En tant que plateformer action linéaire, South of Midnight ne réinvente pas la roue mais parvient en revanche à se distinguer brillamment par sa forme de conte de fée contemporain. Il est émouvant par moments, et souvent spectaculaire. Il aborde des thèmes universels pouvant émouvoir tout à chacun et s’adresse à tout le monde grâce à son approche « feel good ». C’est une petite parenthèse enchantée de 10 à 15 heures, techniquement très solide. Test South of Midnight Xbox Series réalisé à partir d’une version fournie par l’éditeur.
Il était une fois, dans le Sud…
L’ouragan va dévaster Prospero, qui n’en avait clairement pas besoin…
L’histoire de South of Midnight se déroule à Prospero, qui porte bien mal son nom. En effet, cette petite bourgade est minée par la misère, dont les anciens fleurons industriels sont désormais en friche et font figure de seuls monuments historiques du coin. Bref, une localité lambda, oubliée et perdue dans le Sud. Comme si cela ne suffisait pas, un ouragan menace Prospero. Hazel, l’héroïne principale, ainsi que sa mère Lacey se préparent au pire, avec une légèreté surprenante d’ailleurs (comme si le déchaînement de la Nature était la routine).
Hazel, héroïne pleine des certitudes au début, et puis…
La miteuse caravane familiale est malheureusement emportée par une coulée d’eau déchaînée, entraînant avec elle la maman de Hazel. Cette dernière, désespérée, va alors courir après -en vain- et commencer à se découvrir des pouvoirs, le premier étant la faculté à réapparaitre à un checkpoint. Je le note maintenant mais gardez à l’esprit qu’Hazel a une formidable capacité de gestion de stress (j’y reviens plus tard, ne vous inquiétez pas).
Le manoir intimisant de sa grand-mère et les dégâts de l’Ouragan mettent Hazel dans le mal
Ayant perdu la trace de sa mère, Hazel se résigne à aller chercher de l’aide auprès de sa grand-mère paternelle. Dire que la situation familiale d’Hazel est “compliquée” est un doux euphémisme. Elle s’apparente presque à un mélange de Dallas et de Germinal. La jeune femme est une brillante sportive universitaire, qui a perdu son père décédé il y a des années. Sa grand-mère paternelle -acariâtre et hautaine- est la plus riche propriétaire de la région et n’a jamais vu en Lacey (la maman de notre héroïne) qu’une femme vénale et intéressée. Cela oblige Lacey et Hazel à survivre tant bien que mal dans la caravane susnommée. La bonne ambiance quoi.
Un sombre et brillant conte de fée à la fois
L’accueil « chaleureux » de mamie Bunny.
En effet les relations familiales vont animer l’aventure de South of Midnight et révéler des secrets surprenants et des tragédies qui laissent pantois. De plus, d’autres thèmes tragiques vont s’ajouter et cela. Hazel se retrouve donc chez sa mamie Bunny, qui l’accueille bon gré mal gré. À bout physiquement, Hazel s’endort… Et c’est là que South of Midnight bascule vraiment dans le fantastique, façon dark d’Alice au pays des merveilles. D’ailleurs, contrairement à Alice, qui s’endort par ennui et se met à pourchasser un lapin blanc jusqu’à son terrier, Hazel s’assoupit d’épuisement suite à la perte de sa mère. Elle se réveille dans une nouvelle réalité où elle va embrasser le rôle de Tisseuse, une sorte de guérisseuse dont la magie consiste à réparer les liens entre les gens et soigner les esprits.
Epuisée, Hazel s’endort et tout bascule…
Dans ce nouveau monde et dans sa quête pour retrouver sa mère, Hazel va rencontrer toute une galerie de personnages hauts en couleurs, souvent tragiques. Parfois ces derniers sont issus du folklore, avec son lot de croque-mitaine ou de figures classiques comme le bluesman vagabond. Mais le plus souvent, ce sont des habitants avec des souffrances bien terre à terre mais terribles. Chaque rencontre nous renvoie à la figure des thèmes lourds comme l’abandon, le rejet, la culpabilité, le déni. Comme notre héroïne est super sympa, elle va se mettre en tête de les aider.
La lapin sur l’étagère cachait un mécanisme me menant à une salle secrète.
Les traumatismes et les rancœurs se manifestent sous la forme de pustules à soigner. Pour ce faire, Hazel va disposer de crochets qu’elle va utiliser comme armes pour se débarrasser des lésions qui s’apparentent surtout à des mauvaises herbes envahissantes. Là, je reviens sur la gestion du stress de Hazel qui se découvre Tisseuse, avec la capacité de dasher et de double-sauter.
