Quel plaisir de voir ce remaster de Gears of War, titre emblématique de l’ère Xbox 360 s’il en est, débarquer également sur PlayStation 5 (en attendant une sortie prochaine sur Switch 2 ?). L’occasion rêvée pour un maximum de joueurs de (re)découvrir ce TPS en coopération culte. Gears of War a posé les jalons du genre, en a lancé la mode, et il est resté l’un de ses meilleurs représentants. Bon, j’avoue qu’il est délicat pour moi de ne pas regarder ce titre avec les yeux de la nostalgie, tellement je l’ai arpenté il y a presque vingt ans… Vingt ans ! Alors oui, le refaire en 2025, avec un œil neuf et neutre, la formule peut paraître vieillotte, simpliste, ringarde, avec son escouade de golgoths aux répliques dignes d’un nanar d’action sorti directement en VHS. Mais il reste un titre bourré de séquences d’anthologie, lorgnant souvent du côté de l’horreur, décomplexé tellement il est gore, doté d’une bande-son prenante, d’un doublage en VF légendaire, avec un antagoniste charismatique et des personnages auxquels on s’attache… (Test de Gears of War PS5 Reloaded réalisé sur PS5 à partir d’une version éditeur)
Test Gears of War PS5 : un classique qui a redéfini l’action
L’escouade en pleine réflexion pour le plan à suivre… bref, on va tout buter
Pour faire simple, voici la recette de Gears of War pour les néophytes. On mélange une dose de Warhammer pour les grosses armures et les gros flingues, un peu de Starship Troopers pour les boss gigantesques insectoïdes, un soupçon d’Alien pour le côté horrifique de certains passages, et la vue au-dessus de l’épaule popularisée par Resident Evil 4.
Ça en jette quand même pas mal, la fin du monde.
On secoue le tout (attention, on ne mélange pas à la cuillère !). Enfin, on saupoudre de punchlines de films d’action des années 80, et on obtient ce jeu de tir à la troisième personne. Je caricature à peine.
Restent des scènes indélébiles comme les tête-à-tête avec les berserkers, les scènes de nuit où les Krills sèment la terreur, les défenses de positions tournant au gouffre de Helm, les cris d’outre-tombe des gardes Theron… Ce melting-pot de références réussit à se façonner une identité forte et reconnaissable immédiatement.
Les Berserkers, dangereuse et invulnérables, offrent des séquences marquantes
J’y pense : Gears of War sur PlayStation, c’est la version JV des Expendables ! D’ailleurs, en parlant de cinoche, rejouer à Gears, c’est comme revoir un bon vieux film d’enfance. On connaît les répliques par cœur, on attend avec impatience certaines scènes, et on prend toujours autant de plaisir. Voilà ce qu’est Gears of War Reloaded pour bibi en 2025.
Mieux, j’ai eu l’impression d’être Anton Ego dans Ratatouille, qui, au détour d’un plat classique revisité, se revoit des décennies en arrière. Je me suis revu dans ma petite chambre chez mes parents, sur une télé cathodique, à faire la campagne encore et encore de ce TPS culte à l’action survitaminée.
Le gris et le gigantisme règnent dans la direction artistique, le rouge sang également…
Dans ce TPS, tout est là… ou presque : le système de couverture, la roulade dans toutes les directions, le rechargement éclair pour obtenir des balles plus puissantes et des flingues bien énervés. Y a pas à dire, les sensations sont toujours aussi bonnes. Il manque tout de même le changement d’épaule ; je pestais déjà contre cette absence à l’époque. Pas trop gênant pendant la campagne, en multi, par contre…
Test Gears of War PS5 : Face aux Locustes, rien ne vaut un ami
L’IA des alliées atteint vite ses limites. Elle est terriblement débile, quoi.
La campagne est divisée en 5 actes, pour autant d’heures de jeu en mode normal. Les choses se corsent dans les difficultés supérieures : là, il faut faire appel à un ami. L’IA des alliés est tellement bête que la coopération, en ligne ou en local, devient indispensable pour terminer la campagne au-delà de la difficulté standard.
Ce dialogue chez les parias reste le moment le plus cringe et mal joué du jeu
J’aime bien ce Carmine…
La durée de vie paraît un peu courte, il est vrai. Gardons tout de même à l’esprit que la rejouabilité est plutôt bonne, avec les différents modes de difficulté et les collectibles permettant de débloquer des comics GoW (malheureusement en anglais). Il y a également de petits passages à choix où le duo de héros sera séparé, donc autant de chapitres à refaire si l’on veut vraiment tout voir. Finalement, il y a de quoi faire pour un TPS à l’action effrénée.
Le rayon de l’Aube, seule arme à même de terrasser certains créatures gigantesques
De son côté, la durée de vie, si l’on se met sérieusement au multijoueur, est infinie. Je me souviens y avoir passé des heures et des heures à l’époque. On retrouve ici les modes phares comme Roi de la colline, match à mort par équipe et bien d’autres, ainsi que toutes les cartes de l’époque et des DLC, avec la possibilité de faire des parties classées, publiques ou privées.
