Après deux épisodes retraçant leurs propres visions de l’histoire, Dice et EA nous invitent à basculer dans un futur fictif au milieu d’une guerre qui ne l’est pas moins. Si la beta laissait des doutes sur ce nouvel épisode, qu’en est-il au final suite à cette sortie officielle tant attendue ? Et bien, si ce test de Battlefield 2042 évoque une guerre, ce n’est pas forcément celle que l’on suppose.
Jeu testé à partir d’une version commerciale achetée sur le store Microsoft (avec le patch 3 du jeudi 2 décembre appliqué).
Test Battlefield 2042 : préambule
Dans le feu de l’action !
La licence a toujours eu une place particulière dans ma ludothèque. Entre souvenirs de gloires passées et joyeuses rigolades entre amis, Battlefield est le type de jeu qui a su apporter une sacrée dimension à la joute numérique. En effet, les destructions possibles, le son vous faisant baisser la tête à chaque explosion et ce sentiment d’être utile à son escouade ont provoqué un souffle épique à la saga.
Certes, à chaque sortie, le jeu subit une fronde de mécontents, des ratés techniques et il faut souvent attendre plusieurs mois afin de pouvoir prendre du plaisir sur le nouveau volet. Il va de soi que cette itération n’y échappe pas, mais la particularité de cette version vient, à mon avis, du fait de la sortie ratée de Cyberpunk 2077.
Il y a clairement un avant et un après Cyberpunk et on sent un sérieux agacement des joueurs lorsqu’un produit n’est pas assez calibré le jour de sa mise en vente. Alors si en plus l’éditeur envoie des vidéos prônant le respect des vétérans du genre et fait ainsi monter la « hype », la déception qui en ressort n’en est que plus grande.
Pourquoi un tel préambule ? C’est bien simple, j’ai suivi ce Battlefield 2042 depuis la version beta et j’y ai joué en version early access. J’aurais pu vous pondre un test immédiatement, mais j’ai préféré respecter la date de sortie et ses patchs du premier mois tant attendus pour vous proposer un avis, tout en gardant la tête froide.
Test Battlefield 2042 : la guerre des clones
Vous ne verrez qu’eux !
En ce qui concerne le trame de fond du jeu, celle-ci pourrait être écrite en tout petit sur un timbre-poste. En effet, afin de justifier l’apparition des « spécialistes » dans la série, le développeur nous informe que ces soldats du futur, des « sans patrie », sont envoyés dans un bourbier entre la Russie et les US. Mais si un conflit est bien évoqué, il n’y a que les mêmes soldats qui se tapent dessus. Tout est fait pour ne cibler personne. Bref, c’est la Guerre des clones réinventée.
Hormis cet état de fait, nos clowns sont dotés de paroles et versent trop souvent dans le ridicule. On en vient clairement à les détester au fur et à mesure des sessions. Au moins, on pourrait espérer une forme d’utilité à leurs spécialités, mais même là, rien de probant.
Je ne dis pas qu’ils ne sont pas nécessaires au bon fonctionnement d’une partie, je dis juste que leurs équipements ont clairement moins d’impact que prévu. Si dans les anciens BF, chaque rôle avait son importance au sein d’une escouade, ici, on peut calibrer son champion comme on le souhaite, sans aucune restriction, de son arme à son gadget. Et enfin, cerise sur le gâteau, chacun des membres de l’escouade peut réanimer l’autre. Une simplification relativement bien pensée, mais qui fonctionne mal.
Test Battlefield 2042 : maps monde
Ne prenez pas froid !
Sept cartes vous sont proposées pour cette première entame. Toutes de grande taille dans différents environnements, influencées par des évènements climatiques aléatoires, allant de la simple pluie aux tornades dévastatrices. Si ces effets sont particulièrement soignés, il y a tout de même à redire sur la partie graphique en général.
Bien moins détaillé que ses prédécesseurs, ce nouveau cru semble terne et visuellement pauvre. En témoignent certains bâtiments en intérieur par exemple, dépourvus de toute texture. Certes, ce n’est pas catastrophique et dans le feu de l’action, on n’y prête guère attention, mais il est évident que cela résulte d’un manque de temps pour effectuer les finitions.
Des effets souvent spectaculaires !
Niveau action, on dénote malheureusement un problème de rythme sur les parties. Malgré la présence sur Next Gen et PC de 128 joueurs, les cartes semblent souvent vides et l’action ne se concentre, la plupart du temps, que sur une zone, notamment dans le mode « Conquête » où il est globalement nécessaire de capturer des points spécifiques et essayer de les garder sous contrôle.
En « Percée », mode de jeu concentré uniquement sur deux points à prendre afin d’envahir la carte et faire reculer les défenseurs, le rythme est bien plus soutenu et vos chances de survie se réduisent comme peau de chagrin dans une foire d’empoigne massive et assourdissante.
Pour finir, certaines cartes sont vraiment mal pensées, à l’image de « Kaléidoscope » quasiment infinissable dans ce mode, dû à une défense sur le dernier point complètement imprenable.
Test Battlefield 2042 : un mode Portal prometteur
Portal permet de proposer des expériences différentes issues aussi des anciens jeux !
Outre les deux modes de jeux cités précédemment, Dice nous rajoute le mode « Hazard Zone ». Celui-ci est une nouvelle façon de concevoir le jeu en équipe et nécessite une excellente coordination pour espérer en voir le bout.
