354. C’est le nombre de morts qu’il m’aura fallu pour venir à bout de Nioh après plus de 50 heures de jeu, de pleurs et d’efforts acharnés. Annoncé il y a déjà plus de dix ans, ce jeu de la Team Ninja a enfin vu le jour le 8 février 2017 après moult reports. Nioh, c’est cette boîte de Pandore du Hardcore Gaming. Celle qui a aspiré les univers d’Onimusha et de Dark Souls et qui a pour logo un bon gros doigt d’honneur. Car votre honneur de gamer, vous le perdrez en jouant à Nioh. Oubliez votre « soit disant skill », votre « expérience » dans le jeu vidéo. Avec Nioh, vous repartez au plus bas de l’échelle sociale du jeu vidéo. Vous ressentez ce qu’a pu ressentir votre grand mère le jour où celle-ci a pu tenir une manette pour la première fois entre ces mains. Vous commencez une nouvelle vie de joueur, pour le meilleur et pour le pire.
Test Nioh PS4 réalisé à partir d’une version commerciale.
Test Nioh PS4 : un jeu qui confirme son potentiel
Cet été déjà, je vous parlais de ce jeu qui m’avait laissé une très bonne impression (retrouvez le test de la version alpha par ici). À ce moment, le titre sentait déjà bon malgré des lacunes techniques et plusieurs interrogations (difficulté, gameplay, musique, environnements…).
Plusieurs mois plus tard, sur la version définitive, la plupart des interrogations ont trouvé leur réponse. Oui Nioh est un excellent jeu d’aventure à la direction artistique et au gameplay (presque) maîtrisé. Le pari de s’inspirer de la franchise Dark Souls sans pour autant n’être qu’un vulgaire copier-coller est donc réussi haut la main.
Nioh est un titre qui possède sa propre identité. Des combats avec une barre d’endurance à la Dark Souls certes mais avec une richesse de techniques nettement supérieure. Outre les différents styles de combat (Katana, double Katana, lance, hache, kusarigama), vous pourrez adopter 3 postures différentes (basse, moyenne et haute) pour porter différents coups plus ou moins violents à vos adversaires.
Ces derniers ont des points faibles qui ne pourront être révélés qu’avec la bonne posture, le bon timing et bien entendu la bonne arme et /ou élément associé. Bref, de ce côté là, le jeu force le respect puisque le gameplay est tout simplement jouissif et vous demandera de nombreuses heures avant de commencer à le maîtriser. On ne devient pas un samouraï en ouvrant une pochette cadeau comme dirait mon Senseï.
Test Nioh PS4 : un gameplay incroyablement riche
Le gameplay, c’est d’ailleurs la force principale de Nioh. Techniquement, le jeu est par moments complètement à la ramasse, par moments passable et par moments sympathique à regarder. Cependant, celui-ci ne vous offrira jamais un panorama derrière lequel vous vous arrêterez bouche bée. La faute à un moteur qui sent tout simplement l’ère PS3 / Xbox 360 optimisé pour les PS4 et Xbox One et des textures bien pauvres.
Pour compenser ses lacunes techniques, le jeu vous offre la possibilité de jouer en mode Cinéma avec 30 fps (graphismes plus fins) ou mode Action avec 60 fps (graphismes moins détaillés). Sincèrement, vu la difficulté du jeu, optez directement pour le mode Action pour la lisibilité de l’action et donc la précision de vos techniques. Vous ne perdrez pas grand chose.
Mais pour en revenir au gameplay à proprement parlé, celui-ci se décortique de la manière suivante : scène cinématique (souvent bien réalisée et avec des personnages franchement stylés), début d’un niveau >>> boss. Par la suite, vous pourrez débloquer de nombreuses missions secondaires dans lesquelles vous pourrez trouver des équipements et des esprits protecteurs qui vous aideront dans votre périple.
Pour venir à bout de ces niveaux, vous pourrez compter bien évidemment sur vos armes mais également sur certains sorts magiques et bien entendu, votre esprit protecteur. Celui-ci vous permettra de libérer une attaque dévastatrice, bien utile lorsque vous êtes en galère face à plusieurs ennemis ou pour venir à bout d’un boss scandaleusement difficile (j’y reviendrais plus bas).
Côté items, vous disposerez de vos Elixir pour vous soigner. Ces derniers sont uniquement au nombre de 3 au début de chaque nouveau chapitre. Pour augmenter votre stock, vous devrez trouver les Kodama, des petits êtres verts vous permettant d’obtenir jusqu’à 8 Elixir. Autant dire qu’il ne faut pas faire le malin et cherchez ces foutus bestioles pour ne pas vous retrouver face au boss final de la zone avec seulement 3 potions.
Côté armures et armes, vous serez servis. Mais genre vraiment bien servi avec une formule salade, tomate, oignons avec supplément double fromage + galette de pomme de terre + couscous en dessert. Je vais faire simple : de toute ma vie de joueur, je n’ai jamais vu autant d’armes, d’armures et d’équipements différents. C’est une force du jeu, mais également un sacré défaut puisque chaque ennemi vous lâchera une flopée d’armes que vous posséderez déjà.
