Test de Star Wars Battlefront 2 (Xbox One X) : le gâchis intersidéral.

Dans la galaxie des FPS, Star Wars Battlefront II était attendu et est enfin disponible depuis le 17 novembre. Sensé ramener l’équilibre dans la Force après le premier opus mitigé en 2015, voici mon verdict après 20 heures de jeu.

Test de Star Wars Battlefront 2 : un solo court mais plaisant

Les décors sont magnifiques.

Il aurait fallu habiter dans une grotte dans la Bordure extérieure pour ignorer que le nouveau FPS intergalactique de DICE disposait d’un mode solo.

Les événements de la campagne se déroulent à la fin de l’épisode VI, le retour du Jedi. Le joueur incarne Iden Versio. Celle-ci commande une unité d’élite de l’Empire : l’unité Inferno. L’histoire racontée ici prend donc l’angle de l’Empire moribond, au bord du gouffre. Et il ne va pas se laisser faire au vu du talent de l’héroïne pour la destruction. Sans spoiler bien sûr, le récit s’étale sur douze missions assez courtes, et chronologiquement sur quelques années… sans que ce dernier « détail »  soit bien retranscrit. Ainsi, les cinématiques entre les missions, si soignées et plaisantes soient elles, auraient mérité plus de développements temporels. Mais entendons nous bien : le solo est une bonne surprise. Les missions sont certes courtes mais intenses, surtout vers la fin. Des phases à pieds et en vaisseaux peuvent même s’enchaîner au cours d’un chapitre et ce, sans coupure. Agréable et dynamique à souhait.  L’histoire est de plus servie par des graphismes et une bande son somptueux. Le solo est bouclé en six heures bien plaisantes.

Test de Star Wars Battlefront 2 : Les modes multijoueurs

Sur Hoth, l’effet WAHOU fonctionne.

Les joueurs de toute la galaxie s’affrontent sur onze cartes emblématiques des films et sur cinq modes de jeu. Au gré des affrontements, les joueurs incarneront les belligérants de toutes les époques de la saga. Par  exemple, l’armée de la République se coltinera les robots de Séparatistes sur Naboo, ou encore les Stormtroopers de l’Empire chercheront à enfoncer les défenses de la rébellion sur Hoth.

Voici donc un tour d’horizon des différents modes proposés :

• Le mode Assaut galactique met en scène des batailles asymétriques d’envergure avec des vaisseaux, des héros et des soldats d’élite. Jusqu’ à 40 joueurs peuvent y prendre part. Un camp défend pendant que l’autre essaie de s’emparer des positions clés. Quatre classes de combattants sont disponibles au départ (des classiques) : soldats, sniper, soldats lourd et officier. À mesure de la bataille et des ennemis abattus, on obtient des points de bataille. Une fois dépensés, on peut prendre place dans un vaisseau, ou entrer dans la peau d’un soldat d’élite ou même d’un héros (Jedi ou autre).
• Le mode combat spatiaux propose des batailles spatiales assez impressionnantes et spectaculaires de 24 joueurs. Voir même un peu trop : virevolter dans tous les sens, chasser la tête en bas… personnellement, ça me soulève littéralement le cœur. Mais là encore quel plaisir d’entendre un Tie-Fighter manœuvrer (avec ce son si caractéristique) ou d’admirer le ballet des vaisseaux sur fond de tirs laser.
• Le mode Affrontements héroïque propose des combats en 4 contre 4 avec les personnages iconiques de la saga. Ah, quel plaisir de voir Dark Maul s’associer à l’Empereur pour essayer de terrasser Yoda et Rey… pendant que Han Solo et princesse Leia fuient Boba Fett et Kylo Ren. Anachronique à souhait et défoulant quelques instants.
• Le mode Frappe reprend le principe des assauts galactiques mais à plus petite échelle. (16 joueurs max).
• Enfin, le mode escarmouche est un classique match à mort par équipe de dix contre dix.

Pour finir, Star Wars Battlefront 2 propose un mode arcade jouable à 2 en écran splitté (mais pas en ligne !?!). Un mode Horde sans intérêt.

Test de Star Wars Battlefront II : le déséquilibre de la Force

Les avatars aussi sont extrêmement fidèles à l’univers Star Wars.

Manette en main, la magie Star Wars opère et les premières minutes sont plaisantes. On peut basculer de la vue à la première personne (FPS) à la troisième (TPS) en appuyant sur un simple bouton. En mode TPS, on peut même changer d’épaule de visée : cela paraît évident mais cela n’est pas toujours possible dans les jeux… Pas de gestion de munitions ici, les armes risquent néanmoins de surchauffer en cas d’utilisation intensive.

Au début de la partie, on pourra choisir parmi quatre classes classiques : Commando, Soldat lourd, Officier et Spécialiste (sniper). L’officier ne sera armé que d’un pistolet mais pourra booster temporairement les autres et poser une tourelle.

Au rayon déception ou mauvaise surprise, le joueur est assez vite rattrapé. Le personnage incarné ne dispose que d’une seule arme sur lui.  De plus, au gré des cartes, un camp sera toujours avantagé. Je m’explique : incarner un stormtrooper sur la planète enneigée Hoth vous rendra assez furtif… alors que les rebelles seront visibles d’assez loin. De même, sur Naboo, les robots des Séparatistes sont plus fins et ainsi plus difficilement repérables au premier coup d’œil… quand les clones, tout en blanc, sont des sapins de noël aux portes du palais. Sans parler sur la planète forestières d’Endor… quelle idée de se balader en blanc… Donc avant même le début, l’équilibre de la partie est déjà assez altéré.

