Malgré une formule désuète, Starfield reste un RPG de très belle facture. C’est déjà une aubaine en 2023. Le contenu gigantesque garantit des centaines d’heures de jeu sans qu’on voie le temps passer. Le soin apporté à l’écriture des quêtes, à la cohérence du lore forcent le respect. Tout comme la majesté des musiques qui accompagnent délicieusement notre périple. On peut regretter que le plaisir soit entaché par des mécaniques d’un autre temps ou bancales, comme l’exploration boiteuse des planètes non habitées. Le tour de force du dernier né de Bethesda est de parvenir à nous faire passer outre ce passéisme. En effet, la puissance évocatrice des environnements, des villes, des récits glanés ici ou là nous happe du début à la fin. Sans parler du scénario principal qui tient ses promesses et finit en apothéose avec de belles révélations cassant la tête. Bethesda parvient à imposer ainsi une nouvelle et puissante mythologie. S’il n’est ni l’alpha ni l’oméga du JV, Starfield sonne comme un passionnant chant du cygne d’une formule de RPG qui doit se réinventer si elle ne veut pas finir dans un trou noir. Test Starfield Xbox Series réalisé à partir d’une version éditeur.
Test Xbox Series Starfield : du pur Bethesda…
Pillage en vue ?
Contrairement à ce que son habillage futuriste et hard science pourraient suggérer, Starfield ne fait pas entrer le RPG version Bethesda dans la modernité. Pas du tout même. Le prologue est dans la veine des Oblivion et autre Skyrim. Nous sommes un prolétaire lambda, dont le destin va basculer dès les premiers instants de l’aventure, ici en touchant un artefact. Par contre, ce que j’ai grandement apprécié, c’est le sous texte de cette introduction. En effet, nous entamons l’aventure dans une grotte d’excavation de minerai pour le conclure à l’air libre, contemplant le ciel, comme pour mimer l’aube de l’humanité. Car comment ne pas songer alors aux premiers êtres humains, osant enfin s’aventurer hors de leur caverne, levant enfin la tête, admirant enfin la voûte céleste, se mettant enfin à rêver du possible et surtout de l’impossible. Et nous de même à l’issue de l’introduction qui fait marcher instantanément la machine à rêves.
Et ce n’est que le commencement. De mémoire, j’ai rarement connu un background à ce point cohérent, dense, vaste et ouvrant une infinité de récits possibles. La notion d’univers étendu n’a jamais aussi bien porté ce nom. Ainsi, l’Humanité a domestiqué les étoiles et planètes au-delà du système solaire. Starfield nous en livre une version peu reluisante, voire même sombre de notre futur. Les écosystèmes sont déjà mis au pas là où des mégalopoles ont été édifiées quand ce n’est pas la loi du plus fort qui s’applique dans des zones moins “civilisées”. Une vision peu glamour donc, où l’Humain a fait tout ce qu’il fallait pour massacrer de la Terre rendue inhospitalière… S’y rendre est d’ailleurs un choc, tout comme la révélation vers la fin du jeu…
Adieu originalité ?
Du cyberpunk du plus bel effet
Starfield est un condensé de tout le savoir-faire de Bethesda depuis des décennies. Pour le meilleur et pour le pire. J’exagère sans doute en employant le mot “pire”. Mais tout de même, Bethesda a été ici au bout du bout de la bordure extérieure de leur formule éprouvée de RPG. Cela finit même parfois en caricature. Je vais citer les exemples des petits temps de chargements incessants, l’exploration laborieuse ou encore la raideur parfois ridicules des PNJ lors des dialogues. Plus grave, comme tout est vécu depuis le regard de notre avatar, il n’y a quasiment pas de mise en scène cinématographique, pourtant, s’il y a bien un genre qui se prête à cela, c’est bien le space opera.
Les PNJ sont d’une rigidité, on a mal pour eux
Bon, ça c’était pour le pire. Car pour peu que l’on adhère à la formule éculée du RPG version Bethesda, Starfield s’avère être un bijou vidéo ludique pour lequel les heures s’enchaînent sans s’en apercevoir. Ne serait-ce que la création de son personnage au début peut facilement prendre une heure, entre la personnalisation du physique, les origines sociales, les atouts… C’est déjà un gouffre chronophage. Rien que cette phase nous indique qu’il va falloir être patient et prendre son temps, et surtout en avoir avant de commencer une session. Le rythme est lent, les dialogues très nombreux tout comme les occasions de lire des documents.