Les gardes Theron, l’élite des Locustes, nous insultent et parlent comme les Nazguls du Seigneur des Anneaux. J’aime bien les éliminer.
Perso, j’ai servi trois fois sur la trilogie de l’époque 360, j’ai fait mon temps et l’action non-stop n’est plus pour moi : place à la relève ! De toute manière, à l’heure d’écrire ce test, le multijoueur était certes disponible, mais évidemment il n’y avait pas assez de joueurs pour se mettre sur la tronche. Je ne dirais pas que je suis trop vieux pour ces conneries, mais que j’ai trouvé une autre addiction PvP avec PUBG ^^.
Test Gears of War PS5 : j’étais là Gandalf, j’étais là il y a 3000 ans
L’acte dans l’usine est très réussi : pluie et déluge d’ennemi à l’extérieur…
En songeant au multijoueur, j’ai encore eu un flashback à Ratatouille. En 2006, Gears of War a été plus qu’un jeu. Il a tout changé : ce titre a été la porte d’entrée vers le jeu en ligne pour de nombreux joueurs et joueuses. Qui se souvient des cartes offrant deux jours de Xbox Live, ces codes que l’on trouvait dans les boîtes de jeu ? Moi, je m’en rappelle ! C’est ce qui m’a poussé à relier ma Xbox 360 au modem familial et à lancer le multi de Gears.
… et chouette ambiance de film d’horreur à l’intérieur.
Ah, je ne faisais pas le fier au début, j’arrivais dans les lobbies dans mes petits souliers. Que cette époque paraît loin ! Adversaires et partenaires, ça papotait tranquillement le temps que la salle d’attente se remplisse et que la partie se lance. Et surtout, on se faisait de vrais amis… dont l’un a été mon témoin de mariage bien des années plus tard.
Les intérieurs font pâle figure, le coté surdimensionné des personnages et ennemis rendent pénibles les combats
Je referme la page nostalgie pour aborder la partie sonore. La BO est digne d’un blockbuster. Dans les phases d’action ou les scènes horrifiques, la musique est un bel atout pour nous plonger dans une ambiance d’urgence et de catastrophe imminente.
Le doublage légendaire en VF a pris de la patine pour les optimistes, un sérieux coup de vieux pour les plus lucides, certaines punchlines sonnant creux, cringe et ringardes. Moi, je reste un optimiste et je trouve cette version française indissociable de GoW, ce qui participe au côté “jeu/capsule temporelle”.
Par contre, les bruits de bottes sont difficilement supportables. Pendant toute la campagne, j’ai rêvé d’une option de réduction du bruit de pas, comme dans Robocop Rogue City.
Les Boomers sont un peu des pokémons, ils ne savent que dire « BOOM ! ». Je les aime bien. Surtout leur arme.
Les dialogues entre membres de l’escouade et avec le commandement sont très premier degré et sérieux, et le plus souvent, les touches d’humour tombent à plat. De même, le scénario ne vole pas bien haut, mais force est de constater que cela a servi de base à tout un univers étendu qui peut ravir les fans de SF et d’horreur encore aujourd’hui.
Le général RAAM n’apparait que quelques instants dans la licence mais reste le plus marquant
Dans cette aventure, ce sont souvent les ennemis qui volent la vedette. Fénix et Dom sont formidables, Beard et Cole sont à la fois attachants et pénibles, mais le charisme du général RAAM est captivant. Il ne dit rien et, en seulement quelques minutes à l’écran, il le crève brutalement ! Quel antagoniste ! La série va d’ailleurs avoir du mal à trouver un “meilleur” méchant, je trouve…
Conclusion
Sa place est dans un musée, nous dirait Indiana Jones. Je suis d’accord avec le professeur mais, en 2025, Gears of War Reloaded a également toute sa place dans nos ludothèques. Ce TPS en coopération reste un divertissement gore, bourrin et sombre, jouable en ligne ou en local avec un ami. Son multijoueur demeure une valeur sûre, avec tout le contenu du jeu de base et des DLC.
La formule du jeu d’action a certes vieilli, mais je dirais qu’elle a pris une belle patine et qu’il s’agit au moins d’une chouette curiosité à découvrir pour les néophytes, un véritable et vénérable pan de l’histoire du JV en version remasterisée et dans les meilleures conditions. Pour les vétérans de la licence, c’est une délicieuse madeleine de Proust à dévorer avec un plaisir non dissimulé.
Pendant les 5 heures nécessaires pour compléter la campagne, les scènes d’anthologie s’enchaînent, les punchlines un peu foireuses également, tout comme les traumatismes (certaines morts de personnages restent gravées durablement). De son côté, le doublage VF reste tellement et intimement associé à l’expérience Gears que même retrouver les vannes de Beard est une indicible douceur.
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