Marre de l’heroïc fantasy ou des mondes post-apocalyptiques mais férus de RPG ? Alors Kingdom Come Deliverance (KCD) offre a priori une alternative alléchante. Imaginez, pas de magie, pas d’elfe (pas un mal), ni de nain (sniff) mais juste le quotidien du XVème Siècle, en Europe Centrale. Après seulement une vingtaine d’heures de jeu, je vous dis pourquoi il est beaucoup trop tôt pour succomber à un KCD qui ne manque pourtant pas d’atouts.
Note du rédacteur : Il s’agit d’un test qui sera amené à être mis à jour. En tout cas si le studio WarHorse patche son jeu et parvient à gommer les erreurs et autres aberrations décrites dans le test de Kingdom Come : Deliverance.
Test de Kingdom Come Deliverance : Un background réussi
Kingdom Come Deliverance offre un cadre bucolique.
Spoilers sur les 5-6 premières heures de jeu.
L’action du jeu se déroule au XVème siècle, en Bohème. Une lutte de pouvoir éclate et aboutit au massacre du village du personnage principal, Henry. Ce fils de forgeron, impuissant témoin du meurtre de ses parents, parvient à s’enfuir in extremis. Pour avoir réussi à prévenir la cité voisine, où s’était également refugié son seigneur, Henry sera enrôlé dans la milice locale puis en tant que page d’un nobliau. Une ascension surprenante et fulgurante pour un simple fils de forgeron… Le prologue, ici décrit en quatre ligne se traduit en 5 ou 6 heures de jeu un peu longuettes. Outre le fait d’introduire l’univers et l’histoire, il est surtout prétexte à un tutoriel, qui ne parvient pas à tout expliquer. Et pour cause, Kingdom Come Delivrance fourmille de features, de détails, de paramètres à prendre en compte. Passionnant et déstabilisant.
Test de Kingdom Come Deliverance : Pécore Simulator 2018.
Kingdom Come Deliverance – ne surtout pas trop s’approcher des textures !
Fin du spoiler
Kingdom Come Delivrance est une plongée réaliste en FPS dans un moyen-âge assez peu traité dans le jeu vidéo. Et ce, avec une rigueur quasi documentaire grâce à une encyclopédie qui est à tout moment disponible dans le jeu. Le joueur incarne Henry. Ce personnage est prédéfini. Impossible de changer son visage ni son nom. Pas dérangeant, et cela permet aux pnj de citer son nom dans les dialogues…
Dans ce monde rustre et barbare, la principale préoccupation de tous les protagonistes est la survie. Cela se traduit également en termes de gameplay avec la nécessité pour Henry de se nourrir, de dormir… et même de se laver ! En effet, cette dernière composante entre en jeu dans les très nombreuses phases de dialogue. Si Henry est couvert de boue quand il essaie d’amadouer un noble, le joueur aura un malus de persuasion… Kingdom Come Delivrance est extrêmement profond et fourmille de ce genre de détails. Un autre exemple est la gestion des blessures : une blessure au bras droit empêchera Henry de manier on épée correctement mais pas de tenir son bouclier.
Bon, Kingdom Come Delivrance est un jeu vidéo, donc un simple bandage et/ou bonne nuit de sommeil résorbera tout de même la majorité des affections. De même, on croise souvent des marmites pleines de soupe de lentilles, à toutes heures du jour, et même parfois dans des campements abandonnés… En ce sens, ce n’est pas un jeu de survie dans un univers médiéval.
Test de Kingdom Come Deliverance : c’est en forgeant…
Kingdom Come Deliverance – Henry, en pleine persuasion.
Au début de l’aventure, Henry n’est ni une force de la nature, ni agile et encore moins versé dans l’art de la guerre. C’est dans les premières heures de jeux qu’il parviendra à manier épée, bouclier, arc etc… Le tout dans un système de progression à la Skyrim : c’est en maniant l’épée qu’Henry deviendra plus fort. C’est en courant qu’il gagnera en endurance. C’est en essayant de marchander qu’il gagnera en persuasion. Malin, et bizarrement pas si courant que ça.
Le système de persuasion est très bien conçu. Dans les dialogues, Henry pourra faire appel à trois de ses caractéristiques pour convaincre son interlocuteur. L’éloquence (l’intelligence), le charisme (le charme) ou la force. Henry est couvert de boue ? Malus sur les 2 premiers choix mais cela le rendra plus intimidant et obtiendra un bonus de force… Encore faut-il que la personne en face soit sensible aux paroles abruptes. Pas sûr que cela fonctionne sur les chevaliers errants… En lui-même, ce système de dialogue est assez plaisant à utiliser. Et surtout il permet de compléter de nombreuses quêtes ou de se sortir de situations périlleuses sans faire appel aux armes !
