Test Black Myth Wukong : le GOTY, vraiment ?

Attendu depuis des années comme le messie des jeux AAA made in China, Black Myth Wukong a fait une entrée fracassante sur le marché le 20 août dernier. En quelques jours, il est devenu le jeu solo le plus joué en simultané sur Steam. Ce succès indéniable s’explique en partie par ses performances techniques sur PC mais pas que. Cependant, si Black Myth Wukong a de nombreuses qualités, il n’est peut-être pas encore prêt à être considéré comme un incontournable. Bien loin des « polémiques » et autres « drama » liés à la sortie du jeu, nous nous sommes concentrés de notre côté sur l’expérience proposée manette en mains. Test Black Myth Wukong réalisé à partir d’une version commerciale. Screenshots et extrait vidéo tirés uniquement des trois premiers chapitres pour limiter les spoilers. 

Test Black Myth Wukong  : graphiquement perfectible sur PS5

Visuellement, Black Myth Wukong se montre globalement séduisant, mais sur PS5, le tableau n’est pas aussi reluisant qu’espéré. Le jeu, malgré son ambition, souffre de quelques problèmes d’optimisation notables. Il y a bien quelques rares freezes qui viennent perturber l’expérience, mais ce sont surtout les textures baveuses qui apparaissent sporadiquement lors de l’exploration qui trahissent un manque de finition. Attention, nous ne sommes pas sur un titre aux fraises concernant son optimisation. Dans l’ensemble, Black Myth Wukong reste magnifique et très agréable à parcourir.

L’introduction du jeu est monstrueuse. Une des plus marquantes sur Playstation 5.

Graphiquement, le jeu est une réussite indéniable. Un des titres de 2024.

Mais malgré toutes ses qualités graphiques, le jeu peut parfois être très grossier dans « l’exploration pénible ». Ce rocher à gauche n’a pas eu ses textures « chargées » et il restera ainsi.

En mode qualité, le jeu est plus fin mais clairement injouable selon moi vu la nervosité du gameplay. Dommage car on soulignera encore une fois de très nombreux paysages magnifiques à découvrir. Si Black Myth Wukong n’est pas le plus beau jeu de la PS5, il reste un des titres phares à découvrir de part quelques panoramas vraiment convaincants. Voici quelques extraits :

Les effets de lumières sont sublimes

Le genre de plans qui donnent envie de partir à l’aventure

La direction artistique envoie du lourd

Je pense que vous avez compris : le titre sait se montrer magnifique sur PS5

Le mode performance, bien qu’agréable, reste largement perfectible, notamment en ce qui concerne la réactivité des commandes. Soigner son personnage, lancer un combo ou esquiver un coup peut parfois se révéler frustrant en raison de ce manque de fluidité total bien loin d’un Returnal. De plus, et en raison d’une exploration aux fraises (voir plus bas dans le test), certains bugs WTF peuvent parfois se déclencher.

Exemple d’un bug WTF intervenu durant ma partie

Il était donc important de rappeler que les « louanges » graphiques autour du jeu concernent la version PC et que sur PS5, bien trop de personnes ont la mémoire courtes en parlant de GOTY concernant les graphismes. Non, Black Myth Wukong n’est pas le plus beau jeu de tous les temps sur console. Voici donc quelques screenshot comme piqûre de rappel. Et on parle ci-dessous d’Open World dont certains n’ont quasiment pas de murs invisibles (j’y reviendrai plus tard) et ont été lancé il y a parfois plusieurs années.

Red Dead Redemption 2 (2018)

The Witcher 3 (2015, version PS5 optimisée 2022)

Horizon Forbidden West (2022)

Demon’s Souls PS5 (2020)

Ghost of Tsushima (2020)

Returnal (2021)

Heureusement, la direction artistique du jeu parvient à nous faire très rapidement oublier ces défauts techniques. Les paysages inspirés de la mythologie chinoise sont immersifs et envoûtants, créant une ambiance unique. Mais soyons clairs : sur PlayStation, n’attendez pas les performances d’un très bon PC.

Encore des textures « oubliées » à gauche. Pas un drame mais cela fait tâche en comparaison de certains décors.

Il est donc à se demander si Sony ne compte pas utiliser ce titre comme une vitrine pour sa prochaine console. En l’absence d’une version physique pour les collectionneurs et face à ces petits couacs techniques, il semble prudent de ne pas se précipiter dès à présent sur la version PS5. Mon petit doigt me dit que le jeu pourrait tourner bien mieux sur la prochaine génération. Note : le titre aura désormais bien une version physique.

Le Gameplay : des combats nerveux et satisfaisants

Là où Black Myth Wukong brille véritablement, c’est dans ses combats. Nerveux, dynamiques et offrant une multitude de boss (peut-être même trop), le jeu vous pousse dans vos retranchements. Impossible de foncer tête baissée sans maîtriser les mécaniques mises à votre disposition. À l’image de titres comme Bloodborne ou Sekiro, l’esquive est votre meilleure (et seule) alliée, et les influences de Nioh se font également sentir avec des postures variées pour les attaques puissantes.

