Lors de l’E3 2014, Cuphead créait la sensation avec un trailer bluffant. En effet, on avait devant nous un hommage sidérant aux dessins animés typé années 30, avec l’esthétique et la musique entraînante qui vont avec. Quelques années plus tard, le titre nous parvient (enfin) et ne laissera personne insensible. Voici le test de Cuphead, une exclusivité Microsoft pour cette fin d’année 2017.
Test de Cuphead réalisé sur Xbox One, au bout de 15 heures de jeu.
Test de Cuphead : Un cuphead paie toujours ses dettes
Il était une fois, au royaume d’Inkwell Isle, deux frères Cuphead et Mugman qui ne trouvèrent rien de mieux que de jouer contre le Diable himself à quitte ou double au casino du coin. Evidement, ils perdent et contractent une dette colossale : leur âmes.
Dans sa grande mansuétude, le diable consent à les épargner s’ils ramènent les âmes des monstres locaux. Résignés, nos deux héros se lancent alors dans une aventure haute en couleurs à travers trois mondes. La forêt, le parc d’attraction et la ville serviront ainsi de décors « clichés » au soft. En pratique, à partir de la carte générale du jeu, le joueur incarnant Cuphead aura accès à trois types de niveaux en 2D. Les duels contre les boss, les run & gun et les niveaux shoot’m up en avion seront au menu de cette aventure haute en couleurs.
Test de Cuphead : Trois ambiances pour la même souffrance
Les plus nombreux sont des duels contre des boss. Sur un écran fixe, il faudra rivaliser de dextérité pour vaincre les différentes phases du monstre, de plus en plus coriaces et retors. Avant de lancer ce type de stage, le joueur peut choisir entre deux modes de difficulté : facile ou normal. En facile, l’affrontement est simplifié en skippant certaines phases dont la dernière. Au cours de celle-ci, le boss déploie ses dernières forces et prend un aspect vraiment intimidant et impressionnant. Surtout la première fois qu’on le découvre, il n’est pas rare que l’on reste pantois… erreur monumentale qui conduit au game over. Mais pas de panique ! Ici, pas de notion de nombre de vie. On peut recommencer à l’infini les niveaux. Et c’est heureux au regard de la difficulté du jeu. Si en facile on peut s’en sortir bon an mal an, il en est tout autre en mode normal : le challenge est au rendez-vous.
Les run & gun sont des niveaux de plateforme classiques, longs et difficiles. Ils sont en scrolling horizontal et parfois vertical sur de courtes sections. Dans ces niveaux, l’objectif est de récupérer les 5 pièces d’or. Cet argent durement gagné servira à acheter des items auprès d’un sympathique pnj. Une fois acquis, les nouvelles armes ou autres « charmes » seront sélectionnables depuis l’inventaire. Les charmes octroient un bonus qui peut faire la différence. Il y en a 6 au total mais un seul est équipable à la fois. Que ce soit au niveau arsenal ou bonus, il faudra bien choisir son équipement avant la bataille.
Test de Cuphead : un shooter 2D avec sa propre grammaire
Une fois lancé, le joueur ne dispose que de 3 cœurs de vie pour compléter le niveau. Pas de checkpoint, pas de cœur relâché par les mobs ni autres objets. Les premières tentatives sont ainsi généralement piteusement rapides car le moindre contact avec un ennemi fait perdre un cœur. Pour motiver le joueur (ou finir de le dégouter), un schéma post mortem montre à quelle étape le joueur est mort. Ce qui peut parfois être particulièrement rageant :
Les sauts du héros sont de 2 intensités : petit ou normal. Et oubliez le double saut, il n’y en a pas, ce qui est assez perturbant au début. Par contre, les tirs se font dans les 8 directions autour du personnage, pour un maximum d’adaptabilité aux pires situations. Le personnage peut emmener avec lui 2 armes. Une simple pression sur LB permet de switcher de l’une à l’autre. Enfin, une simple pression sur Y permet d’effectuer un dash. Celui-ci peut s’avérer salvateur ou au contraire vous mener à la mort dans la mesure où la distance parcourue est toujours la même.
Bref, la panoplie de mouvement est simple, classique et requerra pas mal d’entraînement pour espérer compléter les niveaux.
Test de Cuphead : un « Die and retry » hors du commun.
