Sniper Elite Resistance ne marque pas la renaissance d’une vénérable licence de série B et s’entête à proposer toujours la même recette. Pire, son postulat de départ, pourtant intrigant (incarner un membre de la Résistance), ne débouche sur rien de véritablement marquant. Ce n’est pas pour autant un mauvais jeu. Il possède même certains atouts ! En effet, il s’agit d’un titre action et infiltration correct, avec des éléments rappelant Hitman, jouable en coopération. Hélas, après cinq épisodes construits sur le même modèle, avec les mêmes mécaniques et artifices, l’ennui finit par s’installer, même en plein cœur du territoire ennemi. Test Sniper Elite : Resistance réalisé à partir d’une version fournie par l’éditeur.
Test Sniper Elite Resistance : En territoire conquis ?
Premier plan du jeu, le personnage laisse une impression un peu « cartoon »
France, 1944. Le vent tourne, et les nazis essuient échec sur échec. Néanmoins, comme dans Sniper Elite 1, 2, 3, 4 et 5, ils sont sur le point de développer une arme ultime, si redoutable que l’Étoile Noire de Star Wars ferait pâle figure à côté. On le sait, les scénarios des Sniper Elite n’ont jamais brillé, mais au bout du sixième épisode, les soupirs s’enchaînent face aux éternels pseudo-rebondissements.
La killcam est toujours aussi réjouissante
La grande nouveauté vient du protagoniste, encore plus insipide que le précédent (il fallait le faire). Je suis sévère, mais au fond, ce n’est absolument pas un problème : on n’est pas là pour discuter avec lui, mais pour saboter la machine de guerre allemande. Et de ce côté-là, aucune surprise : on dispose de tout l’attirail nécessaire pour glisser non pas un simple grain de sable, mais un véritable rocher dans les rouages nazis.
L’impression de « déjà-joué » poursuivra le joueur aguerri jusqu’à la fin
Il est toujours aussi jouissif de faire exploser une usine, couper le courant, saboter les alarmes ou profiter du bruit ambiant pour tirer au sniper. Sur ce point, l’expérience reste satisfaisante. Mais ces instants furtifs ne suffisent pas à faire oublier des missions qui semblent copiées-collées d’un épisode à l’autre. Pire encore, je ne me suis jamais senti impliqué : le sentiment d’appartenir à la Résistance est totalement artificiel.
Le level design, lui aussi, manque de cohérence, conçu de manière trop évidente pour favoriser l’infiltration, avec des abris placés stratégiquement et des tyroliennes absurdes. On croirait que les nazis ont bâti leurs forteresses pour faciliter les intrusions et les évasions ! Ils restent d’ailleurs toujours aussi stupides et laxistes : une alerte peut être annulée en quelques instants simplement en restant caché un court moment.
Ah merci la tyrolienne pour me barrer du sommet de l’hôtel ! Cela n’a aucun sens…
Ma mission: détruire des documents… Ceux qui sont juste à coté de la lampe à huile et du bidon d’essence.
Le scénario s’étale sur neuf missions. Chacune propose, en plus des objectifs principaux, de petites missions secondaires ainsi que des cibles à abattre. Ce côté Hitman est renforcé par des conditions d’exécution spécifiques permettant d’obtenir des armes bonus, sans oublier la possibilité de débloquer de nouveaux points d’insertion pour les prochaines tentatives.
Ajoutez à cela une multitude de collectibles, et l’ensemble semble garantir une bonne rejouabilité… du moins sur le papier.
Test Sniper Elite Resistance : En territoire qu’on quitte
Les affiches de propagande et les publicités donne un cachet certain aux villes (par contre, les fautes…)
Ayant fait tous les Sniper Elite, j’ai tenu bon jusqu’à la mission 6 de Resistance. Mais en débarquant dans une charmante petite bourgade digne d’une carte postale, en pleine journée, j’en ai eu marre. Toute envie de continuer m’a quitté. Je n’adhérais plus.
