Test Ghost of Yotei : quand le sabre remplace les mots

Test Ghost of Yotei : quand le sabre remplace les mots

Cette suite à Ghost of Tsushima apporte un second souffle bienvenu à la licence. Fini le monde ouvert sonnant creux : Ghost of Yotei n’en finit jamais de nous offrir une pléthore d’activités et de nous émerveiller. Mieux encore, ce jeu d’action-aventure parvient à apporter un bol d’air frais dans la manière de concevoir un monde ouvert. Sacrée performance. La vengeance de l’héroïne Atsu se fait organique, fluide et naturelle ; les quelques concessions à cela sont vite oubliées au profit d’un spectacle total et permanent, régalant les sens pendant les 70 heures nécessaires pour compléter l’aventure à 100 %. Si vous aviez aimé Ghost of Tsushima, vous allez adorer cette formule enrichie à tous les niveaux. Les autres découvriront un Japon envoûtant et idéalisé, sombre et violent, théâtre de nos rêves vidéoludiques et des cauchemars d’Atsu. Test Ghost of Yotei réalisé à partir d’une version éditeur. 

 

Test Ghost of Yotei : A Ghost in the Shell

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Rien qu’avec cette arrivée, on sait qu’on va vivre une chouette aventure.

 

Oui, une animation à la Gladiator est là. +1 à la note finale (en vrai, on pourrait).

 

L’action de Ghost of Yotei se déroule sur l’île d’Ezo, à l’aube du XVIIe siècle, alors qu’un chef de guerre nommé Saito défie l’autorité du shogun et tente de contrôler cette province. Dans le tourbillon de cette guerre civile, la famille de la jeune Atsu est emportée, massacrée par Saito en personne, flanqué de cinq autres tueurs. La mise en scène est déjà somptueuse et terrible. Atsu va survivre, en tout cas son enveloppe charnelle, tandis que pour l’esprit de l’espiègle et curieuse petite fille, c’est beaucoup moins sûr…

 

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Les océans de couleurs chatoyantes, marque de fabrique de la licence.

 

La mise en scène, digne d’un western ou d’un film de samouraï, régale. Ah, les jeux de regard…

 

Ce drame fondateur va évidemment hanter toute l’aventure et nous offrir une histoire de vengeance comme on les aime. C’est simple, efficace et facile à suivre. Les Six de Yotei, comme Atsu nomme ses assassins, seront les cibles à abattre pour une Atsu devenue machine à tuer, de retour à Ezo seize ans plus tard.

 

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Les marais à l’aube, envoutants et mystiques.

 

Pendant ce temps, Atsu est devenue une mercenaire aguerrie sur la “grande île”. Farouche, mais mettant ses compétences au service de l’opprimé ou de ce qu’elle juge être la justice, elle va entamer sa quête de vengeance en éliminant un à un les Six de Yotei. Cette épopée sanglante va l’amener à explorer cinq régions d’Ezo, à côtoyer des maîtres d’armes pour apprendre à manier de nouveaux vecteurs de mort (des armes quoi, suivez un peu), et à rencontrer d’autres personnes qui sont autant des fantômes qu’elle. La guerre n’épargnant personne, les PNJ sont souvent, sinon des gueules cassées, des esprits brisés.

 

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Sa liste d’ennemis jurés à la ceinture, sabre toujours prêt, Atsu en impose

 

Au détours de dialogues, des répliques font mouche. « Tu connais ta valeur »

 

Ghost of Yotei n’est pas un jeu trop bavard. Les dialogues sont parfaitement ciselés et font mouche par moments. Que ce soit de la part des PNJ ou d’Atsu, qui a de la répartie et parfois un humour pince-sans-rire. L’occasion aussi de parler du charisme dingue d’Atsu, qui tranche (oh que c’est facile !!!) avec celui quasiment inexistant du héros de Ghost of Tsushima.

 

Test Ghost of Yotei : LES fantômes de Yotei

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La diversité des biomes, sans que cela semble forcé, inspire le respect.

 

En parlant de Ghost of Tsushima, ici pas d’interminables discussions verbeuses sur ce qu’est le devoir d’un samouraï ou sur l’honneur. Atsu, en tant que mercenaire, n’en a que faire et montre même un ardent mépris pour cette chevalerie nippone d’un autre temps. Contrairement au rituel d’Arya Stark de réciter les noms de ses ennemis avant de dormir et de rêver de vengeance, Atsu les porte carrément en ceinture, comme un défi au monde entier. La classe !

 

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Une patrouille semble penser qu’attaquer l’Onryo est une bonne idée

 

Les duels suivent un rituel immuable, dont le combat de regard.

 

Tout ça pour dire que je me suis fortement attaché à ce personnage en apparence cassant et impénétrable, mais quand l’armure se fissure, de jolis et brefs moments d’émotion s’invitent au détour d’une discussion. Les thèmes du deuil, de la famille, de l’instinct de mort qui porte littéralement Atsu sont abordés par petites touches, sans tomber dans le pathos ni les longs discours. Les cinématiques n’en sont que plus percutantes et pertinentes.

