Voilà plus de trente années que je suis un gamer. En trente années de jeu, autant dire que j’en ai vu passer des consoles d’anthologie, des jeux mythiques, autant de déceptions et de surprises qui auront marqué d’une pierre blanche mes années passées derrière un écran. L’occasion pour moi de vous conter d’un point de vue très personnel un des premiers titres sur la première console de salon que j’ai eue, la Sega Master System 2, et qui aura marqué de manière irrémédiable ma vie en tant que joueur, et m’aura fait basculer dans une passion poignante qui m’anime jusque aujourd’hui encore.
Mon premeir jeu Sega Master System 2 : Alex Kidd in Miracle World
Aujourd’hui encore j’ai des réminiscences du jour où mes parents ont acheté ce qui fut ma première console de salon. Je me souviens encore de ce jour, où du haut de mes trois pommes et demies je contemplais sur l’étalage de cette grande enseigne (où mon père et ma mère avaient l’habitude de faire chaque semaine leurs courses) ce qui allait devenir l’authentique première console de salon que j’ai pu avoir entre les mains. Au sommet de ce rayon trônait en effet la Sega Master System 2, une console aux allures futuristes pour le gamin de 5 ans que j’étais à cette époque, et qui déjà était annonciatrice d’un émerveillement certain avant même d’avoir branché la machine sur notre écran cathodique familial.
Et quelle ne fut pas la surprise lorsque qu’une fois la console allumée, et sans cartouche insérée, pour rappel, un jeu se lançait par défaut et n’était autre que le mythique Alex Kidd in Miracle World. Alors que mes camarades de classe étaient tous plus ou moins rompus aux joies du plombier moustachu made in Nintendo en s’évertuant à parcourir les niveaux de Super Mario Bros premier du nom, moi je m’éclatais avec entrain dans le monde du héros iconique de Sega au poing démesuré. Un enchantement indescriptible me parcourait à chaque partie, malgré un challenge omniprésent pour un enfant de mon âge. Je me souviens encore de mes nombreuses tentatives pour venir à bout des Boss qu’il fallait confronter au jeu du « pierre-feuille-ciseau ». Loufoque mais absolument inoubliable.
Non seulement marquant en tant que joueur, ce titre était également pour moi d’un drame familial que j’ignorais encore à ce moment là . En effet lors d’une partie d’Alex Kidd avec un de mes cousins qui était alors bien plus âgé, je me rappelle encore de sa difficulté quasi systématique à passer le premier niveau. Peu importe ce qu’il faisait, il finissait irrémédiablement par perdre au bout de quelques minutes toutes ses vies, et cumulait à chaque fois un résultat nul au tableau des scores. A cette époque je ne saisissais pas encore ce qui était la raison d’un tel camouflet, et me remémore encore courir tout amusé vers mon frère en riant de la déconvenue que mon cousin subissait devant le challenge. C’est alors que mon frère m’expliqua pour la toute première fois que ce cousin était en réalité atteint d’une maladie ayant provoqué chez lui une déficience mentale… Inutile de vous dire qu’à ce moment, c’est un profond sentiment de tristesse qui m’a envahit, comprenant malgré mes quelques bougies soufflées toute la cruauté de la vie.
Alex Kidd demeurera donc pour moi un titre qui m’aura marqué en tant que joueur, mais avant tout en tant qu’homme, et m’aura fait grandir en même temps que m’amuser. Et revoir des décennies plus tard le jeu revenir sous forme de remake a été une madeleine de Proust qu’il m’était indispensable de parcourir de nouveau avec Alex Kidd in Miracle World DX.
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