Un univers fascinant
La beauté minérale de certaines planètes invite souvent à la contemplation.
Si je me suis moqué du manque de grandiloquence ou de panache de la mise en scène, je ne peux que m’incliner devant le travail de titan fourni pour rendre cet univers vivant et cohérent. C’est ébouriffant. Chaque lieu raconte une histoire ou une tragédie. Au hasard de l’exploration ou au détour d’une mission, on se voit plonger dans des expériences qui vont rappeler ici The Thing, là Starship Trooper, ou encore Mass Effect, excusez du peu. Mais tout en restant au diapason avec le background déployé par les concepteurs. Un tour de force.
Je faisais mention des missions plus haut : il est difficile de faire la différence entre les principales et les secondaires. La qualité des quêtes est de premier ordre. Tout comme les arbres de talents très fournis d’ailleurs, où pour améliorer un palier d’une compétence, il faudra compléter un défi. Entre les quêtes des factions coloniales, des rangers de l’espace, des pirates, des organisations criminelles ou même d’un culte à l’histoire complexe, il y a tellement à faire que cela donne le tournis. Dans les premières heures, cela fait même un peu peur, avec cette sensation d’être perdu et largement dépassé par l’ampleur de la tache. Impression accrue par l’absence de map dans les villes par exemple. Personnellement, j’adore me perdre dans un jeu de rôle, me faire à force de déambulations ma propre carte mentale des lieux et me les approprier. Sauf que là, on parle de centaines de systèmes planétaires ! Vertigineux.
Pour mon premier run, j’ai fait une vaurien de l’espace. Evidemment
Une immersion totale et jouissive
On peut entendre le vrombissement des moteurs sur cette photo
Les combats tiennent tout à fait la route. En première personne du moins. A la troisième, la rigidité du personnage me fait tiquer et me sort totalement du jeu. Mais les affrontements ne sont pas toujours la manière la plus pertinente de gérer une situation de crise et là Starfield renoue avec un des aspects les plus gratifiants qui soit : l’éloquence. Ou l’art de se sortir pacifiquement de situations délicates. Et le titre va même plus loin. Il ne suffit plus de sortir une phrase pour convaincre mais tout un argumentaire ! Je dis ça mais parfois, une phrase bien sentie va tout débloquer. Jouissif.
Par contre, l’exploration sur les planètes non habitées est vite pénible. Contrairement à Mass Effect par exemple, il n’y a pas ici de véhicules terrestres pour parcourir les centaines de mètres entre chaque point d’intérêt. Nous voilà alors à crapahuter pour pas grand chose parfois. Ah c’est sûr, on a le temps d’apprécier la belle désolation minérale ou la luxuriance des lieux. C’est vrai que les panoramas sont à couper le souffle. D’ailleurs, point positif, je n’ai pas rencontré de biomes à la No Man Sky. Pas de couleur flashy, comme du violet avec du vert fluo sur la même planète. Les environnements restent crédibles et l’immersion, totale. Un régal. Tout comme la bande son, pleine de majesté. Du miel intergalactique.
Pour finir, un point sur les phases en vaisseau, qui restent assez rares au final et anecdotiques, surtout. L’espace fait surtout office de zone tampon entre deux étapes de mission ou d’explorations. Et comme les déplacements se font surtout par sauts de système en système, il n’y a guère le loisir de s’appesantir. Tant mieux d’ailleurs déjà que le rythme n’est pas élevé alors si en plus il fallait se taper des heures et des heures de navigation inutile. Le choix du divertissement en somme. Pour le meilleur.
Les phases de vaisseau priment surtout pour la beauté des astres
Conclusion Test Starfield Xbox Series
Pour conclure ce test Starfield Xbox Series, je dirais qu’il souffle le très chaud mais aussi le froid. Reste qu’il m’a été difficile de le lâcher pendant les 50 heures auxquelles j’ai pris un plaisir immense à parcourir l’univers et à m’émerveiller. C’est plutôt bon signe, non ? Surtout que j’ai l’impression de n’avoir fait qu’effleurer ce RPG solide et passionnant. Il est donc temps pour moi reprendre place dans mon vaisseau, les yeux grand ouverts à admirer les étoiles et à y vivre des aventures sans nulles autres pareilles. Bon sang, un temps de chargement…
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