L’intérêt de jouer à plusieurs amis est également limité. On apparaît rarement ensemble sur la carte. On ne peut pas non plus réapparaître sur son pote… Pour le retrouver, on scrute la mini-carte pour espérer trouver son icône verte. En outre, la notion même d’escouade est mal fichue : on apparaît avec des gugusses qui mènent leur propre vie (et ils ont raison). La tactique est pour ainsi dire quasi inexistante.

Autre point négatif : les hit-boxes foireuses du décor… combien de fois on tire au dessus d’une caisse derrière laquelle on se protège, et on voit le tir ricocher dessus. Pénible.

Test de Star Wars Battlefront II : Système de cartes des classes

On peut fabriquer ses propres cartes ! mais à quel prix…

L’équilibrage du jeu est anéanti également par le système de cartes. Trois cartes peuvent être attribuées en même temps à votre soldat. Elles peuvent octroyer des bonus considérables : regain de vie après élimination,  rayon des grenades… En plus, une carte dispose de 4 niveaux de qualité : grise/verte/bleue/violette. Par exemple, la carte « Expert en survie » réduit le délai de régénération de la santé. En qualité grise, le bonus accordé est de 10%, en violet : 40% !

Les cartes sont obtenues en ouvrant des caisses de butins (ou loot boxes en Anglais). Ces caisses sont à acheter contre de la monnaie propre au jeu (crédits) ou de l’argent bien réel. Suite à la polémique d’un retentissement mondial, il n’est plus possible de craquer son PEL pour s’acheter des caisses. Pour l’instant…  Alors pourquoi je râle ? Car le mal est fait, il n’est pas rare de croiser des joueurs équipés de trois cartes de qualité violette. Impossible une semaine après la sortie du jeu d’être équipé de la sorte sans avoir dilapidé son bas de laine. « Mais Bibi, les gens font ce qu’ils veulent de leur caillasse ! », me diront certains. Et dans l’absolu, ils ont raison… Mais dans le même temps, acheter une caisse avec des crédits du jeu prendra un temps ha-llu-ci-nant. Si on compte 300 crédits par victoire en assaut galactique de 20 minutes minimum, en sachant qu’une caisse coûte 4000 crédits… Et bien en étant optimiste, il faut farmer 4 à 5 heures pour espérer s’en offrir une ! Pire, même une caisse spécialisée « soldat » vous refile des cartes pour héros ou vaisseau. Bref, la progression est d’une lenteur insupportable… c’est à devenir fou, ou passer à la caisse. Bravo EA, c’est du grand art.

À noter que l’on peut fabriquer des cartes !!! Nous sommes sauvés !!! Ah bah non… les pièces pour les fabriquer sont dans les loot boxes…

Ce système pernicieux provoque déjà un jeu à deux vitesses : ceux qui sont passés à la caisse (avant le retrais temporaire des achats réels) et ceux qui rament sévère… C’est simple, on se croirait dans un mauvais free-to-play… à 70 euros.À noter que je n’ai rien contre les loot-boxes en elles-mêmes, quand elles se cantonnent à refiler des objets purement esthétiques (par exemple Overwatch). Mais quand cela conditionne à ce point l’expérience multijoueur, je dis NON !

Pour achever le tableau, notez que certains héros sont bloqués. Il faudra par exemple débourser 15 000 de crédits (!?!) chacun pour déverrouiller Luke, Palpatine ou Vador. Il faudrait revendre la peau de 345 872 Ewoks pour rassembler assez de crédits selon mes calculs. Inconcevable !

Test de Star Wars Battlefront 2 : Techniquement, la nouvelle référence

Toujours cet effet Wahou…

Testé sur Xbox One X, le jeu est graphiquement à couper le souffle. Toujours fluide, le jeu est un hommage absolu à la saga. Tirés des films, la bande son et effets sonores sont bien sûr au top. Mentions spéciales au travail réalisé pour les map Hoth et Tatooine. Dans cette dernière, se battre dans une cantina à coups de blaster fera toujours son petit effet. On en viendrait presque à sentir le sable s’incruster dans ses bottes de stormtroopers…

Techniquement, Star Wars Battlefront 2 est le plus beau jeu de l’année, et ce sans que les temps de chargements soient exagérément longs. La version française est bonne même si on peut regretter l’absence des doubleurs originaux de certains personnages iconiques.

Aucun crash constaté en 20 heures de jeu… mais par contre, il arrive des retours au menu entre parties multijoueurs suite à des pertes de connexions.

Test de Star Wars Battlefront 2 : Conclusion

La fête est gâchée. Techniquement, le jeu est un hommage superbe, respectueux et total à la saga Star Wars.  Le mode solo est court et assez prévisible, mais se laisse parcourir très agréablement et offre même quelques moments de bravoure mémorables. Cest surtout le déséquilibre du multi-joueurs et l’extrême lenteur de la progression qui plombent inexorablement Star Wars Battlefront 2. Perso, si je veux une expérience multi convaincante et spectaculaire, je repasse sur Battlefield 1. Pour une expérience Star Wars, je m’orienterai vers Knights of the Old Republic, tout juste rétro-compatible sur Xbox One. Au moins, je m’y amuse et surtout progresse assez vite.