Les ennemis secondaires et les « sous boss » comme les esprits servent vraiment d’échauffement avant les gros morceaux. De quoi expérimenter vos techniques et peaufiner votre jeu d’esquives.

Le timing est crucial : une esquive parfaite peut générer un clone temporaire pour enchaîner des combos dévastateurs. Concernant la difficulté, attendez vous à souffrir sur certains boss, même si la plupart ne m’ont franchement pas plus posé de problèmes que cela en me préparant comme il faut. La marque des très bons jeux.

La progression de votre personnage dans le jeu est d’ailleurs bien pensée, avec la possibilité d’améliorer armes, armures et techniques. Le tout fonctionne par « étincelles » que vous pouvez attribuer / retirer selon vos besoins. Il s’agit de sortes de points de compétences que vous pourrez par exemple attribuer à fond sur la santé, l’endurance, la technique, les sorts etc…à n’importe quel moment. Les « feux de camps » servant surtout à créer des armes, armures, concocter des potions et repenser « vos sorts ».

Simple, efficace, certains boss ont le style qu’il faut, quand il faut.

Une fois l’aventure entamée, vous serez également confronté à des « esprits » que vous pouvez capturer et élever, à la manière des invocations dans Elden Ring. Ce système, bien qu’intéressant, ne m’a personnellement pas beaucoup servi, mais il est tout de même efficace pour ceux qui souhaitent varier leur approche des combats.

Lui il m’aura quand même bien fait galérer. Mais il y est passé ^^

L’ensemble est magnifié par une bande sonore convaincante et des doublages en chinois ou en anglais d’excellente facture. La manette en main, le plaisir est réel durant ces combats, surtout pour les amateurs de Souls-like habitués au style. Pourtant, un aspect crucial à mes yeux, souvent sous-estimé dans les critiques, mérite une attention particulière : l’exploration et son level-design plus que décevants. Et je ne parle pas du fait que le jeu soit découpé en chapitres ou ne soit pas en monde ouvert hein. Le jeu est tout simplement très mal pensé dans la progression des niveaux.

Level Design : une exploration frustrante et mal conçue

Aucun suspens depuis un bon moment : Black Myth Wukong n’est pas un open world. Cela ne me pose pas de problème en soi, car le jeu se structure en six chapitres bien définis. Si vous décidez de tracer en ligne droite, la production de Game Science peut se terminer en une vingtaine d’heures, mais ce serait une erreur. En prenant le temps de découvrir chaque recoin et de maîtriser le gameplay, le jeu peut s’étendre sur 30 à 40 heures, voire plus si vous vous engagez dans les quêtes annexes. Certes, on est loin de la durée de vie d’un Elden Ring, mais ce n’est pas nécessairement un défaut.

L’exploration est récompensée dans le jeu car elle vous permettra de progresser, débloquer des esprits et développer vos compétences. Mais elle est franchement pénible.

Ce qui fâche réellement avec Black Myth Wukong, c’est son level design, partie intégrante de son exploration. Game Science, bien que talentueux dans certains aspects, montre ici un manque flagrant d’expertise. Les murs invisibles sont légion, bloquant constamment l’exploration et créant une frustration immense. On se retrouve souvent à suivre des pistes qui ne mènent nulle part, et cette répétition finit par briser l’immersion. Sans carte pour se repérer et avec des zones qui se ressemblent par manque de travail dans leur conception, on tourne souvent en rond, aggravant la sensation d’être perdu. Voici quelques exemples concrets en images.

Ce n’est pas une blague : je suis bloqué. Impossible d’aller de ce côté…

Impossible d’aller de ce côté également, je dois passer complètement à gauche pour descendre. POUR-QUOI

Cet exemple est fou : je vous promets, impossible d’aller plus loin…

Je viens de là bas…Mais pour y retourner, je dois faire tout le tour. Impossible d’avancer ici également….Je confirme la « confusion dans la montagne ».

Ce portail est située au bout d’un chemin. Je vois qu’il est entrouvert. Je me coltine donc le trajet pour m’y rendre…Et me voilà bloqué. Impossible d’avancer….Et quelques instants plus tard…

Un autre endroit avec littéralement moins de places pour avancer. Et là, je peux me faufiler. POUR-QUOI

L’absence de carte ne poserait pas autant de problèmes si le level design était donc plus maîtrisé. Mais ici, chaque détour (et je n’exagère pas) semble se heurter à une barrière invisible, ce qui limite grandement le plaisir d’explorer. Dès le chapitre 2, le jeu tente de s’ouvrir un peu plus, mais l’expérience reste largement en deçà des attentes. L’exploration, pourtant cruciale dans ce genre de jeu, semble ici bien trop secondaire mais surtout très mal intégrée. Le sentiment est renforcé par le manque de surprise et de mystère dans les environnements, qui, bien que magnifiques, manquent vraiment de vie et de profondeur.