Test de Kingdom Come Deliverance : le combat pour l’honneur
Kingdom Come Deliverance – le combat, ici avec un villageois.
Pour les combats, Kingdom Come Delivrance rappelle un peu For Honor. Porter un coup nécessite d’orienter le stick droit dans une direction puis d’appuyer sur la gâchette droite. Henry peur parer les coups adverses, mais cela fera baisser son endurance. Arrivée à 0, Henry sera totalement vulnérable à son adversaire… Mais avec un bon timing, il peut également faire un contre parfait qui lui donnera un avantage pour asséner un coup. En 1 contre 1, les combats sont techniques et difficiles. Contre un groupe, ils sont difficilement gérables. La faute à un verrouillage de la cible assez capricieux.
Au début, Henry n’a strictement aucun talent au tir à l’arc. Nul. Zéro. Pathétique. Sa flèche tombe piteusement au bout de quelques mètres. En sachant également qu’au niveau du HUD, il n’y a pas de viseur. Mais au bout de quelques heures, avec un peu de pratique, on snipe un lapin et on est fier (en tout cas moi, j’ai poussé un cri de joie quand j’en ai shooté un à 5 mètres, du premier coup).
Kingdom Come Deliverance – , Henry, le chevalier oignon, peut porter un nombre incroyable de couches de fringues.
Niveaux armures, Henry peut se carapaçonner comme jel’ai rarement vu dans un jeu. De très nombreuses pièces de tissu, de cuir, de maille et de métal peuvent être appliquées au héros. Là encore, il s’agit de trouver le bon équilibre. Trop de métal porté et l’inventaire d’Henry sera vite rempli. De même, il sera très bruyant et exit la furtivité. Mais si cela peut lui sauver la vie…
Test de Kingdom Come Deliverance : trop bon, trop…
Kingdom Come Deliverance – Le crochetage, ou comment rater lamentablement où tant d’autres jeux ont réussi.
Oubliez la vie de bandit. Kingdom Come Delivrance le permet pourtant mais c’est tellement mal foutu que l’honnêteté est préférable. Le système de crochetage est INFECT. Je ne sais pas comment en 2018 on peut foirer à ce point une fonctionnalité tant de fois vues dans d’autres productions. Fallout, Skyrim, pour ne citer qu’eux proposent un système qui fonctionne et qui ne lasse pas. Perso dans ces jeux, je crochète TOUT. Un vrai maniaque. Là, je ne comprends tout simplement pas comment ce crochetage foireux a pu être :
1. Pensé en amont
2. Conçu en production
3. Validé par le Service Qualité
4. Revalidé en phase beta test.
Personne ne s’est dit : « tiens, c’est nul » ? Dommage, car il a fallu 30 secondes pour que le joueur lambda s’en rendre compte. La preuve ? WarHorse a annoncé une refonte du crochetage à venir… sans déconner.
Pour tout dire, j’ai regardé des « Tutos » ici et là sur internet. Le plus marrant (et triste) est qu’en général la personne explique le principe mais foire sa démonstration. Le crochetage nécessite de trouver un point faible en maintenant le stick droit dans une position donnée. Une fois trouvée, il faut tourner les 2 sticks en même temps dans le sens des aiguilles d’une montre. Infaisable, même sur les serrures classées en « très facile ». Et bien sûr, les crochets se brisent très vite…
Bon, le vol à la tire est disponible également, mais je n’ai pas eu la force de me lancer… j’attendrai tout d’abord une mise à jour pour pouvoir crocheter et voler jusqu’à plus soif.
Test de Kingdom Come Deliverance : La sauvegarde manuelle ? C’est pour les noobs…
Kingdom Come Deliverance – à chaque époque son Negan.
Encore quelque chose de super mal foutu et extrêmement frustrant dans Kingdom Come Delivrance. Sauvegarder manuellement nécessite de boire une boisson alcoolisée disponible en nombre limité. Et qui occasionne un état d’ébriété incompatible avec le combat… Donc perso, je ne l’utilise pas. Il faut alors compter sur les sauvegardes automatiques. Les trop rares sauvegardes automatiques. Elles surviennent quand on prend une nouvelle quête ou parfois en fin de missions… On en vient même à choper des missions, juste pour sauvegarder sa partie.
Il est ainsi assez courant de jouer 1 heure et de devoir tout se retaper car la mission est buguée (cela arrive souvent) ou suite à un combat perdu. Pénible. Mais même juste se retaper 4 ou 5 fois le même chemin de quelques minutes à cheval pour défourailler 2 bandits costauds a quelques chose de lassant. Oui, WarHorse, perso, je trouve ça « lassant », et je reste poli. Si WarHorse veut faire un mode Hardcore, et bien grand bien lui fasse. Mais qu’ils mettent à disposition une mode normal pour les 90% de gens qui veulent juste profiter de histoire, du contexte… bref s’amuser.
