Mass Effect Andromeda : un space opéra honnête mais plombé par ses mécaniques datées.
Disponible depuis le 23 Mars 2017 sur PS4, Xbox One et PC.
(Test réalisé sur Xbox One, au bout de 70 heures de jeu et l’histoire principale terminée en difficulté Normal)
Depuis la fin des années 1990, Bioware s’est taillé une solide réputation auprès des joueurs en les gratifiant de titres majeurs. Les Baldur’s Gate I et II ainsi que Knight of the Old Republic sont restés dans les mémoires. À partir de 2008, la trilogie des Mass Effect mettait les fans de science-fiction et de RPG en ébullition. 5 ans après la conclusion de ce premier arc, arrive un nouvel épisode très attendu. Voici donc le test de Mass Effect Andromeda.
Test de Mass Effect Andromeda : Maman, c’est quand qu’on arrive ?
Le pitch de départ de Mass Effect Andromeda est diaboliquement accrocheur : coloniser une nouvelle galaxie en s’affrichant judicieusement de la première trilogie Mass Effect. Ce projet fou, baptisé Initiative Andromède rassemble les races bien connues de la licence. Les Humains, Galariens, Turiens, Asaris et Krogans reprennent donc du service. Elles voyagent chacune sur leur propres vaisseaux, les « arches », et sont endormies sous l’état de stase pour pouvoir supporter les 600 ans (!) de trajet.
Dans les plans initiaux, des mondes susceptibles d’accueillir ces colons intergalactiques avaient été dûment identifiés. Mais après ces 600 ans, évidement et heureusement pour le joueur, ça ne va pas bien se passer. Sorti de votre sommeil et après le prologue, vous voilà comme dans les précédents épisodes à la tête de votre propre vaisseau et équipage, prêt à faire face aux nombreux périls d’Andromède. J’arrête là pour les détails mais sachez que l’histoire principale fait bien le job. Elle nous offre son lot de retournements de situation, de moments de bravoure et de révélations. Bref, du bon space opera solide de ce point de vue.
Test de Mass Effect Andromeda: Dans l’espace, personne ne vous entendra bailler.
Par contre, s’articulent autour de cette histoire des éléments mal pensés, mal intégrés ou paraissant datés.
Pour commencer, votre aire de jeu sera donc Andromède. Et pourtant vous ne pourrez poser le pied que sur quelques km² de huit planètes, dont six que vous, en tant que « Pionnier », devrez rendre habitables pour les futurs colons. Ces planètes ont leur propres identités, soignées mais caricaturales (on retrouve tous les archétypes habituels) et disposent de leurs propres contraintes physico-chimiques et climatiques. Vous explorerez ainsi l’aride et radioactive Eos, la glaçante Vœld, la luxuriante et crépusculaire Havarl, la sulfureuse à plus d’un titre Kadara et la caniculaire Elaaden. Mention spéciale à Havarl qui offre des points de vue parfois magnifiques et poétiques.
Ces zones seront explorables à bord de votre véhicule tout terrain, le Nomad, très agréable à conduire. Par ailleurs, on est vite très désagréablement surpris de la pauvreté de la biodiversité de la faune et de la flore. En effet, d’un bout à l’autre d’Andromède, on croise toujours les même prédateurs sauvages… pas très sérieux. En outre, les planètes visitées sont vides. Les points d’intérêts sont peu nombreux et se ressemblent tous. Bien sûr, pendant vote périple, vous croiserez des PNJ qui vous donneront des missions secondaires de qualité allant du convenable (trop rares) à l’inutile. Aller sur trois planètes rassembler des ingrédients pour pouvoir fabriquer un taboulé de l’espace…Merci beaucoup, c’est exactement pour ça que notre héros s’est tapé 600 ans de sommeil intergalactique…
Bien sûr, si ces missions anodines étaient peu nombreuses, elles pourraient faire office de pause légère au cœur d’une aventure qui soulève parfois de graves questions existentielles mais comme 80% des missions secondaires sont de cet acabit, elles deviennent vite agaçantes en servant surtout de bouche-trous. Petite précision : la quête du taboulé évoqué ci-dessus n’existe pas, je sais, ça va faire des déçus.
Ainsi quelle que soit la planète visitée, on a la vilaine sensation de refaire toujours à peu près les mêmes missions secondaires. De plus, oubliez définitivement la notion de monde ouvert. Pour passer d’une planète à l’autre, il faut compter de nombreux temps de chargement : 1 pour aller à la plateforme de votre vaisseau, 1 autre pour y monter, 1 autre après avoir sélectionné la destination puis 1 autre pour atterrir… On dirait une mauvaise blague mais non, on ne peut pas simplement aller d’une planète à une autre en un seul temps de chargement. Interminable, frustrant et cassant tout rythme alors que les missions principales sont infiniment plus troussées et passionnantes.
Heureusement, les habituelles missions de loyauté de votre équipage viennent hautement relever le niveau. Vraiment scénarisées, plus longues et variées, elles permettent de faire plus amples connaissances avec tous ces personnages auxquels on finit par s’attacher. Petit coup de cœur personnel pour Drack, le Krogan : râleur, sarcastique et de mauvaise foi mais efficace au possible dans le feu de l’action.
Pour finir, Andromède dispose de nombreux autres systèmes à « visiter »… mais qui s’articulent toujours de la même manière. Systématiquement, il sera possible de scanner une planète pour récupérer quelques matières premières, un satellite à scanner pour quelques points d’expériences puis d’autres planètes qui n’ont d’autre intérêt que leur biographie sommaire. Autant dire que, si vite compris que l’exploration est aussi peu valorisée et intéressante, on ne s’attarde guère à fureter hors des sentiers battus.
