Ubisoft a de l’ambition. L’ambition de préserver son indépendance et celle, paraît-il, de faire rêver ses consommateurs. Jurant sur l’honneur de revoir les copies de ses licences déjà bien usées, le géant francophone ne s’est jamais autant montré que cette année sur la scène vidéoludique. Si le pari Rainbow 6 est remporté, force est de constater qu’une appétence (si bonne soit elle) ne suffit parfois pas à effacer tout ses travers. Après la hype For Honor retombée comme un soufflet, voici que le studio nous recycle sa licence Ghost Recon pour clôturer l’année fiscale. Pour le meilleur ou pour le pire ? Verdict dans ce test de Ghost Recon Wildlands.
Test de Ghost Recon Wildlands : Pas de visa pour les Ghosts.
Quoi de mieux qu’une belle terre sauvage pour une vendetta à la sauce US ? Alors bienvenue en Bolivie ! Vous vous en doutez, nos amis musclés ne sont pas les hôtes officiels de ce haut lieu du trafic de cocaïne, mais ont été appelés à la rescousse pour apporter un soutien indirect aux rebelles luttant contre le cartel du coin. La vengeance d’un agent américain est le vrai leitmotiv de cette belle escapade. Et il y a du taff ! Si vous voulez attraper le « gros pas beau » de l’histoire à la face peinturlurée, il va falloir se retrousser les manches.
Débarqués de nuit et briefés en 3 minutes, nos joyeux lurons sont livrés à eux-mêmes sur l’immense territoire proposé. Et quelle carte ! C’est beau, c’est (très) grand, mais c’est vide. Les paysages magnifiques de la Bolivie, recréés d’un point de vu fantasque par les développeurs, ne suffisent pas à cacher au joueur les grosses ficelles du genre. Le jeu nous donne constamment l’impression d’un recyclage malvenu sur une licence Tom Clancy. Le parti pris de faire un Ghost Recon en monde ouvert se veut être alléchant, mais le sentiment de jouer à un Far Cry avorté l’emporte au final.
Test de Ghost Recon Wildlands : Du neuf avec du vieux.
Si on nous épargne la découverte d’un territoire en crapahutant en haut d’une tour, le reste de la machinerie est bien présente. L’arbre de compétence à compléter pour votre perso vous poussera à remplir des quêtes secondaires identiques, afin de faire de votre personnage un soldat ultime. Votre matos évoluera en fonction de vos recherches d’items qui se révéleront à vous après avoir interrogé des individus (alliés ou ennemis) et/ou trouver des documents. Bref, on farm une région dans son intégralité, on y boucle les missions principales et on passe à la suivante. Sachant que le jeu en comporte 21, mieux vaut être tolérant quant à la répétitivité.
Test de Ghost Recon Wildlands : Programme environnemental.
Rendons tout de même à Ubi ce qui appartient à César : toutes les régions ont une atmosphère, une faune et une flore différentes. Il est clair que de passer d’un désert de sel à une forêt tropicale a de quoi dépayser le joueur. Les effets météo ont un excellent rendu comme le cycle jour/nuit qui profite pleinement au gameplay du jeu. C’est clairement l’atout numéro un mis en avant par les concepteurs et c’est une réussite.
Comme à son habitude, Ubisoft fait dans l’explication de texte. A travers nos découvertes, l’éditeur n’hésite pas à nous conter l’histoire et les légendes du pays. Ce n’est pas aussi fouillé que lors de notre ballade Italienne dans la peau d’Ezio Auditore, mais le geste (attendu) fait plaisir à voir. Je passe rapidement sur les maisons génériques en briques rouges qui ont l’air d’être constamment en construction (!) ou sur les clones censés représenter la population local. Que reste t-il ? Rien. D’où cette sensation de vide dénoncé plus haut.
Test de Ghost Recon Wildlands : Et pourtant on s’y amuse…
Alors on prend son véhicule dépourvu de klaxon, dans lequel un abruti braille de la merde dans la radio locale et nous passe des musiques folklo dégueulasses. Heureusement que depuis la dernière m.a.j. (et à la demande de la majorité des joueurs), la possibilité de couper ces diffusions via le menu option nous sauve le cerveau et les oreilles. À côté de la bande son énorme de Watchdogs 2, celle-ci fait clairement tâche. Face à l’ennemi, c’est toujours le même refrain ; on tente une approche discrète, jusqu’à que l’un d’entre eux vous repère et sonne l’alerte. On bascule alors en mode Rambo. Fin de l’histoire.
