The Last of Us 2 est une œuvre majeure de notre temps. Ce conte moderne, ultraviolent et cohérent repose sur une mythologie solide qui peut parler à tout le monde. Le savoir-faire technique de Naughty Dog fait des merveilles et donne vie à un monde sidérant de crédibilité. Mieux, cette suite renverse la table en rompant avec les attentes du public. Et nous embarque dans une double histoire passionnante de vengeance pour plus de 30 heures de frissons et d’émotions. De plus, elle nous amène sur des terrains de réflexions insoupçonnés. Néanmoins, ce “Remaster” n’en est pas vraiment un et ne propose que quelques ajouts anecdotiques au final. Reste le mode roguelite « Sans Retour » qui peut occuper les plus acharnés. Comment bouder son plaisir de replonger dans cette odyssée qui prend aux tripes du début à la fin ? Comment ? Test Last of Us 2 Remastered réalisé à partir d’une version éditeur.
Test Last of Us 2 : on prend les mêmes et on recommence ?
De nombreux flashback viendront nourrir un récit déjà copieux. On se régale !
Pour commencer, je voudrais aborder un point sémantique. Cette réédition n’a rien d’un remaster. Ce n’est pas grave, cela reste une œuvre considérable et irrésistible. Néanmoins, les mots ont un sens et là, nous avons plus affaire à une “Extended Edition” ou une “Definitive Edition”. En effet, au-delà du matériau fantastique déjà sorti en 2020, il n’a y pas non plus de grands ajouts ni surtout de gap technique franchi. The Last of Us 2 atteint encore et toujours des sommets dans l’excellence technique et cela se ressent à chaque instant.
Le savoir-faire technique de Naughty Dog, toujours au service d’une histoire passionnante
Que nous réserve donc ce “remaster” ? La possibilité de jouer de la guitare en jeu libre. Oui bon pourquoi pas. Perso, j’ai vite gratouillé un banjo avant de me replonger dans l’aventure. Plus précieux : on peut parcourir trois niveaux supprimés du jeu final.
Naughty Dog a bien potassé le scénario de ce deuxième épisode
Les faire en soit n’apporte pas grand chose, ils sont très courts, 10 minutes maximum. Non, le plus intéressant est de dévorer les commentaires de l’équipe sur leurs choix ou contraintes amenant à finalement les retirer de la version finale. Cette séquence va casser le rythme ? Elle n’apporte pas grand-chose ? Maintenant on le sait et surtout pourquoi. Passionnant. Un vrai making of. Pour le coup, j’aurai bien aimé plus de séquences de ce genre.
Toujours aussi gores, les combats sont brutaux
Le principal apport est sans nul doute le mode Sans Retour. Ce mode de jeu emprunte les codes du genre roguelite pour proposer une série d’affrontements brutaux dans les lieux emblématiques du jeu. Avec la possibilité d’améliorer ses personnages, ses armes et techniques, il y a de quoi occuper les plus acharnés d’entre vous pendant de nombreuses heures. Pour les moins hardcore, on peut également se lancer dans ce défi à partir de la difficulté “Très facile”, histoire d’expérimenter le concept. Un bon point d’accessibilité à souligner.
Un classique indémodable
Les combats contre de véritables mastodontes sont stressants à souhait
Vous l’avez compris, ce remaster n’apporte au final pas grand chose. Alors pourquoi ce 20/20 ? Je me suis posé la question sur comment noter une telle réédition, à peine 4 ans après sa sortie sur PS4. J’ai vite tranché : un chef d’œuvre reste un chef d’œuvre et la note doit le refléter. Oui, The Last of Us 2 est un jeu d’exception. Techniquement bien sûr mais cela va heureusement bien au-delà.
Le mode guitare libre est anectodique. Ici, le compositeur avec un banjo…
En effet, il renverse la table en proposant radicalement autre chose que le road trip de Joel et Ellie de la Partie 1. Un vrai risque pris, à contre-courant de ce que le public attendait mais aussi de ce à quoi il fut habitué dans le premier épisode. Le récit de cette partie 2 prend donc énormément de risques avec pour message clair : “Que cela vous plaise ou non, vous n’aurez pas une partie 2 copiée/collée du 1″. Cette radicalité rappelle forcément les meilleures heures de séries TV comme Game of Thrones ou encore The Walking Dead.
