Dans le test de Sea of Thieves, je déplorais la sous représentation des pirates dans le jeu vidéo. Le constat est le même pour les vikings ou tout du moins les peuples du Nord, leurs folklores et traditions. On peut citer Banner’s Saga 1 & 2, Viking: Battle for Asgard (2008), God of War (2018)… et puis c’est à peu près tout. Dans Hellblade Senua’s Sacrifice (HSS), le studio Ninja Theory nous propose une plongée dans l’enfer des Nordiques. Mais également une plongée dans l’esprit torturé de son héroïne, Senua. Après avoir terminé le jeu, voici mon verdict dans le test de Helblade Senua’s Sacrifice.
Test de Hellblade Senua’s Sacrifice : vol au dessus d’un nid de coucou.
Senua est folle. Folle de chagrin après la mort de son amant, Dillion. Mais pas seulement, car Senua est littéralement perturbée mentalement. Le personnage souffre de psychose, se manifestant par des délires et autres hallucinations. Folle au point de se rendre dans l’enfer des Nordiques, Helheim, pour sauver l’âme de son défunt Dillion. L’introduction du jeu met tout de suite dans l’ambiance avec une traversée d’une rivière bordée de cadavres et autres réjouissances. L’occasion également d’hallucinations auditives avec des voix qui accompagneront Senua pendant son périple.
Sans en dire plus et ne pas gâcher la surprise, l’histoire torturée de HSS est agréable à suivre… mais pas forcément facile d’accès. En effet, les cinématiques, récits de légendes nordiques et autres flashbacks distillent savamment et brillamment le récit de HSS. Les zones d’ombres et non-dits, nombreux au début, trouveront au fur et à mesure des réponses… Mais pas tous, d’autres seront à l’interprétation du joueur. Ainsi, Hellblade Senua’s Sacrifice raconte une histoire résolument mature.
Test de Hellblade Senua’s Sacrifice : un peu, beaucoup, à la folie.
HSS a le grand mérite de ne pas s’appesantir sur l’aspect clinique de Senua, ni d’en faire une victime. Au contraire, couverte de cicatrices, de crasse, de peinture de guerre, Senua se révèle une farouche guerrière. Loin d’être l’héroïne parfaite, elle est juste une jeune femme désespérée au point d’accrocher la tête de Dillion à sa ceinture. Bon, pendant un bref instant, cela m’a rappelé Lollipop Chainsaw… mais la comparaison s’arrête là.
Par ailleurs, la folie de Senua s’invite dans le gameplay. En effet, les voix qu’entend Senua l’avertiront par exemple si un ennemi l’attaque par derrière. Ou alors l’aideront pendant la traversée de labyrinthe… Mais en général, elles ne seront pas tendre avec l’héroïne, la toisant sans cesse, voir même se moquant cruellement d’elle.
Test de Hellblade Senua’s Sacrifice : la folie ? c’est refaire toujours la même erreur.
Vu à la 3ème personne, le gameplay se décline en deux phases. D’une part, la résolution d’énigmes et d’autre part, les combats. Les énigmes ne sont pas d’un challenge élevé et lassent par moment. Il s’agira de trouver des formes de runes dans l’environnement, de passer des portails pour débloquer des accès… Rien de bien révolutionnaire. Quand aux combats, ils peuvent au début rappeler Dark Souls mais se révèlent eux aussi assez faciles. En effet, Senua peut porter des coups rapides ou forts, parer, contre-attaquer mais sans jauge d’endurance pour nous forcer à gérer nos efforts. Heureusement, grâce à la mise en scène et aux musiques, les combats de HSS offrent des moments de bravoure et épiques.
Les ennemis qu’affrontent Senua ne sont guère variés. De grands nordiques à l’épée ou masses… seuls les Boss briseront la monotonie, pour des combats guère plus délicats. Par contre, là où HSS se révele Hardcore, c’est dans l’introduction de la Permadeath. Trop de morts et l’aventure de Senua s’arrête net ; la sauvegarde, elle, effacée. On peut suivre la progression de la Permadeath à la pourriture qui s’empare du bras droit de Senua. Si elle atteint la tête de l’héroïne… GAME OVER ??? Dans les faits, impossible à vérifier. Dans un second run, j’ai enchainé un vingtaine de morts à divers endroits. Las, la marque noire sur le bras de Senua se cantonne à l’avant bras. La permadeath, un coup de bluff de Ninja Theory ?
Test de Hellblade Senua’s Sacrifice : you’ll never walk alone.
L’ATH est purement et simplement absent. Un régal pour l’immersion. Optimisé pour la Xbox One X, HSS est techniquement très abouti. Déjà magnifique et prenante, l’aventure est encore meilleure en 60 images par seconde. Dans le menu pause, et à tout moment, on peut switcher entre le mode résolution 4K ou le mode fluidité 60fps. De plus, on peut configurer à l’envie les touches de la manette, une feature trop absente dans les jeux.
Le jeu est en VO sous titrée. Les musiques se font discrètes pendant les phases d’énigmes mais appuient efficacement les combats. Lors de longs affrontements, des chants nordiques lancinants puis plus brutaux rendront certains fights vraiment mémorables. Enfin, l’expérience de jeu offerte par HSS se savoure d’autant plus avec un casque. Vous serez alors parfois submergé par les voix accompagnant Senua ou en transe grâce à la musique.
Tout aussi mémorable est l’interprétation de Melina Juergens. Tout à tour avec émotion ou fureur, elle incarne littéralement Senua. Et que dire de la mise en scène ! Magnifique et inspirée, elle sert à la perfection le récit. Par contre, celui-ci n’est guère long. Il faut compter un dizaine d’heures pour finir le jeu.
HSS est accompagné d’un documentaire de 30 minutes environ. A regarder après avoir terminé le jeu, il revient sur le travail de Ninja Theory sur la manière d’aborder la psychose. Ainsi, on apprend que des chercheurs en neurosciences ainsi que des malades ont participé au développement du jeu. Instructif et par moments touchant.
Test de Hellblade Senua’s Sacrifice : CONCLUSION.
Sans rien révolutionner au niveau gameplay, l’intérêt de Hellblade Senua’s Sacrifice est de toute manière ailleurs. Suivre le périple désespéré de Senua à travers l’enfer est une expérience qui marque le joueur. Tout comme l’interprétation de Melina Juergens. Par ailleurs, sa technique et sa mise en scène de haute volée servent parfaitement une histoire touchante et brutale. Certes, on peut regretter sa faible durée de vie mais il serait fou de passer à coté, en tout cas à plus petit prix.
La note est trop sévère ? Pas assez sévère ? Vous avez des informations supplémentaires à apporter ? N’hésitez pas à commenter ^^