Le fun est tout de même présent, rassurez-vous. En fait, tout dépend comment vous prenez l’affaire. En solo, vos compagnons sont à votre solde et d’une redoutable efficacité. Destruction, discrétion et soin sont plutôt bien menés de leurs parts, à la seule condition de les orienter efficacement. En coop, la possibilité de jouer à 4 est plaisante, mais les aléas sont tels que le moindre comportement un tant soit peu marginal nuit systématiquement à la progression. À deux joueurs, la pilule passe nettement mieux et le jeu n’en est pas plus difficile. À titre personnel, c’est cette dernière solution qui me convient le mieux.
Test de Ghost Recon Wildlands : …malgré une optimisation à la ramasse.
Combien de fois ai-je pété une durite face à ce que me faisait subir Ghost Recon ? Il n’y a pas une session où je ne peste pas contre le frame rate, le manque d’idées ou encore les bugs à foison. Vous n’imaginez pas le nombre de Game over décidés par le jeu, et ce de façon totalement arbitraire. Il est tout simplement inouï de se voir attribuer une pénalité due au simple fait que l’objectif d’une mission soit compromis alors que vous n’y participez pas ! On pourrait croire que les événements d’une vie supposée sur la carte puisse en être la cause. Mais comment accepter ce fait lorsque que certains groupes d’ennemis repop dans votre dos à 3 mètres et commence à vous canarder, alors qu’ils n’existaient pas il y a 1 seconde ?!
Test de Ghost Recon Wildlands : Vroom vroom tutut
Soulignons aussi le comportement limite des véhicules terrestres (mention spéciale au motos). L’aérien s’en sort un poil mieux grâce aux hélicos (après une bonne dose d’apprentissage), mais décline rapidement avec les avions. La présence de bateau est à noter, même si leur utilisation est extrêmement limitée. Une limite que les développeurs auraient pu écarter s’ils s’étaient amusés à nous imposer un peu plus de contraintes lors des différents missions secondaires. Prenons l’exemple des antennes relais : pourquoi ne pas avoir simplement proposé au joueurs une course avec un véhicule obligatoire afin de remplir l’objectif ? Certains d’entre vous me rétorqueront que l’on a toute liberté de le faire, mais ne sommes-nous pas sensé vivre une expérience livrée par des concepteurs de jeu ?!…
Test de Ghost Recon Wildlands : Vous en reprendrez bien une part ?
Quid du multijoueur compétitif si cher aux fans de la première heure ? Une promesse pour une future mise à jour. La maladie vidéoludique du XXIéme siècle. Tout se livre en kit et tout se répare après. Pas sûr qu’il reste du monde pour en profiter dans quelques mois. Vous avez également le choix d’acheter un Season Pass promettant d’autres aventures sur les terres Boliviennes pour la modique somme de 39.99 €. Mais si c’est pour prendre du rab’ de ce plat si peu digeste, ce sera sans moi. Enfin, vous pouvez toujours faire chauffer votre CB dans l’onglet « boutique » afin de jouer à pretty woman avec votre soldat. Ça ne sert à rien, mais l’option peux toujours piéger quelques clients, sait-on jamais…
Test de Ghost Recon Wildlands : Fin de mission.
Alors Ghost Recon Wildlands mérite t-il votre attention ? Oui et non. Il n’est pas facile de se positionner clairement sur ce triple A. On s’amuse bien malgré ses défauts, et puis l’envie soudaine de jouer au frisbee avec la galette l’emporte sur la raison. Un conseil : jouez-y tranquillement, avec modération et prenez votre temps. Non pas pour en déguster la moindre miette, mais bien pour digérer une tambouille ratée, livrée dans un service de porcelaine. Vous êtes prévenus.
NDLR : Vous pouvez compléter ce test par l’avis posté sur la bêta ici.
assez d’accord avec toi dans l’ensemble ; un don divertissement entre amis (j’ai joué 10 minutes tout seul, je me suis arrêté de suite, ^^)
Merci pour cet avis fort constructif…^^
Ben c’est ben vrai ça!!!