Dans ce nouveau mode, au moins un membre de votre escouade doit survivre en récupérant des données éparpillées sur la carte, affronter des bots et des joueurs tout en réussissant à s’extraire de la zone dans les temps. Une expérience particulière pour laquelle, je vous le confesse, je n’ai guère de sympathie. Toutes mes tentatives ont été vaines, frustrantes et très courtes. J’ai eu le sentiment de ne jamais arriver à progresser et la compréhension même du mode fut une bataille de tous les instants.
En faisant quelques recherches, je me suis aperçu que cette partie du jeu a ses adeptes louant un rendu stratégique très intéressant, pour peu que vous soyez dans un groupe soudé.
Mais le gros morceau mis en avant pour cette itération, c’est bien sûr le mode « Portal » qui vous permet de customiser vos parties comme bon vous semble. Une sorte de pot pourrit de tous les jeux passés et présents (modes et cartes comprises), invitant les plus motivés d’entre nous à proposer au monde entier sa vision de Battlefield, de la plus stricte à la plus loufoque. Il est vrai que parcourir les serveurs et trouver des parties inédites sorties tout droit de l’imagination des joueurs, confère au jeu une bouffée d’air frais.
Cette expérience à la » Tarkov » proposait une ambiance bien stressante ^^
Mais pour avoir testé la configuration d’une « Expérience », on est loin d’un système simplifié. Vous devez vous rendre sur le site officiel du jeu pour ensuite naviguer dans des menus pas franchement reluisants, vous demandant de gérer chaque aspect de votre mode. Un travail de fourmi réservé aux plus motivés.
Enfin, si cette partie du titre fut surtout utilisé pour farmer des points d’expérience contre une IA volontairement vue au rabais, force est de constater que celui-ci commence à prendre de l’ampleur et propose de plus en plus de choses intéressantes. Avec les ajouts prévus par les développeurs, Portal pourrait même supplanter, à terme, le jeu de base.
Test Battlefield 2042 : un jeu suivi et corrigé
Ho, un bug !
Il est évident que Battlefield 2042 est sorti bien trop tôt pour ce qu’il promet d’offrir. Ceci est dû à une vraie guerre économique qui gangrène beaucoup trop de jeux en développement. Cependant, si le jeu semblait quasiment injouable et bourré de bugs en early-access, force est de constater que le suivi est assuré et se révèle même assez efficace.
À ce jour, trois patchs ont apportés les correctifs les plus urgents pour stabiliser le tout ainsi qu’un lot significatif de changements et d’équilibrages. De plus, la volonté de communiquer ouvertement sur la progression des corrections est une bonne nouvelle pour tous les fans.
Oui, Battlefield 2042 n’est pas (encore ?) le jeu espéré et annoncé, mais sa marge de progression est grande, et ce, même si cela aurait dû être implanté pour le jour de son arrivée dans les bacs. Une constante malheureuse qui domine actuellement le marché et fait mal au secteur dans son ensemble.
Pour finir, il reste un arrière-goût amer lorsque l’on parcours ce nouvel épisode. Un sentiment de régression dans la franchise domine. Que ce soit sur les mouvements (où sont passé les postures dorsales ?), la gestion des escouades, le manque d’informations lié au tableau des scores ou même à l’impossibilité (temporaire) de pouvoir communiquer dans le jeu (en dehors d’un tchat vieillot), tout cela participe à ce ressenti.
Des choix étonnants qui posent question.
Test Battlefield 2042 : quid des versions old-gen ?
La gestion de votre arme à la volée est une excellente idée.
Après avoir fait quelques parties avec mes amis restés sur le radeau de la old-gen, je suis surpris par la qualité proposée. Alors certes, de nombreux détails manquent et l’affichage se fait plus tardif, mais Battlefield 2042 est graphiquement largement acceptable. Limité à 64 joueurs, l’intensité des combats est cependant bien moindre.
D’ailleurs, un point sur la gestion du cross-plateform : pour le moment, l’option est tout simplement grisée, laissant dans l’obligation de jouer avec les joueurs PC au milieu des consoles next-gen (Xbox Series et PS5), avec la contrainte que représente l’utilisation du combo clavier/souris face aux manettes, sans évoquer la triche récurrente de cette plateforme. Sur Xbox One, seul les fans sur PS4 sont présents pour des affrontements bien plus équilibrés.
Il va de soi que je soutiens activement le mélange de toutes les plateformes de jeu afin d’apporter de la diversité, mais il me paraît regrettable de forcer la main à ceux qui ne le souhaitent pas. En attendant que cette fonctionnalité soit débloquée, la seule solution consiste à parcourir les menus de sa console pour désactiver toute forme de partage. Une fois effectué, le jeu s’en retrouve malheureusement tronqué, notamment dans le mode « Portal », dénotant des problèmes de gestions évidentes.
Test Battlefield 2042 : conclusion
Le calme après la tempête ?
Vous l’aurez compris, en l’état, ce nouveau cru est une déception. Je ne dis pas qu’il n’est pas possible de s’y amuser, je dis juste qu’il faut être patient pour en voir le réel potentiel au fur et à mesure de la progression des correctifs et des ajouts promis par l’éditeur.
Battlefield 2042 est encore un exemple d’un jeu trop ambitieux sorti trop tôt pour coïncider avec les fêtes de fin d’année. Très critiqué et paradoxalement très joué, le nouveau titre de Dice a une bonne chance de redresser la barre grâce à un suivi aux petits oignons.
Ne vous méprenez pas, ce BF a du potentiel et un certain style et il serait dommage de ne pas lui accorder du temps de jeu, à la seule condition de faire preuve d’indulgence à son égard.
Croisons les doigts.
La note est trop sévère ? Pas assez sévère ? Vous avez des informations supplémentaires à apporter ? N’hésitez pas à commenter ^^