Banishers Ghost of New Eden est un action-RPG d’excellente facture. Sa direction artistique et son gameplay fusionnel autour du duo de bannisseurs façonnent une aventure passionnante et séduisante. Entre exploration, combats et enquêtes, qu’il est bon de se perdre dans cet univers surnaturel sans merci, mature et sans concession. Au-delà de l’intrigue principale autour de la levée d’une malédiction, le soin apporté à l’écriture des amants maudits en font un couple mémorable et touchant. Pour les amateurs d’action-RPG à l’ancienne, foncez, vous serez ensorcelés. Test Banishers Ghosts of New Eden réalisé à partir d’une version éditeur.
Pas les bienvenus au Paradis…
L’accueil dans le Nouveau Monde est plutôt glacial
Bienvenue à New Eden, Nouvelle Angleterre, en 1695. Enfin bienvenue, c’est vite dit. Dans cette charmante bourgade, une malédiction sévit et provoque maladie, folie et morts à foison. Ces symptômes et les lieux rappellent forcément le mythe de Cthulhu… sans être explicitement lié. Bon, il y a bien quelques allusions, par exemple à la ville de Providence, centrale de l’œuvre de Lovecraft… De toute manière, l’imbrication serait anachronique. Néanmoins, on sent bien l’ambiance oppressante d’une force incommensurable qui hante les lieux et les esprits.
Le duo de bannisseurs, la mentor et l’apprenti
En somme, règne une ambiance baignant allégrement dans du Cthulhu. Mais c’est surtout pour mettre l’accent sur la puissance évocatrice du lore et de cet univers qui foisonne de mystères, de surnaturel et de cruauté. C’est une très grande force de ce jeu d’aventure. Au-delà du fond, la forme se met au diapason pour proposer une direction artistique à la hauteur et sombre. Les décors participent grandement à instiller une aura énigmatique et ténébreuse à souhait. Ici, tout est possible et tout va arriver. Soyez prêts.
La DA au service d’une ambiance et d’une tension très inconfortables
Ainsi à New Eden, les habitants des environs vivent un véritable enfer. Beaucoup sont hantés et c’est là qu’intervient un binôme de bannisseurs spécialement engagés par les autorités locales pour remédier aux maux surnaturels. Ces deux experts en bannissement de fantômes viennent de la Vieille Europe. Eux, comme nous à la manette, vont découvrir tout un Nouveau Monde à explorer, appréhender et en quelque sorte soigner de la folie des Hommes. Mais ce n’est pas tout, un drame fondateur qui peut parler à tout le monde va achever de faire de cette aventure une épopée remarquable et inoubliable…
Bannisseur, c’est une bonne situation ça ?
La complicité évidente et l’admiration mutuelle de ces deux là sont très touchantes
Les bannisseurs sont des mercenaires, des sortes de chasseurs de fantômes. Pas un culte, pas de dimension religieuse (du genre Inquisition), ils se rapprochent des Sorceleurs. D’ailleurs, eux aussi ne sont pas forcément bien vus par la population. Ils font eux aussi parfois office d’oiseaux de malheur, comme si c’était eux qui apportent les problèmes…
Le quotidien du bannisseur, enquêter, explorer, bannir
De plus, les deux bannisseurs, Antea et Red sont en couple. La mentor et son apprenti forment une équipe complice, charmante et touchante. Et cela va se confirmer lors d’un prologue sidérant (et affiché dans le synopsis du jeu de base). Ne lisez pas la suite de ce test à partir de maintenant si vous ne voulez pas être spoilé par l’introduction du jeu.
Les temps de chargement lors des déplacements rapides nous offrent de sacrées œuvres d’art très sombres
Si vous êtes toujours là, c’est que vous voulez en savoir plus. Et donc, pour cause : Antea meurt et hante désormais son compagnon. Je dois parler de cet événement car cela va conditionner absolument TOUT le gameplay de cet Action RPG.
On peut même parler de traumatisme, autant pour le couple que pour le joueur. En effet, pendant les quelques heures du prologue, nous contrôlons Antea, au charisme magnétique et on le sent, à l’expertise sans faille dans son domaine. Flanquée de Red, plus effacé, c’est elle qui mène la danse et les débats. La voir ainsi réduite en esprit hantant son compagnon met un uppercut…
Test Banishers Ghosts of New Eden : L’amour fusionnel
Un bref moment de complicité dans une éternité de combats
Cet événement va tout changer. Que ce soit en termes d’histoire mais aussi de gameplay. Les deux tourtereaux ne partagent plus la même dimension mais restent d’une complicité sans faille. Que ce soit en combat, en exploration, ou encore pendant les enquêtes, la complémentarité des deux amants maudits va enrichir comme jamais l’expérience délivrée par Banishers : Ghost of New Eden. Et en faire un jeu d’aventure mémorable et marquant.
