Après un quatrième épisode ayant pris la première place des jeux de combat – notamment sur la scène E-Sport-, Capcom avait la lourde tâche de faire de ce Street Fichter 5 sa suite logique en contentant les pro, les fans et les nouveaux venus. Malheureusement, il en a perdu deux au passage. Ready ? Fight !
Madeleine de Proust
Street Fighter est une licence chère à mon cœur de passionné. Elle résonne comme un des premiers jeux de combat auquel j’ai joué, en solo et avec des amis. Des personnages gravés dans ma mémoire, un gameplay accessible et profond, ponctué de retournements de situations grâce à la méthode « j’y connais rien, je bourrine le pad et j’attends que ça passe » chère à mon petit frère. Premier épisode anecdotique, deuxième épisode légendaire, troisième épisode plutôt clivant et un quatrième qui a redonné un second souffle au jeu de baston 2D. Cette nouvelle itération avait donc la lourde tâche de conserver les bases tout en apportant des éléments nouveaux.
Ce que l’on voit en premier, ce sont les graphismes, up to date. On passe un gap en termes de textures malgré quelques ralentissements intempestifs. Le character design est toujours le même, reprenant ses persos gonflés aux hormones avec des hommes ultras musclés et des femmes dont les formes sont de plus en plus généreuses (Laura et R. Mika en tête). Les stages sont diversifiés mais pèchent par un rendu bâclé par rapport aux combattants. C’est simple, on dirait que les décors affichent une résolution inférieure.
Mais parlons plutôt du nombre de combattant, 18 à l’heure actuelle, comptant de nouveaux pugilistes et des anciens manquant à l’appel. Les plus connus sont là avec un nouveau design pour certains –spéciale dédicace à Ken version Claude Francois– mais la fibre nostalgique n’est pas totalement comblée. Pas de Sagat, de Blanka, de Honda … Les nouveaux arrivants répondent cependant parfaitement au cahier des charges « Street Fighter » comme par exemple R. Mika qui pratique le catch, Laura qui utilise des attaques électriques ou encore Rashid et son style aérien. Au final le casting de Street Fighter 5 est cohérent en attendant les futures mises à jour. Ah, ces fameuses updates, vous le sentez venir ?
La Rue de la Honte
Et bien oui, pour ne rien vous cacher, le jeu est en version Beta mais vendu comme un jeu complet. Street Fighter 5 est sorti bien précipitamment pour pouvoir coller au début du Capcom Pro tour, un tournoi E-Sport. En clair : pas de contenu solo. Enfin si, il y a un mode histoire mais je pense qu’il s’agit plutôt d’une blague des développeurs : choisissez votre combattant, regardez trois images dégueulasses (des fans arts auraient mieux fait le taff’), et faites trois rounds ! Pas des matches, des rounds. Pourquoi ? Ah mais oui bien sur ! Un contenu solo arrivera en milieu d’année avec des cinématiques, tout ça ! (…)
Il y a bien un mode survie, pour débloquer une couleur de costumes. C’est tout, voilà voilà. Une honte, soyons clair. Autant ne pas sortir Street Fighter 5 et attendre que le contenu soit finalisé…mais non. Il y aura plus tard (paroles, paroles, paroles) une boutique pour acheter des persos, des costumes et autres joyeusetés grâce à de la Fight Money, déblocable en jouant, ou -bien sur- avec de vrais euros. Un jeu pas fini, on vous le dit. C’est la première fois que je vois un tel phénomène dans un jeu vidéo. Surtout quand on le compare à un Mortal Kombat X par exemple, loin d’être avare en contenu. Non, on ne peut clairement pas acheter un jeu sur des promesses futures.
Même si une mise à jour mensuelle doit venir ajouter un personnage (six sont prévus), dont Alex et Guile déjà sortis, ainsi que des stages et des costumes, l’ensemble est bien trop maigre. Surtout qu’il ne faudra pas s’attendre à les recevoir gratuitement…Il faudra soit les acheter avec de la monnaie interne au jeu -une méthode lente et difficile qui vous prendra beaucoup de temps-, ou avec votre argent bien réel. Autant le dire de suite : le véritable objectif de Capcom. Une HONTE.
Paradis Perdus
Bon, reprenons nos esprits et essayons de parler plutôt du gameplay, la vraie force de ce Street Fighter 5. Ouf, il y a donc quelque chose à sauver. Le jeu a tous les défauts du monde mais parvient néanmoins à être un jeu de combat plus facile d’accès que Street Fighter 4 tout en ayant une profondeur bienvenue.
Les newbies seront content de savoir que certains combattants sont plus faciles d’accès que par le passé, comme par exemple Chun-Li et son coup spécial à charge mis à la poubelle. Les Critical Art sortent beaucoup plus facilement et l’apport des nouveautés de gameplay est bien pensé : le V-Skill lance un mouvement spécial par perso (illimité), le V-Trigger provoque un autre coup spécial unique et puissant (mais consomme toutes les jauges) et le V-Reversal déclenche quant à lui une contre-attaque (et consomme une jauge).
De plus, les dégâts de chaque coups sont augmentés. Au final, les rounds s’enchaînent rapidement et de manière spectaculaire. Du tout bon pour ce Street Fighter 5 dont le coté E-Sport est totalement assumé. Les replay sont pour leur part vivants et très divertissants.
Côté multijoueur, le online qui à sa sortie était assez laborieux permet désormais de rejoindre des parties assez facilement. Le code réseau est d’ailleurs relativement efficace.
Final Round
Au final, difficile de se faire une idée sur cette version PS4 de Street Fighter 5. Dans un premier temps, on reste scandalisé par un tel manque de finition, ce mépris pour le joueur solo et cette fâcheuse tendance à promettre monts et merveilles après la sortie du jeu. Mais dans un second temps, on se rend compte qu’on a tout simplement le meilleur jeu de combat de sa génération coté gameplay. Oui, la cible de départ était élitiste (E-Sport) et Capcom s’est clairement rendu compte de ses erreurs. Bien trop tard malheureusement. Mon conseil ? Attendez Juin 2016 avant d’investir dans Street Figther V. Le jeu sera bien plus intéressant avec son lot de nouveautés, ses nouveaux personnages et son mode solo enfin à la hauteur (j’y crois, un peu). Le roi vivra peut être, même s’il est injuste.
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