On aurait tort de voir en Rise of the Ronin un ersatz de Ghost of Tsushima, ou un énième jeu d’action en monde ouvert. S’il n’est pas original sur la forme, le dernier né de la Team Ninja surprend par son background historico-fantaisiste. Les questions soulevées sont profondes et poussent à la réflexion. Et surtout, cela reste parfaitement digeste pour laisser place à des combats de haute volée, exigeants, spectaculaires et sanglants. Avec ses vastes zones à explorer, son parkour et son scénario poussé, les heures s’enchaînent sans paraître dans ce Japon au bord du gouffre. Les trois modes de difficultés permettent d’embarquer tout type de joueur, du plus acharné au simple curieux voulant se la jouer Ronin des Bois. (Test Rise of the Ronin réalisé sur PS5 à partir d’une version éditeur)
Test Rise of The Ronin : c’est ici que tout se termine…
La mise en scène fait très « cinéma » et régale à chaque fois.
Japon, années 1850. Un moment de bascule et de changements radicaux pour l’Archipel avec l’arrivée des Américains sur leur grands navires. Ces derniers, supérieurs technologiquement et militairement, imposent leur loi au pouvoir nippon. Ainsi vont s’opposer des forces officielles pro-ouverture (forcée) du Japon contre une forme de résistance, avec les “expulsionnistes”. Ces derniers veulent purement et simplement virer les étrangers de leur pays… Vaste programme.
Un petit coin de paradis, avec cette boulangerie française au cœur de Yokohama.
Ce background politiquement explosif est surprenant pour un jeu d’action, et qui plus est pas manichéen pour un yen. En effet, on peut se dire que les autorités -même avec des procédés brutaux et peu honorables- ne visent que l’ouverture sur le monde, les progrès économiques et technologiques. De l’autre côté, les “expulsionnistes”, sous des airs de combattants pour la liberté, font figure de personnes peu fréquentables et intolérantes envers les étrangers. Quant à nous, nous sommes au milieu de tout cela, avec notre statut de combattant de l’ombre, tiraillé entre ces deux factions.
Les mises à mort sont très spectaculaires et viennent « récompenser » des combats acharnés et nerveux.
Par ailleurs, notre personnage n’est pas n’importe qui. C’est l’une des deux “lames secrètes”, un duo d’Avengers (je vous la fais rapide) ayant perdu son binôme à cause des Américains lors d’un prologue nerveux. Nous voilà seul, dans un Japon au bord de la rupture, entre ceux qui voient un nouveau monde se profiler, quand d’autres ne voient que le leur s’effondrer. En plus de ces intrigues politiques, on va jouer les Ronin des Bois en aidant la population contre les fonctionnaires corrompus ou les bandits.
… c’est ici que tout commence.
Un (rare) moment d’accalmie pour faire une balade dans un japon bucolique.
Rise of the Ronin nous embarque donc dans un Japon en pleine guerre civile, soulevant des questions graves et profondes auxquelles on ne s’attend pas. Mais je vous rassure, tout cela reste digeste et raconté via de rapides dialogues ou cinématiques. Ces dernières portent bien leur nom, tant la mise en scène est classieuse et… cinématographique. Il faut également saluer l’effort de la localisation, le jeu étant intégralement en français ! Bravo !
S’il n’est pas le jeu le plus beau, quelques paysages se démarquent.
Rise of the Ronin n’a pas vocation à être une plongée documentaire de cette époque. Les anachronismes sont légion et les libertés faites avec le réalisme demeurent omniprésentes. Néanmoins, tout cela participe à nous délivrer un spectacle jubilatoire et défoulant, à grands coups de katana et d’envolées en paravoile !
La paravoile, reçue tôt dans le jeu, permet une exploration audacieuse.
À la croisée des chemins vidéoludiques, on retrouve des influences modernes mais aussi surgies des temps anciens. Trois grandes zones en monde ouvert nous sont servies, à explorer et dévorer tel un Assassin’s Creed ou un Ghost of Tsushima. Pour l’infiltration et le parkour, je me suis pris un retour de flamme mémoriel. J’ai en effet pensé à Tenchu et j’ai aimé m’en rappeler. Petite note nostalgique en passant. Pour les combats et les feux de camps, les influences des œuvres de “From Software” se font sentir.
Test Rise of The ROnin : Des combats de haute volée
Oui, cet adversaire fait penser à un boss dans Street Fighter mais en plus énervé.
Avant de parler des combats, j’ai apprécié que notre personnage soit dès le début un expert en parkour. Pas la peine d’attendre des dizaines d’heures avant d’avoir un grappin par exemple. On peut grimper un peu partout, facilement et avec grâce. Par contre, l’I.A. des ennemis laisse à désirer. Si on assassine un garde, son collègue à dix mètres ne trouvera rien à redire.