Bon, j’ai quand même tenu à terminer la campagne, mais quelle purge ! On me demande de déjouer les machinations allemandes, soit, mais un minimum d’efforts, tout de même ! Envoyer un homme opérer en plein jour dans la plupart des missions… où est la clandestinité ? Seule la mission 5, se déroulant de nuit sous un orage battant, a éveillé un semblant d’intérêt… vite retombé.
Je peux concevoir que ceux qui découvrent la licence y trouveront de quoi s’amuser une vingtaine d’heures, en solo ou en coop. Mais moi, j’ai assez donné.
Hallo ! (Bien sûr, le soldat ennemi ne m’a jamais remarqué)
Plein de passages dérobés, plus ou moins cachés. Celui-ci, ça va…
Le système de montée en niveau débloque de nouveaux gadgets… déjà présents dans les précédents opus. On passe donc son temps à refarmer les mêmes éléments depuis vingt ans ? Absolument.
L’arsenal, en revanche, se montre un peu plus original, avec notamment des escopettes de fabrication française et d’autres armes issues de toute l’Europe. Pour les améliorer, il faudra trouver des ateliers disséminés dans les niveaux.
Trois arbres de talents sont également présents, histoire d’apporter une touche de light RPG, mais ils paraissent tout aussi artificiels. L’un d’eux permet simplement de transporter plus d’objets explosifs ou de pièges. Oui, tu montes en niveau… pour obtenir des poches supplémentaires à ton pantalon.
Un level design avant tout élaboré pour le joueur
Les jumelles sont idéales pour préparer l’infiltration (en plein jour, soupir)
De toute façon, en difficulté normale, je n’ai jamais été à court de munitions ni de quoi faire tout péter. Pas besoin de chercher : les Allemands laissent carrément des paquets explosifs juste à côté des objectifs ! C’en devient presque un gag tant c’est prévisible.
Autre point agaçant : la maniabilité pour des actions basiques qu’on utilise en permanence, comme le changement d’épaule. Il faut soit le faire arme équipée et braquée, soit passer par la roue d’équipement… Hyper pratique pour l’infiltration. Bravo l’ergonomie.
La mission 5, dans la nuit et sous la pluie battante d’un orage grondant. Top !
Les exécutions au corps à corps ont elles aussi des killcam bien classes
Je n’en parle que maintenant, mais le premier choc vient des graphismes d’un autre temps. Le personnage principal est tellement rudimentaire que j’ai d’abord cru à un effet cel shading. Il n’en est rien : il est juste affreux.
Le seul bon côté, c’est que les temps de chargement sont très courts. Et comme on peut sauvegarder à tout moment, il est facile d’expérimenter et de relancer rapidement sa partie en cas d’échec.
Test Sniper Elite Resistance : Conclusion
Le joli coin de paradis qui m’a fait quitté le jeu. Trop, c’est trop.
Sniper Elite Resistance reste dans la droite ligne (de mire) de ses prédécesseurs. Si l’on veut être optimiste, c’est un jeu d’infiltration et de sniper correct, ancré en pleine Seconde Guerre mondiale. Sa durée de vie est respectable, avec environ vingt heures pour compléter tous les objectifs et collectibles. Le tout est jouable en coopération, voire en 1v1 grâce à un système d’invasion (non testé ici).
Mais en étant réaliste, le jeu recycle sans nouveauté les mécaniques des épisodes précédents et n’apporte aucun souffle épique à la thématique de la Résistance. Résultat : l’ennui s’installe vite chez les vétérans. Pire encore, certaines mécaniques sont tellement usées qu’elles en deviennent ridicules, comme ces explosifs « savamment » posés juste à côté des objectifs, ou ces tyroliennes omniprésentes qui semblent avoir été installées spécialement pour le joueur.
Les nouveaux venus y trouveront peut-être leur dose d’action, mais pas grand-chose de plus. Un jeu pop-corn : aussitôt consommé, aussitôt oublié.
Zum nächsten und gute Besserung (« Au suivant et bon débarras » en allemand, d’après Google Trad… Moi, j’ai fait Nain niveau 2).
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