heures. Cela peut paraître court, mais manette en main, cela reste parfaitement équilibré. J’y reviendrai plus loin.
La mise en scène en plan séquence est renversante
Je rebondis tout d’abord sur l’aspect cinématographique de Hellblade 2, qui confère un cachet et une patine uniques en leur genre. L’absence totale d’ATH, les bandes noires, le jeu sous forme de plan-séquence, la photographie d’exception, tout participe à créer une ambiance de “film”. Et que dire de l’aspect graphique ? Une nouvelle référence tant l’excellence du titre en met plein la vue du début à la fin.
Test Hellblade 2 : Un film ? Un jeu ? Les deux ?
Les paysages paisibles sont rares, autant en profiter quelques instants
L’Islande où Senua se bat fait figure de nouvel enfer, beau à se damner. Les paysages défilent et les captures d’écran s’empilent. Le mode photo est d’ailleurs un modèle du genre. Il est facile à utiliser et accessible dès la pression de la flèche haute du BMD. Adieu les secondes affreuses et rédhibitoires de Forza Motorsport. Évidemment, c’est un tout autre jeu, mais l’instantanéité fait qu’on s’adonne passionnément à prendre les meilleurs clichés possibles…
L’aventure mise tout sur son récit, background et émotions… et s’avère très linéaire
Techniquement ébouriffant, d’accord, mais surtout Hellblade 2 délivre une expérience solo narrative très éprouvante et sanglante. Les scènes gores, les exécutions lors des combats, les décors jonchés de cadavres : la mention 18+ n’est pas usurpée. Nous avons fait le choix de ne pas diffuser ces passages dans les captures d’écran associées à ce test. On va éviter que des enfants tombent sur ce genre d’images. Hellblade 2 est destiné à un public adulte et averti.
Les esclavagistes ne sont pas le seul péril…En lieu et place des atrocités, voici un autre paysage calme à admirer.
De leur côté, les interventions incessantes, les moqueries et les encouragements des Furies, ces voix dans la tête de Senua, peuvent être éprouvants, voire fatigants. Bien sûr, elles éclairent le scénario et occupent les moments tant calmes que nerveux, en apportant un éclairage sur la situation. Omniprésentes, elles accompagnent Senua à tout instant. Soyez prêts à les supporter, à défaut de pouvoir les ignorer. D’ailleurs, elles justifient à elles seules les bandes noires « 16/9ème ». Ces dernières, en plus de créer un effet “cinéma”, sont le réceptacle des sous-titres des innombrables voix s’invitant dans l’esprit de Senua.
Senua n’aura pas 300 000 symboles à aligner. Soulagement.
Le premier Hellblade proposait jusqu’à la nausée des puzzles environnementaux. C’est d’ailleurs ce qui m’a dissuadé de le refaire avant de me plonger dans cette suite. J’appréhendais ces petites énigmes lassantes où il fallait trouver et aligner les symboles. Dans Hellblade 2, les casse-têtes sont très peu nombreux et s’avèrent très faciles. Il en va de même pour les combats, abondants cette fois, très chorégraphiés, visuellement aboutis et spectaculaires… mais également très faciles. Toute la panoplie de coups et de parades/esquives est là pour assurer la qualité correcte des combats. Les reflets des armes adverses renseignent sur l’intensité du coup à venir et le timing à adopter. Ainsi, en mode normal, je ne suis jamais mort. Absolument aucun challenge. Mais au moins, les rares puzzles n’entravent pas le rythme de la saga de Senua.
Test Hellblade 2 : Un jeu impossible à noter ?
La modélisation ultraréaliste renforce le coté cinématographique
Alors pourquoi une note aussi haute et tant d’éloges ? Premièrement, ce n’est que mon avis de joueur ayant plus de 30 ans de jeu vidéo derrière moi. J’en ai vu des jeux. J’en ai testé aussi. Plus de 300. Je ne prétends pas avoir une connaissance encyclopédique ni détenir la vérité. Jamais. Par contre, je dis simplement que le niveau technique atteint par Hellblade 2, même en 30 fps, le niveau d’écriture et les émotions véhiculées pendant tout le périple de Senua le rendent unique et marquant. J’ai chaviré pour ce récit brutal et sanglant, sans pathos pour la psychose de Senua, ni complaisance. Je précise qu’un documentaire de 20 minutes très éclairant sur ce dont souffre l’héroïne est disponible après la fin du jeu.
Les ennemis sont bien plus variés que dans le premier opus.
Je me rappelle également d’un combat contre un boss : une musique lancinante, des cris déchirants de la créature, l’urgence de la situation, une montée en puissance avant l’affrontement avec des découvertes sidérantes… Tout contribuait à créer CE moment dont je me souviendrai longtemps. Une séquence intense et très émouvante. C’est un bon résumé de ce que peut proposer Hellblade 2 par moments.
Et dire que les captures ne rendent pas forcèment bien…
En effet, la plupart du temps, on se “balade”. Les plus blasés ou lucides parleront sans doute d’un magnifique walking simulator linéaire, avec quelques énigmes et des combats à foison. On peut voir Hellblade 2 ainsi, sans problème, et opter pour un 15/20, ou autre. Au final, la note importe peu. Moi, j’ai chaviré pour cette odyssée islandaise, suivant avec passion ce périple qui ne révolutionne certes absolument rien sur le plan vidéoludique. Par contre, cette œuvre ne met pas simplement une claque, mais un uppercut par sa réalisation, sa direction artistique, son ambiance sonore, les émotions procurées, les questions soulevées, les thèmes abordés… Pour moi, un nouveau mythe est né en 2017 avec Senua’s Sacrifice. Ce deuxième opus fait figure de montée en puissance de la licence pour un résultat qui fera date.
Tout, ou rien
Senua, plus déterminée que jamais
Conclusion de ce test Hellblade 2. Surpassant le premier opus en tout point, Senua’s Saga Hellblade 2 parvient à proposer pendant 15 heures une aventure marquante et mature. Sur le plan technique et artistique, cette œuvre force le respect et en met plein la vue, sans jamais défaillir. Pas de crash, pas de baisse de framerate, la sensation de vivre un film est ébouriffante.
Alors oui, cette balade islandaise, linéaire et sans trop de challenge peut sembler un peu courte et bavarde, mais en misant sur son récit, son personnage principal magistralement interprété et sur les émotions, Hellblade 2 laisse sans voix. Déjà un classique qui aurait mérité toute fois bien mieux sur son traitement commercial et médiatique : une console Xbox Series X Collector Hellblade 2, une édition collector, une édition steelbook et bien entendu une édition standard physique. Autant de beaux cadeaux de noël à offrir pour les amateurs du genre…
Si jamais Microsoft nous entend : la demande est bien là et elle est forte.
Le jeu est vraiment excellent. Il gomme les défauts du premier, est plus viscéral et la mise en scène est impressionnante. Par contre 15 heures de durée de jeu, c’est n’importe quoi. Meme en galérant sur les énigmes, c’est maximum 9 heures de jeu. Et c’est vraiment pas grave, car la durée est la bonne pour le propos du jeu. L’expérience est intense, plus long, ça aurait été répétitif.
pas de version physique… boycotte pour moi
Vivement que je le lance ce soir sur le Gamepass vu les screenshots que tu nous as partagé, j’imagine même pas le rendu sur un écran OLED.
Et on va continuer à essayer de faire le max de remontées pour une version physique. Quand même pas croyable de ne rien avoir à ce niveau pour un tel jeu.