A savourer encore et encore
Pas de héros dans cette histoire… Juste des survivants
Quatre ans après sa sortie, The Last of Us 2 est toujours aussi puissant et indémodable. Le double récit entremêlé d’Ellie et Abby fait passer par toutes les émotions. Que ce soit dans des scènes intimistes parfois, ultra violentes souvent, mais toujours intenses, on sourit, on pleure avec ces personnages.
Graphiquement, le jeu passe toujours aussi bien en 2024
Ces derniers ne sont pas des héros d’ailleurs, et ne sont jamais glorifiés, juste montrés dans la banalité du mal ou du bien qu’ils peuvent faire. Ellie et Abby sont à la fois victimes, juges et bourreaux et le vivent très mal, et nous aussi derrière la manette. On en vient à les soutenir, puis leur en vouloir, pour aboutir enfin à leur pardonner ? Moi, je me suis laissé embarquer par ce récit qui va donc bien plus loin qu’un simple double “revenge movie”.
Les montagnes russes au niveau des émotions. Parfois même très éprouvant.
The Last of Us 2 nous raconte heureusement bien plus que simplement le cercle vicieux de la violence, de la vengeance où un monstre en engendre un autre. Il y a pas mal de sous-textes et de réflexions, à découvrir au fil des runs. Juste un exemple, quelle est la place de la justice dans tout cette nouvelle ère post apocalyptique ?
Les environnements retranscrivent parfaitement l’univers post-apocalyptique de The Last of Us 2
La ville de Jackson nous montre un simulacre de civilisation mais comment le prendre au sérieux quand des individus parcourent des kilomètres pour assouvir leur vengeance personnelle ? Et surtout, personne ne se pose la question de soumettre quelconque crime de sang à la moindre autorité. Où est la justice ? Il n’y en a plus et ainsi on peut s’interroger sur le niveau d’Humanité des micro sociétés qui singent notre propre monde. Celui de The Last of Us est une immense zone de non droit, à la merci du plus fort…
Une simple hésitation dans le regard et tout peut basculer. Impressionnant.
Certaines scènes sont d’une intensité dramatique rare. La technicité de Naughty Dog pour façonner des visages réalistes permet cela. Un regard, un geste peuvent faire basculer une discussion pour laquelle le poids du monde semble s’abattre ici et maintenant, c’est très impressionnant. Tout comme la version française, juste parfaite encore une fois. Cette Partie 2 est un grand spectacle, une valeur sûre pour frissonner et s’émouvoir pendant plus de trente heures, voire plus.
Les niveaux plus ouverts permettent de respirer un peu
Conclusion
Pour conclure ce Test Last of Us 2 Remaster, je dirai qu’il est encore et toujours un incontournable. Pour une aventure solo mature et plus complexe qu’il n’y paraît, cela reste une valeur très sûre. Les ajouts de cette édition ne sont pas certes indispensables. Par contre, ils donnent une occasion rare d’en apprendre plus sur la génèse d’un jeu vidéo (ex : les 3 niveaux supprimés de la version finale). Le mode “Sans retour” permet lui de prolonger le plaisir de combattre pour quelques heures de roguelite bien emmené. Bref, un classique indémodable à faire et refaire.
Oui c’est vrai que j’exagere un peu sur le 0 mais même un 17/20 serait une note sanction tellement il est exceptionnel 🙂
Salut et merci pour ce test.
Pour moi il y a deux façons de noter radicalement ce jeu :
1. Pour le chef d’oeuvre qu’il (et qu’il a toujours été) = 20/20
2. Pour un remaster au contenu pas si important que ça, limite accessoire, 4 ans seulement après sa sortie (non mais sérieux ! C’est quoi la suite ? Le remaster pour le 1er anniversaire d’un jeu ?) = 0/20 (note sanction).
Je comprendrais autant les joueurs qui iraient vers le 20 que ceux qui lui mettraient un 0.
Dommage que Naughty Dog n’ait pas suivi Santa Monica Studios, qui a sorti un dlc exceptionnel gratuit…
oh la note sanction, tu n’y vas pas de main morte mais je comprends^^
merci pour ton retour
Pour une version étendue, on aurait pu en attendre plus, c’est 100% vrai