Un dernier pour la route : impossible d’avancer et de monter. POURQUOI avoir proposé un tel décor si l’on ne peut s’y rendre. La confusion est vraiment totale et gangrène toute l’exploration du jeu. Quel gâchis.

En avançant dans le jeu, la répétition des schémas devient évidente : on découvre une nouvelle zone, on marche quelques centaines de mètres, puis on tombe sur un boss. Ce cycle se répète dans les premières heures, et même si les combats restent plaisants, l’exploration finit par devenir une corvée. L’absence d’ennemis secondaires dignes d’intérêt et la prévisibilité des rencontres avec les boss finissent par affaiblir considérablement l’expérience globale.

Mais heureusement, Black Myth Wukong tape fort dans sa mise en scène et et son histoire. Inspirée de la légende du Roi Singe, l’intrigue est captivante et bien racontée. On en vient alors à « accepter » ce level design en purée et à fermer les yeux / serrer les dents sur ce point pour aller plus loin dans l’aventure.

Test Black Myth Wukong : une histoire captivante et subtilement dévoilée

Le scénario de Black Myth Wukong s’inspire directement du célèbre roman chinois Le Voyage vers l’Ouest, qui retrace les aventures de Sun Wukong, le Roi Singe. Vous incarnez ce personnage mythique, un être aussi puissant que rusé, cherchant à atteindre l’immortalité tout en luttant contre des démons, des dieux et diverses créatures surnaturelles. La réalisation du jeu alterne entre scènes cinématiques doublées avec le moteur du jeu, dialogues de PNJ mais aussi cut-scènes originales entre les chapitres, donnant clairement envie d’en savoir plus sur l’univers du jeu.

Game Science a su se démarquer avec son propre univers. Il ne lui manque plus qu’un véritable Level Design digne de ce nom pour en faire un titre vraiment culte.

L’histoire débute avec Sun Wukong en quête de rédemption, marqué par ses erreurs passées. Il tente de se libérer de ses anciennes chaînes, à la fois littéralement et métaphoriquement, en affrontant les conséquences de ses actes. Au fil de l’aventure, il croise la route de nombreuses figures mythologiques et doit relever des défis colossaux pour retrouver sa place parmi les cieux. L’intrigue explore des thèmes profonds comme la réincarnation, le karma et la lutte contre son propre destin.

Le jeu vous plonge dans un univers où la frontière entre réalité et mythe s’efface. Les dialogues et les interactions avec les personnages secondaires révèlent progressivement les enjeux d’une guerre cosmique, où chaque action de Sun Wukong peut influencer le sort du monde. En avançant dans l’histoire, vous découvrez également des fragments du passé de Wukong, éclairant sa transformation d’un simple singe en un être quasi-divin.

Porté par une narration immersive et une mise en scène soignée, Black Myth Wukong propose une revisite audacieuse de cette légende millénaire, mélangeant éléments traditionnels et nouvelles interprétations. Le jeu offre ainsi une histoire épique et riche en rebondissements. Au final, la plus belle surprise car je ne m’attendais pas à suivre une intrigue particulièrement intéressante.

Conclusion Test Black Myth Wukong : un très bon jeu vidéo

Pour conclure ce Test Black Myth Wukong, il s’agit indéniablement d’un jeu prometteur et d’un très bon jeu vidéo. Malgré ses quelques petites lacunes techniques sur PS5 (qui ne sont pas catastrophiques mais méritent d’être signalées), le jeu offre une expérience solide grâce à son gameplay accrocheur et son histoire unique. Il s’impose déjà comme l’un des titres marquants de 2024 mais aura du mal à prétendre au titre de GOTY sur PS5.

Le titre montre en effet rapidement ses limites, notamment au niveau du level design et de l’exploration. Ces éléments, pourtant essentiels pour captiver les joueurs « Souls-like », sont ici trop en retrait. Black Myth Wukong fait surtout le pari de se concentrer sur l’action pure via des niveaux bien trop « fermés ». Un choix qui semble cela dit payant au vu de son succès, mais qui laissera clairement une partie des joueurs sur leur faim.

Enfin, comment ne pas évoquer l’absence de version physique. Nous ne pouvons cautionner qu’un tel titre sorte uniquement au format dématérialisé quand on voit la qualité de sa direction artistique et le potentiel en termes d’artbook, steelbook, figurines…Une notice et une carte auraient aussi été plus qu’appréciable vu la richesse du gameplay et il y a fort à parier que des guides pourraient voir le jour à l’avenir. A croire que le studio ne croyait pas forcément au succès de son bébé qui méritait tellement mieux.

Note : ce point n’est plus à prendre en compte, la note monte donc désormais à 17 sur 20.

On ne peut donc s’empêcher de penser qu’avec un peu plus de soin apporté à tous ces aspects, le jeu aurait pu être bien plus que prometteur : il aurait pu devenir totalement incontournable et culte à la manière d’un Dark Souls. A surveiller très attentivement sur la prochaine génération de consoles car Game Science tient clairement là un petit diamant à polir.