Test South of Midnight : Un univers riche, pour une boucle de gameplay déjà vue
Les crochets seront de précieuses armes de corps à corps lors des combats
Sans prise de conscience ni aucune panique, voilà notre héroïne virevoltante, affrontant des hordes d’ennemis sans broncher. C’est là également que je vois en South of Midnight un clin d’oeil à Alice au pays des Merveilles, cette dernière acceptant de même manière un monde parallèle onirique où les lois physiques sont altérées. Exemple : Hazel -tout comme Alice-, ne prend pas de dégâts de chute.
Un peu de plateforme puis arènes de combats, on connait le schéma.
Je parlais en introduction de jeu « feel good ». En effet, malgré des révélations atroces et parfois glauques lors des cinématiques ou des dialogues avec les PNJ, South of Midnight reste tout de même une expérience dont on ressort avec le sourire. Cela est notamment dû à la naïveté touchante de notre héroïne, qui détient une force communicative ainsi qu’une volonté sans faille d’aider son prochain et sa communauté. Un vrai conte de fée qui fait du bien.
La visite du bayou réserve bien des surprises.
L’univers de South of Midnight m’a transporté du début à la fin, grâce au background de Prospero, et ses personnages mêlant fantastique et réalité. Néanmoins, il y a des choses à redire sur la partie gameplay. Certes, les 14 niveaux disposent chacun de leur identité propre, d’une beauté souvent poétique et mélancoliquee. Mais ils s’avèrent très linéaires malgré quelques passages en dehors des sentiers battus pour récupérer de l’XP et des collectibles. Ils suivent toujours sur le même schéma.
Les courses poursuites, assez rares au final, sont dynamiques et spectaculaires
Le plus souvent, un niveau sera constitué d’un enchaînement de phases de plate forme avec des petites énigmes environnementales afin de récupérer des points de compétences, et d’arènes de combats. Le tout est entrecoupé de passages plus posés avec des dialogues entre Hazel et des PNJ. S’ajoutent à cela parfois des courses poursuites faisant la part belle au parkour et à la vitesse, puis quelques combats de boss et on a fait le tour je pense de ce que South of Midnight peut proposer. Rien de bien surprenant au fond.
Test South of Midnight : Une bande originale à tomber
Au détour d’une cinématique, l’effet « wahou » n’est jamais loin.
L’aventure, s’étalant sur une petite dizaine d’heures, est suffisamment condensée pour ne jamais lasser. Elle dispose notamment d’assez de révélations, de moments marquants et de personnages aussi forts qu’intrigants pour nous pousser à continuer. Pour renforcer le coté conte, j’ai bien aimé l’intervention du narrateur entre chaque chapitre pour faire le point sur l’histoire, sous forme de livre magnifiquement illustré.
Les illustrations entre les chapitres sont très belles.
Le résumé entre les chapitres est un petit plaisir.
South of Midnight a fait beaucoup parler de lui avec son animation en stop motion. Cette option est parfaitement désactivable pour obtenir des animations fluides en jeu. Néanmoins, les cinématiques resteront avec cet effet syncopé mais cela n’est pas gênant, mais renforce plutôt le coté film d’animation pendant les cutscenes.
Les décors sont très réussis et mettent dans l’ambiance.
Les musiques et le blues participent grandement à la beauté mélancolique de South of Midnight. Victor Hugo disait que la mélancolie, c’est le bonheur d’être triste. C’est ce que l’on ressent en parcourant le Sud, les 14 niveaux étant autant d’occasions de ressentir des émotions fortes et profondes qui peuvent résonner en chacun de nous, et de réfléchir sur des sujets pour le moins délicats.
La rencontre avec le poisson géant est grand moment de début de l’aventure.
South of Midnight est quasiment intégralement en français et dispose d’une excellente VF. « Quasiment » car certaines chansons entonnées par les PNJ ne sont disponibles qu’en anglais sans être sous-titrées (alors qu’elles semblent apporter des éléments à l’histoire…).
Test South of Midnight : Conclusion
South of Midnight est une preuve supplémentaire du savoir-faire de Compulsion Games pour nous embarquer dans des mondes atypiques, uniques et oniriques. Cette variation sombre d’Alice au pays des merveilles se déguste en un dizaine d’heures, suffisant pour s’émerveiller devant une technique irréprochable et fluide.
Suffisant également pour ne pas être lassé par une boucle de gameplay enchaînant mécaniquement la plateforme et les arènes de combat. La bande originale de South of Midnight fait partie intégrante du spectacle et vient baigner cet univers d’une douce mélancolie. Un jeu décidément classique dans son gameplay, mais sachant se détacher irrésistiblement grâce son univers, la force des sujets qu’il aborde et ses personnages, parfois comiques mais souvent tragiques. Une très belle parenthèse en vidéo ludique.
La note est trop sévère ? Pas assez sévère ? Vous avez des informations supplémentaires à apporter ? N’hésitez pas à commenter ^^