Pour vous en débarrasser, vous devrez passer par la case « Sanctuaire » afin de les démanteler ou faire des offrandes pour récupérer de l’Amrita (vos âmes qui servent à monter de niveau dans le jeu). Bref, être obligé de passer par un menu « Kamoulox » pour démanteler, récupérer des items, offrir des armes, des armures, récupérer des Amrita afin de progresser dans le jeu, casse énormément le rythme du jeu. Concernant la progression d’ailleurs, là, on baigne clairement dans du Dark Souls. Trépassez à un endroit, et vous devrez revenir où vous avez été « libéré de ce bas monde ».
Vous allez tisser un lien particulier avec l’écran de Game Over de Nioh qui vous balancera cette petite musique vous incitant à rester Zen tout en marmonnant un « ta mère la grosse p…. » dans votre barbe. Je me suis même surpris à inventer des insultes qui n’avaient ni queue ni tête et à parler à des ennemis en particulier du jeu. Bref, il y a vraiment de quoi devenir fou par moments. Les trente premières heures de jeu constituent donc un challenge pendant lesquelles l’espoir de ne plus mourir aussi « souvent » est entretenu. On s’accroche, on y croit en se disant que les choses vont changer, que le travail paye toujours, que…rien du tout ouais.
Quelle naïveté surtout.
Test Nioh PS4 : 30 premières heures passionnantes mais épuisantes
Oui, les trente premières heures de Nioh sont passionnantes mais épuisantes. Malgré ses graphismes datés, on découvre peu à peu toutes les possibilités du jeu. On range vite son épée harakiri (qui vous permet de vous suicider dans le jeu, oui, c’est sérieux) et on parvient de temps en temps à réaliser des enchaînements de toute beauté. Entre temps, quelques boss auront réussi à vous rendre fou mais en persistant avec une bonne force mental, vous arriverez à en venir à bout. À ce moment là, on se dit alors que comme dans Dark Souls, le « pire » est passé et que c’est en « retenant » les leçons du jeu que l’on deviendra un véritable samouraï. Que le jeu est dur mais que finalement, avec l’expérience, on réussira à aller au bout malgré tout.
Je ne me suis jamais autant trompé de toute ma vie et je vais vous faire une confidence : le jeu m’a foutu le doute. Le doute de savoir si j’allais ragequit avant la fin. J’ai d’ailleurs à un moment (vers la fin) songé a arrêté de jouer. Un sentiment que j’avais eu dans Dark Souls premier du nom mais dans les 20 premières heures de jeu…Pas après être monté niveau 98 et avoir farmé mes armes et équipements au maximum…
Passé les trentes heures, c’est donc la déception de faire face à un jeu qui vous troll qui l’emporte sur le reste. Le sentiment de Rage Quit est omni-présent quand on se retrouve face à des ennemis recyclés variant légèrement leurs attaques d’un poil de zizi pour vous tuer en 2 coups. Et ce, malgré toute votre expérience et votre patience. Le jeu entre dans une dimension où le skill et uniquement le skill détermine l’issue des combats. La moindre esquive, la moindre génération de Ki, le moindre coup se compte.
La concentration est au maximum car Nioh ne se laissera pas faire. À l’image d’un samouraï mourant, le jeu lutte jusqu’au bout. Ce n’est pas pour rien d’ailleurs que les coups les plus difficiles à placer dans le jeu sont ceux provoquant la mort des ennemis ou des boss. Là, on entre dans quelque chose de différent par rapport à Dark Souls ou Bloodborne. Le combat n’est pas seulement dans le jeu, il l’est également avec vous même et votre capacité de maintenir votre sang froid, votre concentration et votre détermination à vouloir achever vos ennemis, à vouloir progresser. Seuls les plus déterminés iront au bout.
Comme dit plus haut, le bestiaire, bien que réussi dans l’ensemble, manque malheureusement de variétés pour entretenir votre intérêt et votre « respect » envers les ennemis que vous rencontrerez passé la trentaine d’heures. Vous ne comprendrez pas comment des ennemis que vous avez appris à connaître, à trucider par coeur, parviennent désormais à vous liquider en deux coups tout en ne connaissant pas la fatigue. De plus, ces derniers vous imposeront des zones dans lesquelles votre barre d’endurance sera bloquée et ne remontera pas, à moins de réussir parfaitement vos régénérations de KI (à effecteur dans un timing parfait bien entendu hein). Manquez vos attaques et vous assisterez impuissant à votre mort, sans rien pouvoir faire. Et je ne parle ici que des ennemis lambda que vous rencontrerez.
Car là où le jeu part littéralement en sucette et tombe dans le piège du hardcore gaming à outrance, qu’a su éviter un Dark Souls ou un Bloodborne, c’est au niveau de certains boss totalement fous. Là, j’étais pas loin de la camisole de force.