Les images parlent d’elle-même : le jeu est absolument somptueux. Le design des ennemis, des boss, les décors… n’en jetez plus la coupe est pleine ! Graphiquement, Cuphead est un joyau et surtout unique en son genre. Les musiques qui accompagnent l’action jusqu’à devenir frénétiques lors des dernières phases d’action vont rendront fous de stress ! Tous les dessins ont été faits à la main et transpirent l’amour sans borne pour l’animation des années 30. On retrouve également cela dans le design des monstres : ils ont un aspect à la fois naïfs, mignons et souvent dérangeants à la fois.
Après avoir complété un niveau, une note est attribuée à votre performance. Après les premières tentatives, elle sera en général minable. Mais elle s’améliorera par la suite grâce aux nouvelles armes etc, mais surtout grâce au skill acquis. De toute manière, le jeu vous pousse à être meilleur. Pas le choix, pour atteindre la phase finale du jeu, il faudra avoir battu TOUS les boss en mode normal. Un vrai parti pris par les développeurs qui perdra les joueurs les moins patients/résistants mais qui ravira les amateurs de défi.
En une quinzaine d’heures de jeu, je n’ai noté aucun crash ni aucune baisse de framerate. Après un échec, on peut quasi instantanément retenter sa chance sans perte de temps ! En plus d’un shooter 2D, Cuphead revêt ainsi les habits d’un die & retry sans temps mort. (Ou presque, voir plus loin)
Test de Cuphead : c’est mieux à deux ?
En 2017, qu’un titre d’une telle qualité ne soit jouable qu’en coop locale est quasiment impardonnable. C’est génial qu’il dispose de la coop « canapé » mais, diable que la coop en ligne manque cruellement !
Le second joueur contrôle Mugman (le bleu). Et dispose du même nombre de pièces d’or que le joueur 1. Il peut donc se stuffer auprès du marchand au même niveau que son comparse. Une bonne nouvelle au vu de ce qui les attend. Entraide oblige, à la mort de l’un, l’autre pourra le relever. Le ressuscité repartira avec un seul cœur de vie. Ce n’est pas la panacée mais c’est toujours ça de pris.
Avec ma compagne, nous avons joué quelques minutes ensemble. Le jeu ressemble alors à un joyeux foutoir par moment, où il est difficile de se retrouver. Un mode coopération qui demande donc de la pratique pour être performant ; au-delà du simple plaisir de jouer dans un dessin animé.
Test de Cuphead : le tableau n’est pas parfait.
S’il possède des qualités indéniables et une direction artistique à tomber, Cuphead n’est néanmoins pas exempt de tout défaut. A l’instar de l’impossibilité de jouer à deux en ligne, Cuphead n’est pour le moment disponible au lancement qu’en Anglais. Les dialogues sont néanmoins tout à fait accessibles mais les plus allergiques à la langue de Shakespeare les passeront à vitesse grand V et rateront de facto un peu de la poésie de Cuphead.
Au rayon incompréhension, les cinématiques du jeu sont une succession de… dessins ?! Comment l’expliquer quand les phases de gameplay sont des dessins animés hallucinants. C’est dommage que les éléments narratifs n’aient pas été aussi bien traités… Question de budget ?
Au rayon manque d’ergonomie, il est impossible de se téléporter d’un point à un autre de la carte générale. Encore plus gênant, il est impossible entre deux morts d’accéder à son inventaire pour modifier son équipement. Le joueur sera obligé de revenir sur la carte… Et donc se retaper des chargements longs. Surtout constatés quand on entre dans un niveau ou chez le marchand, ils sont heureusement très courts entre deux essais.
Conclusion
Attention, ne vous laissez pas berner par la direction artistique cartoonesque de très haute volée de Cuphead. Non, ce n’est pas un Mickey Castle of Illusion (Megadrive, 1990). Pour caricaturer, Cuphead pourrait être présenté comme un Shooter 2D sauce Dark Souls. Magnifique, exigeant, fluide, difficile, parfois injuste, toujours jouissif après avoir complété un niveau, Cuphead aurait pu être un chef d’œuvre. Néanmoins, l’impossibilité de jouer en coopération en ligne ainsi que quelques problèmes d’ergonomie viennent entacher l’ensemble. Reste que ces détails ne pèsent pas bien lourds pour le joueur à la recherche de challenge. Malgré ces quelques réserves (justifiées), Cuphead reste une franche réussite.
4 ans après la sortie de la Xbox One, voici le seul jeu qui me donnerait envie de l’acheter! bon test j’ai vraiment hâte d’y jouer je prie pour une version switch