Jusant réussit l’impensable : proposer un gameplay riche d’escalade tout en assurant un aspect détendu et sans pression. Servie par des graphismes joliment naïfs, une musique douce et techniquement solide, cette courte aventure emporte la mise et voici pourquoi. Test Jusant réalisé à partir d’une version éditeur.
Test Jusant : le road trip d’un nouveau genre…
Les premiers plans ne laissent que peu d’espoir…
Les premières images mettent directement dans l’ambiance. Du sable, partout. Les carcasses de navires, tristes et rouillées. La désolation, omniprésente. Les conséquences du « Jusant » sont ainsi directement visibles : le retrait de toute eau laisse un véritable champ de ruines. Seule une silhouette émerge de l’arrière-plan. Un jeune homme qui semble épuisé, comme s’il avait vécu mille aventures avant de retourner chez lui. Il sera le héros non pas de ce road trip mais d’une sorte de cliff trip (voyage en falaise). En effet, Jusant nous propose un voyage vertical où notre personnage sans nom devra grimper encore et encore jusqu’à la toute fin de son voyage.
Moi j’ai tout de suite songé au tableau « Le Voyageur contemplant une mer de nuages »
Au cours de l’ascension, on comprend que l’on traverse un village complètement abandonné. Néanmoins, des échos des temps heureux subsistent. Ils prennent la forme de coquillages à écouter au creux de l’oreille, ou de journaux intimes. Et tout cela nous témoigne de la douce vie de ce paradis perdu. Collecter ces objets ou papier sera l’une des sources (ahah) pour appréhender ce monde. L’autre vient de la direction artistique en elle-même, mettant en image cette utopie ruinée par le Jusant (terme maritime qui indique le retrait de l’eau à marrée basse). Le ton reste doucement mélancolique grâce à de jolis graphismes naïfs très réussis.
La vue est belle de Là Haut
Si les premiers obstacles sont vite franchi, certains prennent des allures homériques
Jusant parvient également à séduire grâce à son approche de l’escalade. En adoptant un savant mélange entre le “chill” et la simulation. Rien que ça ?! Oui. En effet, le chemin n’est pas balisé, il faudra observer, prendre des risques. Mais ceux-ci sont parfaitement maîtrisés puisque notre personnage est à tout moment sécurisé par sa corde accrochée à des pitons. Là réside le tour de force de Jusant, proposer une expérience d’escalade solide, sans concession, faite de parois qui ressemble parfois à des énigmes mais sans oublier le volet apaisant induit par sa douce ambiance.
Je me faisais la réflexion que ces coquillages fluorescents que l’on croise dans le village ressemblent à des autels sommaires pour ceux qui sont partis…
L’aventure est relativement courte, entre cinq et six heures. Mais le temps passe vite tellement que l’on est embarqué sans être pris pour autant par la main. Surtout que l’expérience ne se résume pas simplement à grimper en alternant les gâchettes gauche ou droite. Le gameplay, plein de bonnes idées, s’enrichit vite avec la corde qui peut servir de grappin et autoriser le rappel. Les parois étant souvent assez longues à traverser, on peut même placer des pitons secondaires pour s’assurer. Entre deux escalades, notre personnage pourra aussi prendre le temps d’explorer les vestiges du villages, histoire d’en apprendre plus ou simplement s’immerger dans ce monde intrigant.
Test Jusant : accrochez vous !
Ballast, il n’a pas une conversation de dingue mais il fait très bien son travail
Sachez également que notre héros n’est pas seul dans son aventure. Il est en effet accompagné de Ballast, une petite créature dotée de pouvoirs très utiles. Si vous ne savez plus trop où aller, il pourra vous indiquer la direction et même les collectibles. Ce compagnon mignon a la capacité également d’activer certaines prises pour faciliter notre progression. Bref, un atout majeur.
Comment ne pas tomber amoureux de ce genre d’endroit ?!
Outre la direction artistique de haute volée, la musique participe aussi à magnifier ce conte. Disséminée avec parcimonie, parfois douce, tantôt mélancolique, elle accompagne parfaitement les tribulations de notre duo. Elle renforce ce côté détente, sans pression, qui se manifeste aussi par le système non punitif de gestion d’endurance ou le fait qu’à tout moment, notre héros est sécurisé et donc, ne risque pas de mourir. La sécurité oui, mais attention, certaines grandes falaises ne seront tout de même pas de tout repos !
Conclusion
Oui tout à l’heure j’étais tout en bas !
J’ai beaucoup aimé cette courte mais bienveillante aventure sortant des sentiers battus. Jusant parvient à trouver l’équilibre entre une expérience d’escalade solide et crédible, tout en étant apaisante et détendue. Cet aspect est également appuyé par une direction artistique et sonore très réussie, douce et mélancolique. Une réussite.
La note est trop sévère ? Pas assez sévère ? Vous avez des informations supplémentaires à apporter ? N’hésitez pas à commenter ^^