Test Nioh PS4 : une troisième partie du jeu beaucoup trop hardcore
Comme dit plus haut, ce qui vous attends dans la troisième et surtout la dernière partie du jeu est une épreuve mentale. Je ne veux pas vous spoiler, mais les boss iront de pire en pire. À chaque fois qu’une nouvelle atrocité se mettra en travers de votre chemin, vous l’affronterez avec la peur au ventre et la certitude que vous mourrez de toute manière dès la première tentative. Il n’y a qu’un seul boss que j’ai pu battre du premier coup avec une extrême concentration et une chance assez incroyable. Tous les autres m’auront démembrer au minimum une vingtaine de fois chacun. Et quand vous devez vous retaper le trajet pour arriver jusqu’au boss (qui n’est certes pas très long mais reste un trajet), votre motivation est mise à RUDE épreuve.
Car si vous pourrez progresser au niveau de vos armes et de votre niveau (je suis monté jusqu’au niveau 98 pour un premier run encore une fois…), les boss n’auront que faire de vos progrès. Manquez votre timing, vous mourrez. Attaquer au mauvais moment, vous mourrez. Lancez le boss, vous mourr…oh wait. Oui, certains boss vous tueront dès leur première attaque sans vous laisser la possibilité de pouvoir récupérer vos Amrita. Même pour récupérer vos âmes, vous devrez être concentré comme jamais.
Encore une fois, pour pouvoir franchir ce cap dans ma vie de joueur, j’ai dû faire preuve d’une concentration de tous les instants et d’un calme de…samouraï. Vous pouvez imaginer des jeux difficiles mais vous ne pouvez pas imaginer ce que Nioh impose en tant qu’épreuve pour votre amour propre. Vous vous sentirez sale par moments, faible, vous vous poserez des questions, vous remettrez en cause toutes ces années où vous avez joué à la console. Vous chercherez des réponses en cherchant les points faibles, en testant vos équipements et autres éléments pour trouver LA bonne solution. Mais même là, le jeu pèche par excès. Même là, trouver la solution est un véritable parcours du combattant.
Test Nioh PS4 : trop d’équipements, tue l’équipement
Comme dit plus haut, je n’ai jamais vu autant d’équipements, d’armes et d’armures différentes dans un jeu d’aventure. Le travail réalisé à ce niveau est absolument incroyable, surtout que les armures et les armes sont sublimes. Cependant, vous vous retrouverez par moments avec plus de 50 armes différentes parmi lesquelles vous pourrez monter de niveau et développer votre « familiarité » afin d’être efficace au maximum sur vos combos. Là, c’est la maison des fous dans Astérix.
De plus, l’arbre des compétences (sur lequel je cherche toujours à comprendre la logique d’affichage…) vous proposera de débloquer des attaques inédites…seulement après avoir terminé des missions spécifiques dites « Crépuscules » et qui vous proposent de parcourir de nouveau un niveau avec des ennemis plus puissants et un boss encore plus redoutable que celui qui vous a fait souffrir pendant 2 heures.
Psychologiquement, le jeu vous impose donc de passer par les enfers afin de débloquer des attaques stylées et des titres que vous pourrez afficher lors de vos parties online. Cette pratique est à mes yeux surréaliste et vraiment réservée aux fous. Je veux dire…Imaginez que vous venez de passer 3 heures sur un boss. Vous voulez passer à la zone suivante pas vrai ? Je veux dire je ne suis pas fou sur ce coup, nous sommes d’accord. Et bien dans Nioh, on vous dit à la fin de ces 3 heures, ce boss est une blague, fais le noob en passant à la zone suivante ou tente de le tuer avec son véritable niveau dans une mission crépuscule. Ta récompense sera une compétence supplémentaire.
C’est à ce moment que j’ai insulté pour la première fois la mère d’un jeu vidéo.
La mère.
D’un.
Jeu.
Vidéo.
Test Nioh PS4 : conclusion
Non Nioh ne m’a pas déçu car il propose quand même une expérience unique, un univers réussi et une direction artistique des plus soignées. Alors oui, le scénario ne restera pas dans les mémoires mais la mise en scène, les musiques, la présentation des boss ne vous laisseront pas indifférents. En termes de gameplay et techniquement, le jeu affiche de très belles choses mais également des lacunes certaines. Au niveau de sa difficulté, celle-ci souffre surtout du recyclage des ennemis et de certains boss complètement cheatés sur la dernière partie du jeu.
Mais dans l’ensemble, la Team Ninja tient ici une licence qu’il sera intéressant de suivre dans les années à venir. En prenant en compte les critiques des joueurs, nul doute qu’une suite à ce jeu ne pourra qu’aller dans le bon sens. Aller au bout de Nioh reste une expérience particulière que je recommande à tous les joueurs qui veulent se tester face au défi et qui n’ont clairement pas peur de mourir encore, et encore. C’est un délire particulier qui contrairement à Dark Souls ou Bloodborne, plaira à moins de monde.
T’es devenu fumeur de cigare tellement tu l’as eu au bord des lèvres?
Comme je t’ai dis, là c’est le stade au dessus de la PLS
La PLS et dans la baignoire pour laver le peu de dignité qu’il reste une fois qu’on a joué au jeu
P L S !!!!!