Ce garde ne me captera jamais.
Ce qui frappe d’emblée, c’est l’aspect décomplexé et gore des combats. Les têtes volent et les finish spectaculaires s’enchaînent pour un résultat jouissif. Attention cependant pour les bourrins, le rappel à l’ordre est tout aussi brutal. Spammer les boutons n’est pas une bonne idée. Il faudra parer, esquiver et frapper au bon moment. C’est avant tout une histoire de timing, et de type d’arme également. Car si on est tenté de comparer Rise of The Ronin avec Ghost of Tsushima, cela serait très réducteur et à coté de la plaque. En effet, on ne peut que louer la très grande variété de l’arsenal mis à disposition dans le titre. Les possibilités s’en trouvent démultipliées, avec une demi douzaine de variantes de style de combat par arme !
Il y a tout de même de bien jolis coins à visiter.
Avec des indications visuelles simples, on comprend très vite quelle posture on doit adopter pour combattre un ennemi, ou s’il faut carrément changer d’arme. Bien évidemment, on peut aller outre ces “conseils”, mais on risque de galérer. Par contre quand on a l’avantage, c’est-à-dire le style de combat qui -a priori- met en difficulté celui de l’adversaire, le moindre contre le déstabilisera. Surtout, cela nous mettra dans une bonne position pour le mettre à mort. Ainsi, les combats durent parfois quelques secondes, ou peuvent s’éterniser. Un peu de stratégie, du rythme, et à vous le plaisir simple de combats très stylisés, avec des gestes autant meurtriers qu’artistiques. Un plaisir pour les yeux.
Trop de loot tue le loot
Moins dans la contemplation ou la poésie que Ghost of Tsushima. Restent quelques endroits zen.
Côté graphismes, le plaisir des yeux ne vaut pas pour tout. Certains décors ou textures sont assez grossiers, et le tout paraît à des années lumières d’un Ghost of Tshushima. Ou surtout de Red Dead Redemption 2, qui reste LA référence en terme de monde ouvert somptueux, vivant et varié. Néanmoins, je trouve qu’il y avait plus de choses à faire dans les trois zones que compte Rise of the Ronin, même si cela reste assez basique : des cibles à abattre, des temples à visiter, des lieux à délivrer. Rien de révolutionnaire donc, mais avec le décorum japonais, explorer et déambuler restent un plaisir.
Côté équipement, attention au syndrome Assassin’s Creed Odyssey ! En effet ici, nous sommes noyés sous le loot. Des armures , des armes, des consommables : il en pleut à chaque fin de missions ou de sacs fouillés. Un peu trop à mon goût. On passe le début du jeu à changer de fringues. De plus, trier le tout, revendre ou désassembler demande énormément de temps. Cela casse le rythme.
Lui ne le sait pas encore, mais il s’est mis dans la sauce.
Je termine par un point sans doute le plus important. TOUT le monde peut jouer à Rise of the Ronin. Enfin pas tout le monde non plus, cela reste ultraviolent et à ne pas mettre dans les mains d’âmes sensibles. Mais niveau mode de difficulté, il y a en pour tous les skills. Moi qui suis plutôt moyen et impatient sur les Souls-like, j’ai donc apprécié jouer en mode histoire et profiter des combats plus permissifs au niveau du timing. Je sais que les acharnés eux, joueront en hardcore et y trouveront une source inépuisable de satisfaction. Bravo la Team Ninja.
Test Rise of The Ronin : conclusion
Les options de personnalisations de l’avatar sont folles. Encore faut il avoir de la patience.
La recette n’est pas la plus audacieuse à vouloir reprendre les formules d’autres cadors du genre. Mais Rise of the Ronin peut être vu comme un agrégat de Ghost of Tsushima, Tenshu, Assassin’s Creed Odyssey et de productions From Software. D’ailleurs, pris seul, son monde ouvert peine à forger sa propre identité. Heureusement son background unique en son genre, entre réalité historique et libertés prises avec les technologies, parvient à retenir l’attention. De plus, la Team Ninja laisse à un large public la possibilité d’apprécier son titre, avec trois modes de difficulté. Avec ses grandes zones à explorer et ses combats nerveux et furieux, Rise of the Ronin demandera près de 60 heures pour être bouclé.
Avec du retard merci beaucoup pour le test Bibi. Comme toujours, un plaisir de te lire. J’espère pouvoir y jouer cet été, le temps manquant avec toutes les modifs techniques qui arrivent sur le site et l’appli.
Bientôt 👀