Si la guerre est ce qui se rapproche le plus de l’enfer sur terre, alors Hell is Us en est sans doute le reflet vidéoludique le plus cru, le plus brut, le plus déroutant aussi. Dans un monde fictif ravagé par un conflit fratricide, le jeu ne vous tend pas la main. Il vous pousse dans le vide. Sans carte, sans boussole automatisée, sans marqueur de quête précis. Et vous savez quoi ? Ça fait un bien fou. Ce titre n’est pas qu’un simple jeu, c’est une déclaration d’amour aux joueurs de l’ancienne école. Ceux qui ont connu les galères, les vraies. Quand il fallait penser, lire, comprendre. Et surtout, se débrouiller. Intrigués ? La démo de Hell is US est pour rappel disponible si vous voulez y jeter un oeil.
Une excellente interview du directeur créatif de Hell is Us proposée par M2Gaming Canada
Jonathan Jacques Belletête a été directeur artistique exécutif de Deus Ex Mankind Divided
Le retour de l’exploration à l’ancienne
Ah, les années 90. Une époque bénie où lancer un jeu signifiait partir à l’aveugle, en terrain inconnu. Pas de mini-map clignotante. Pas de PNJ qui vous hurle dessus toutes les trois minutes pour vous dire quoi faire. Non. Juste vous, votre manette, et un monde à appréhender. Hell is Us ressuscite cette philosophie à contre-courant des standards modernes. Ici, vous explorez par curiosité, pas parce qu’un point d’exclamation jaune vous y pousse.
Ce concept vous évoque quelque chose ? Peut-être les premières heures passées sur Zelda A Link to the Past à tourner en rond avant de comprendre qu’il fallait brûler un buisson. Ou encore ce moment de solitude absolue dans Metroid quand vous réalisiez que le mur était destructible… si vous tiriez dessus avec le bon rayon. Ce n’était pas frustrant, c’était un minimum exigeant. Et aujourd’hui, Hell is Us prend le pari de renouer avec cette exigence, ce goût du challenge où chaque progression est une petite victoire personnelle. On salue et on encourage donc VRAIMENT cette initiative et prise de risque à contre courant.
Une difficulté pleinement assumée
Hell is Us ne veut pas être votre guide touristique. Il ne veut pas vous tenir la main. Il veut vous voir galérer, tâtonner, faire demi-tour parce que vous avez mal lu un panneau, et soudain… avoir le déclic. Ce genre d’expérience n’a pas d’équivalent ailleurs. Il n’y a que le jeu vidéo qui peut vous faire vivre ça.
Cette sensation de comprendre un univers, non pas parce qu’un personnage vous l’a expliqué, mais parce que vous l’avez déduit. Et c’est dans cette démarche que la difficulté dans les jeux vidéo prend tout son sens. Elle n’est pas là pour punir, mais pour enrichir. On ne peut d’ailleurs pas vraiment parler de « difficulté » mais plus d’implication du joueur de nos jours. Hors de question de jouer ici avec votre smartphone à côté, vous PLONGEZ complètement et totalement dans l’univers proposé.
On peut donc presque parler d’un genre à part entière : celui du jeu hermétique, où tout est là, sous vos yeux, mais où rien ne vous est donné gratuitement. Dark Souls, Elden Ring, Returnal, tous ces titres ont prouvé que la difficulté des affrontements n’était pas un obstacle, mais un catalyseur d’émotions fortes, via leur gameplay et level design exigeant.
Hell is Us s’inscrit dans cette lignée avec un twist : ici, la difficulté, c’est l’humain, vous. A la fois dans le jeu (l’histoire), mais manette en mains. Pour voir le bout de l’aventure, il faudra faire les efforts de lecture, de véritable implication, réflexion à tous les instants. Quand vous jouerez à Hell is Us, vous jouerez à Hell is Us en décidant pleinement quel chemin emprunter. On ne vous « fera pas joué à Hell is Us » avec des indications sur ce qu’il faut faire pour avancer, ce qui est radicalement différent.
Une industrie qui a besoin de ce genre de jeux
Ne vous méprenez pas. Il n’est pas question ici de dire que tous les jeux devraient être comme Hell is Us. Il faut des titres accessibles, fun, guidés. Des jeux comme Hogwarts Legacy ou Sea of Thieves sont parfaits pour découvrir l’univers vidéoludique ou simplement assister à une aventure « posée ». Ils jouent le rôle de portes d’entrée, de vitrines séduisantes pour attirer de nouveaux joueurs. Et tant mieux. Mais une fois ces joueurs accrochés, il faut leur montrer que le média peut offrir bien plus qu’un film interactif ou un défouloir nerveux.
C’est là qu’intervient Hell is Us en 2025. Son concept rappelle que le jeu vidéo, dans son essence, est un média d’interaction, de réflexion, de dépassement. Un espace où l’on se perd pour mieux se retrouver. Un terrain de jeu qui n’impose pas sa vision, mais qui vous demande de vous impliquer, de réfléchir, de lire entre les lignes. Perdre ce genre de proposition, c’est perdre une part de ce qui rend le jeu vidéo unique. Ce serait comme retirer les énigmes de Myst, les notes de journal de Resident Evil, ou la liberté sauvage de Zelda Breath of the Wild.
Alors oui, Hell is Us va en faire râler plus d’un, surtout depuis la mise en ligne de la démo. Certains vont se sentir abandonnés. Mais ceux qui s’accrocheront vivront une aventure qu’aucune autre forme d’art ne peut proposer. Réponse dans quelques semaines avec notre test du jeu.
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