 

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Les villes sont rares, les villages sont eux isolés pour le moment, la conquête d’Ezo est en marche.

 

Ghost of Yotei a le bon goût de ne pas verser dans les leçons de morale. Un exemple : Atsu est systématiquement prise de haut ou moquée par les brigands ou les soldats. Elle réplique alors de manière cinglante, par une phrase, en les ignorant ou mieux, en leur répondant arme à la main.

 

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Atsu, demandant poliment des informations à un Ronin épargné, sur fond d’automne apaisant.

 

Ce que j’ai apprécié aussi, c’est la sphère dans laquelle évolue Atsu. En tant que mercenaire et roturière, elle navigue en marge des intrigues des samouraïs et autres seigneurs, monnayant ses services aux plus faibles. On retrouve un peu de Robin des Bois et de Geralt de Riv là-dedans.

 

Test Ghost of Yotei : La curiosité, le plus beau des défauts

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Ezo est encore une île sauvage.

 

Ça nous laisse plus de temps pour explorer ! Et il y a du boulot. Le monde ouvert de Ghost of Yotei est assez ramassé, pour ne pas dire petit, mais quelle densité ! Ici, pas de tour de synchronisation, pas de point d’interrogation : la part belle est donnée à la curiosité. D’abord en utilisant la longue-vue d’Atsu pour observer les environs.

Ensuite, tout simplement en se baladant et en découvrant des points d’intérêt au hasard de nos chevauchées. Ou encore en écoutant des paysans parler d’un repère de renard (oui, ils sont bien là ^^), ou en suivant une carte trouvée sur un ennemi menant à un camp de Saito

 

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Atsu est également une chasseuse de primes. Cela nous fait encore des trucs à faire…

 

Les missions ou les activités s’acquièrent alors comme si on les découvrait nous-mêmes, ou grâce à des rencontres aléatoires. Cela donne une aventure d’une fluidité rarement égalée, très naturelle dans sa progression. On n’a jamais l’impression de se rendre à un endroit pour guetter un PNJ avec un point d’exclamation au-dessus de la tête.

En revanche, on reste vigilant si l’on croise un paysan en détresse ou un autre racketté par des bandits : cela peut être le début d’une nouvelle quête (ou pas, d’ailleurs…). Ce nouveau souffle dépoussière un tant soit peu les mondes ouverts ressemblant souvent à des parcs d’attractions géants où l’on va trop mécaniquement d’un point d’interrogation à un autre.

 

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Qu’il vente ou qu’il neige, le mont Yotei règne sur Ezo.

 

Oui, à la réflexion, Red Dead Redemption 2 faisait également ça, avec un Arthur Morgan mettant à jour sa carte au fur et à mesure. C’était en 2018 (oui, déjà) et je n’ai pas l’impression que cette formule sans icônes dans tous les sens ait été reprise depuis.

 

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Les panoramas laissant bouche bée sont légion, invitant à la contemplation.

 

Cela donne un écran sans ATH, de quoi admirer une Direction Artistique somptueuse de tous les instants. Le côté plus pénible vient du système de vent censé nous indiquer la direction de notre objectif. Dans les faits, je l’ai trouvé vite inefficace, voire trompeur par moments. J’ai préféré consulter la carte, qui s’affiche quasi instantanément, pourquoi s’en priver ?

 

Test Ghost of Yotei : La peur comme meilleure arme

 

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Atsu toute en majesté, devant les ennemis tétanisés face à la vengeance incarnée.

 

Bon, j’ai déjà fait des parallèles audacieux (mais sensés, je trouve ^^) dans cette critique, je vais en faire un dernier avec Batman, qui utilise la peur qu’il suscite pour lutter contre le crime. Il en va de même avec Atsu. Au fil de l’aventure, sa réputation d’Onryo (esprit vengeur) va aller en grandissant, ce qui se traduit par des points de compétence investis dans des talents de déstabilisation, d’ennemis terrifiés par la mort de leurs camarades, etc. Avec en point d’orgue, après quatre morts d’affilée, l’accès au Hurlement de l’Onryo.

Avec cette sorte de “super”, l’écran vire au noir et blanc, le monde semble figé, les ennemis tétanisés devant la vengeance incarnée. Ces moments où le temps suspend son vol sont incroyables : Atsu pose en majesté, avec une prestance folle. L’impression de puissance mais surtout d’emprise sur les ennemis est grisante.

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L’art conserve toute sa place sur Ezo, même en pleine guerre civile et chasse à l’homme.

 

Mais attention à ne pas se brûler les ailes. Les combats sont assez difficiles au début : les adversaires font mal, nos armes sont encore à améliorer, tout comme nos armures, attaques et coups spéciaux. Mais dès qu’on a compris le bon timing pour parer et la bonne arme à utiliser contre chaque adversaire, la sensation de puissance devient très agréable et on prend un malin plaisir à déclencher le Hurlement de l’Onryo.

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J’ai passé pas mal de temps à savourer les panoramas.