Les boss sont difformes monumentaux et spectaculaires
En termes d’histoire pour commencer. Loin de faire la morale, le jeu pose une question simple : pour faire revenir l’amour de votre vie, jusqu’où êtes vous capable d’aller ? Pendant les missions secondaires de cas de hantise sur des colons, on a la possibilité de faire preuve d’égoïsme absolu et de ne penser qu’à faire revenir Antea. Ou au contraire commencer le travail de deuil. Cela rappelle en plus fort émotionnellement un précédent jeu Vampyr (2018) par les mêmes développeurs, autour du sacrifice de vies humaines pour son propre intérêt ou au contraire les épargner.
L’exploration et la curiosité sont récompensées. Un régal.
Ensuite, dans les combats, on peut alterner d’une simple touche entre Red et Antea. L’apprenti dispose de toutes techniques du guerrier pour se battre au corps à corps et à distance, l’ajout de la puissance surnaturelle d’Antea va grandement dynamiser les affrontements. Capable de se projeter sur de longues distances, ou de figer les adversaires, ses techniques enrichissent et donnent un sacré dynamisme au système de combat. Ces deux là sont résolument fusionnels, même par delà la mort…
Un Action RPG à son apogée
Un jeu AA suffisamment bien fait pour retranscrire la lassitude du combattant sur le visage de Red
Dans cet action RPG à la troisième personne, les premières heures laissent un peu perplexe quant à l’exploration. En effet, les zones initiales sont sous forme de couloirs peu engageants. Mais heureusement, elles ne sont absolument pas représentatives de la suite. Après le prologue, le jeu s’ouvre et s’avère d’une générosité sans faille, et la curiosité, toujours récompensée. Des raccourcis, des trésors, des nids de damnés à purifier, des ressources à récolter pour améliorer son arsenal, il y a toujours à faire et à s’émerveiller devant cette nature sauvage à bien des égards. Un régal très chronophage.
Des scènes touchantes à la Ghost, l’amour survit-il par delà la mort ?
Par ailleurs, l’aspect old school de ce jeu d’aventure a un côté réconfortant et confortable. La carte affiche les points d’intérêt, les différents chemins disponibles et les zones inaccessibles pour le moment. Désuet, mais cela fonctionne très bien. Attention, il faudra être tout de même vigilant pour ne pas se perdre ! Le Nouveau Monde n’est pas servi complètement sur un plateau non plus. Avec une map consultable à tout moment et avec pléthore d’informations, tout est là pour explorer New Eden avec voracité et gourmandise. Par contre, j’ai constaté par endroit des baisses de frame rate. Heureusement, rien de rédhibitoire.
On se demande ce qui est le plus sauvage : la Nature ou l’Homme ?
Enfin, Banishers Ghost of New Eden est intégralement en français. Les doublages sont d’excellente qualité et participent à donner de l’épaisseur aux personnages. D’ailleurs, au-delà de la chasse aux esprits, le couple fusionnel en lui-même est un des grands atouts de ce jeu qui s’aventure dans l’intime avec douceur et justesse. Les habitants de la région de New Eden disent avoir perdu la notion du temps. Comme ensorcelés par la folie ambiante, ils sont coincés dans un hiver éternel. Moi aussi j’ai eu cette impression de temps suspendu avec cette aventure addictive et très difficile à lâcher. Je n’en suis qu’aux deux tiers, avec déjà 50 heures de combats, d’exploration et d’enquêtes. Oui je suis ensorcelé.
Conclusion Test Banishers Ghosts of New Eden
Antea et Red, à la vie, à la mort.
Tombé en désuétude, le genre Action RPG trouve ici un excellent représentant. Banishers Ghost of New Eden propose un univers accrocheur, avec des échos au mythe de Cthulhu et de The Witcher. Il parvient tout de même à forger sa propre personnalité, à proposer une mythologie puissante. Espérons que cela augure des suites aux aventures des amants bannisseurs, héros malgré eux d’une aventure à la vie, à la mort, pour le meilleur et pour le pire. Pour le joueur, ce n’est que pour le meilleur.
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