Test de Kingdom Come Deliverance : Le cheval, c’est trop génial
Kingdom Come Deliverance – ce n’est que la moitié de la carte !
Henry peut monter à cheval pour parcourir de longues distances, bien sûr, mais aussi pour stocker de nombreux objets dans ses sacoches. Pratique et indispensable au regard de l’immensité de la carte de Kingdom Come Delivrance. Comme dans The Witcher 3 ou Assassin’s Creed Origins, le cheval suivra les routes. Un système de voyage rapide est également disponible vers les lieux déjà découverts.
Coté graphique, le jeu est joli de loin… jusqu’à ce que l’on se rapproche des textures. Pas de baisse de frame rate constatée sur Xbox One X, ni de crash. Les visages sont corrects, sans plus. Par contre, la synchronisation labiale lors des dialogues est parfois étrange. Les musiques, élégantes, collent parfaitement à l’ambiance générale. Enfin, un bel effort a été réalisé avec la localisation totale du jeu en français. Tous les dialogues sont doublés (et bien d’ailleurs) dans la langue de Molière.
Par contre, le troisième énorme point noir (après le crochetage et les sauvegardes) est le nombre élevé de bugs en cours de missions. Des cinématiques qui ne se lancent pas, des scripts bloqués, des pnj qui font n’importe quoi… Ces bugs couplés au système de sauvegarde débile rendent la progression dans le jeu hasardeuse et pénible. Perso, je suis bloqué dans une mission principale par un temps de chargement infini après un dialogue. Youpi. Donc impossible de rendre compte de la durée de vie du soft.
Conclusion
Kingdom Come: Deliverance n’était pas prêt à sortir. En l’état, je ne peux pas conseiller ce jeu qui ne manque pourtant pas de charme. L’ambiance médiévale est convaincante, les dialogues sont très bien écrits et les combats en 1v1 sont plaisants et difficiles. Mais WarHorse va devoir déployer de gros efforts pour débuguer son jeu, pour revoir son système de sauvegarde et de crochetage. En effet, je peux me résoudre à vivre « honnêtement » cette aventure, donc sans commettre de larcin… mais galérer entre les bugs et le système de sauvegarde d’un autre temps : NON.
Perso je l’ai pris sur PC, alors effectivement en l’état actuel le jeu n’est pas vraiment recommandable car il y a beaucoup de bugs (notamment sur la fin du jeu avec la quête principal de ce que j’ai pu lire à droite à gauche) et des soucis de performances (je sais pas si il est bien optimisé sur consoles mais pour les PCistes il met à genoux même de grosses config’). Warhorse a vite réagit et a annoncé un patch à venir d’ici la semaine prochaine il me semble, à voir si il y aura un gros travail effectué de ce côté là mais au moins ils sont réactifs.
Et pourtant malgré tout cela, je prends mon pied. J’ai du mal à décrocher à chaque fois que je le lance, c’est vraiment immersif. Je n’en suis qu’à une dizaine d’heures de jeu pour le moment mais de ce que j’ai vu le jeu a un potentiel indéniable. L’aspect médiéval est top, c’est ultra documenté et les dialogues et cutscene bénéficient d’une attention particulière, c’est limite cinématographique (on en attendait pas moins du type à l’origine de Mafia 1 et 2).
Et qui dit RPG en monde ouvert dit liberté de choix, d’action. On commence tout au bas de l’échelle en incarnant un gueux qui cherche à se venger et aura l’opportunité de gravir l’échelle sociale. Il y a moultes spécialisations (on peut apprendre à… lire ^^) ainsi que différentes manières d’aborder chaque quête et donc d’avoir un comportement « role play » ou non.
Pour l’absence de sauvegarde à volonté, ça ne me dérange pas outre mesure pour l’instant mais je peux comprendre que ça saoul surtout si on veut se lancer une petite session d’une heure ou deux. J’ai d’ailleurs cru comprendre que si l’on choisissait de se spécialiser en Alchimie il y a moyen par la suite de crafter le Schnaps qui sert à sauvegarder. ^^ Mais je pense que ça va être aussi quelque chose qui sera modifié avec le crochetage qui est effectivement horrible à la manette (je joue au pad xbox), obligé de le faire au souris/clavier ça ne passait pas sinon.
Bref, je trouvais la note salée et tenait à réagir. 😉 Je suis d’accord que le jeu aurait clairement mérité 2/3 mois de plus en phase de beta test, y a quand même certains trucs qui ne pardonnent pas pour un titre qui veut boxer dans la cour des AAA.
Quelle déception…
Je l’attendais pas mal celui là, mais si la progression est hasardeuse et que sauvegarder est une plaie, c’est tout simplement incompatible avec ma façon de jouer aux jeux vidéo en ce moment.