 

Atsu détient un arsenal complet : katana, lance, kusarigama (fléau japonais), mais aussi des accessoires comme des grenades explosives ou aveuglantes, de quoi varier les plaisirs et déstabiliser les sous-fifres de Saito.

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Les confrontations, moment de tension où Atsu doit saisir le bon moment pour attaquer.

 

Pour les moins téméraires, les modes Histoire et Facile sont activables à tout moment. Pour ceux qui recherchent du challenge au-delà du mode normal avec lequel j’ai fait toute l’aventure, les modes Difficile et Létal apportent encore plus de défi.

 

Test Ghost of Yotei : L’Onryo n’est pas un Assassin

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L’infiltration est plutôt bancale, la faute à des ennemis d’une bêtises abyssale. Bon là, Atsu est bien cachée, c’est vrai.

 

Ce serait une erreur de voir en Ghost of Yotei un Shinobi’s Creed, même s’il y a évidemment des similitudes. Par contre, si les phases de plateformes sont correctes, elles restent à des années-lumière du parkour de la licence phare d’Ubisoft. De même pour l’infiltration :

Ghost of Yotei propose sans doute les ennemis les plus idiots et amnésiques que j’aie jamais vus. Les phases d’infiltration en ressortent un brin ridicules et artificielles. J’ai alors choisi de privilégier le combat, largement plus réjouissant et me sortant moins de l’expérience.

 

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Les feux de camps sont l’occasion de fabriquer des consommables, se soigner et jouer du shamisen

 

Dans ce Ezo ambiance Far East, pas encore sous la domination claire et nette du Shogun, il n’y a quasiment pas de ville. La population réside dans de petits villages isolés, encore plus à la merci de Saito. On peut grimper et prendre de la hauteur, mais Ghost of Yotei offre moins de verticalité qu’un Assassin’s Creed. Je ne dis pas que c’est bon ou mauvais, simplement qu’il s’agit de deux expériences et approches différentes.

 

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Les détails de la tenue, abimée, élimée et tachée de sang sont saisissants.

 

Cela se ressent aussi dans l’ampleur moindre de la map ou du nombre de cibles, comparé par exemple à AC Shadows, au contenu gargantuesque, voire même un peu trop ^^. Ainsi, la fuite en avant sanglante d’Atsu se termine en environ 40 heures en ligne droite, je pense. Pour ma part, j’ai mis 70 heures pour compléter Ghost of Yotei à 100 %, en appréciant chaque instant (sauf toi, infiltration !).

 

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Difficile à croire en la brutalité de ce qui va se jouer quand la nature parait si paisible.

 

Au niveau technique, Ghost of Yotei est très impressionnant. Fluide, il est d’une beauté à couper le souffle : les panoramas estomaquants sont si nombreux qu’on finit par battre le record d’apnée sans s’en rendre compte. La bande-son, souvent élégante et délicate avant de devenir furieuse et ardente, colle parfaitement à cette revenge story. Quant à la mise en scène, elle est digne des plus grands westerns ou films de samouraïs, en reprenant leurs codes pour notre plus grand plaisir.

 

Test Ghost of Yotei : Conclusion

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Je ne peux que recommander Ghost of Yotei, qui dépasse largement son aîné sans le renier. Ce jeu d’action-aventure, sanglant et spectaculaire, se dévore sans lasser pendant environ 70 heures pour le “platiner”. Cette histoire de vengeance brutale se pare également de beaux moments d’émotion et de tension, sans être trop bavarde ni verbeuse.

Tout n’est pas parfait, comme l’infiltration ou les phases de plateformes qui nous ramènent dans le passé. En revanche, ce monde ouvert dense, qui fait la part belle aux rencontres aléatoires, à la curiosité et aux surprises, est très réussi, apportant un peu de fraîcheur au genre. Il y a mille occasions de se détourner de la mission en cours pour faire autre chose et se retrouver à des kilomètres de l’objectif initial — sensation grisante s’il en est.

Tout comme les combats, misant sur la contre-attaque et la peur que l’on suscite chez l’ennemi. Enfin, la direction artistique aux mille couleurs, la bande-son raffinée et la VF de qualité participent à faire de Ghost of Yotei une expérience fascinante et inoubliable.

Test Ghost of Yotei : quand le sabre remplace les mots
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Test Ghost of Yotei : quand le sabre remplace les mots
Les plus
  • Une DA à couper le souffle
  • Une bande-son élégante
  • Où sont les temps de chargement ?
  • L'ATH minimaliste
  • Un tourbillon de couleurs
  • Le charisme d'Atsu
  • Bonne durée de vie
  • Variété et densité du monde ouvert
  • Une revenge story mémorable
  • Techniquement impressionnant
  • Voix japonaise ou française
  • Intégralement en Français
Les moins
  • L'I.A. des ennemis
  • L'infiltration
  • Le système de vent
Graphismes 19
Gameplay 18
Son 19
Durée de vie 18
Rapport qualité/prix 18

Meilleur bon plan

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