Test de Mass Effect Andromeda: JE. VEUX. ETRE. UN. KROGAN !!!
Le jeu commence par la création de votre personnage : classique, trop classique ! L’histoire nous propose un point de départ alléchant avec ces arches regroupant les races emblématiques de la série traversant l’univers. Et pourtant, vous ne pouvez créer qu’un(e) humain(e). Vraiment dommage de ne pas pouvoir incarner enfin un Krogan, une Asari ou même à la limite un Galarien. Surtout qu’au fil de l’aventure, on s’aperçoit que cela n’est aucunement justifié. Un Turien aurait pu tout aussi être le personnage principal sans que cela bouleverse fondamentalement le scénario.
Contrairement à la trilogie originale avec Sheppard, exit les notions d’alignement de votre personnage (conciliant ou pragmatique). Ainsi, les options de dialogues seront la plupart du temps réduites à deux ou trois options : sérieux, sarcastique ou autres. On ne pourra quasiment jamais se montrer vraiment cassant ou même hausser le ton, ni résoudre les missions par la voie du dialogue. Les dialogues ne sont donc que cosmétiques. Nous sommes loin de ce que Bioware a pu proposer par le passé avec KOTOR et même les Mass Effect précédents donc.
Test de Mass Effect Andromeda: Une prise en main à la hauteur
Sur ce point, on se retrouve en terrain connu et là réside le point fort du jeu. Toujours aussi agréables, les combats sont nerveux et dynamiques. Les trois arbres de talents sont toujours présents : militaire, biotique et tech. Avec ces trois classes « primaires », vous aurez la possibilité de panacher les pouvoirs/compétences. Vous pourrez donc affiner votre personnage en choisissant parmi d’autres profils de classes hybrides pour créer votre combattant ultime : 50% tech, 50% biotique mais 100% Pionnier.
De manière tout à fait classique, en éliminant des ennemis ou en remplissant des missions, votre personnage montera de niveau et apprendra d’autres pouvoirs et compétences. À noter que l’expérimentation est tout à fait possible et facilitée par la réinitialisation de vos points via une console dans votre vaisseau.
Test de Mass Effect Andromeda: Un arsenal pléthorique
Les armes emmenées avec vous depuis la Voie lactée ou d’origine locale sont nombreuses et répondent à toutes les aspirations. Il y en a pour tout les goûts avec les pistolets, les fusils d’assauts, les fusils de combat rapproché et les snipers. Il en va de même pour les armures (casques, plastrons, brassières et jambières) qui octroieront des bonus boostant les caractéristiques ou les résistances de votre personnage.
De plus, un système de craft vous permet de développer des plans puis de les fabriquer. Vous pourrez donc vraiment vous stuffer en rapport avec votre personnage. Si de prime abord, ces deux systèmes paraissent peu faciles à utiliser, ils s’avèrent vite domestiqués. Surtout que les objets que vous ramassez ou que vous manufacturez progressent en même temps que vous ! Ainsi, si vous aimez le pistolet de base, vous pouvez faire toute l’aventure avec, en remplaçant la version obsolète par une version améliorée à l’atelier ou en la trouvant par hasard dans un coffre.
Test de Mass Effect Andromeda: un point sur la technique
Du point de vu graphique, le jeu oscille entre le risible (certains visages humains pendant les dialogues, les coiffures des pnj), le magnifique (certains panoramas, les armures) et le très correct (tout le reste). J’ai noté quelques crashs à la sortie du jeu mais ils ne sont plus d’actualité grâce aux patches sortis depuis. Par contre, de nombreux micro chargements ont été constatés au cours de « l’exploration » des planètes, que ce soit en véhicule ou à pieds.
Le jeu est intégralement et correctement doublé en Français. Les effets sonores des pouvoirs et des armes sont très réussis, ce qui renforce le plaisir et l’immersion pendant les affrontements. Les musiques sont vaguement épiques pendant le combat et les moments de bravoure mais se font trop discrètes voir absentes le reste du temps. Restent quelques problèmes de missions bugguées qui empêchent de les terminer. Ce dernier point entache malheureusement l’expérience de jeu de certains joueurs.
Test de Mass Effect Andromeda: J’allais oublier le Mode multijoueur !
Le multijoueur se cantonne à un bête mode Horde jouable jusqu’à quatre en coopération, sur quelques petites cartes. Sans intérêt. Par contre, vous pouvez embaucher jusqu’à 6 groupes d’assauts. Ces derniers se chargeront automatiquement de remplir des contrats contre des récompenses accessibles en mode solo (armes, ressources). Seul point positif à ce mode multijoueur dispensable et déjà déserté.
Un beau gâchis. Voilà ce qui me reste après avoir terminé le jeu : une bonne histoire posant des bases solides pour d’autres épisodes à venir mais plombée par une exploration et des missions secondaires passéistes, nuisant au plaisir de jeu. Naïvement, je croyais que The Witcher 3 et ses missions secondaires (qui font bien ressentir toute la haine ou la peur ou le mépris suscité par les sorceleurs, ce qui du coup nourrit délicieusement la narration et l’ambiance) allaient devenir la norme…
Hélas, ce jeu sorti déjà en 2015 (!) reste une exception. Ainsi, Mass Effect Andromeda, qui aurait dû être le renouveau d’une des licences phares des années 2000 ressemble plus à un spin-off resté en stase depuis 5 ans et qui nous est distribué aujourd’hui. Bien sûr, il a des qualités indéniables avec son système de classes modulables et ses combats toujours aussi jouissifs mais les points négatifs cités plus hauts gâchent invariablement le tableau.
La note est trop sévère ? Pas assez sévère ? Vous avez des informations supplémentaires à apporter ? N’hésitez pas à commenter ^^